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Mali Post-attentat: pas de péril en la demeure
Publié le mercredi 2 decembre 2015  |  Info Matin
Primature:
© aBamako.com par mouhamar
Primature: La passation de pouvoirs entre le PM sortant Moussa Mara et le PM entrant, Modibo Keita
Bamako, le 09 janvier 2015. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Moussa Mara et le Premier ministre entrant, Modibo Keita a eu lieu ce vendredi à la Primature.  




Contrairement aux prédictions d’apocalypse d’oiseaux de mauvais augure, après l’attentat perpétré à l’hôtel Radisson Blu ; de nombreux indicateurs indiquent qu’il n’y a pas péril en la demeure dans des domaines aussi stratégiques comme le commerce, l’industrie ou même le tourisme qui n’accuse pas son premier choc exogène et endogène.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 contre les Tours jumelles, aux États Unis, le monde s’est fait à l’idée cette déclaration d’un éminent spécialiste en matière de sécurité : « personne n’est à l’abri de ces barbares nulle part dans le monde ». Ce pays, première puissance militaire, très tatillon sur les questions de terrorisme depuis de nombreuses années, n’a pas réussi à empêcher cet attentat dont le bilan reste l’un des plus effroyables de l’histoire récente.

Une violence aveugle
D’autres grandes puissances ont fait les frais de ces barbares d’un autre âge excellant dans le travestissement de l’idéologie et de la doctrine musulmane. Il y a eu les attentats de Madrid du 11 mars 2004, ceux de Londres du 7 juillet 2005, du Liban, de la Tunisie (celui du musée du Bardo, qui a fait 22 morts au mois de mars, et celle de Sousse, qui a fait 38 morts en juin, et celui du 24 novembre dernier… La liste n’est pas exhaustive en raison de la non-médiatisation de bien d’autres attaques terroristes au quotidien.
Les derniers attentats en date, et non des moins spectaculaires, sont ceux de la France qui ont coûté la vie à 129 personnes d’une vingtaine de nationalités et de nombreux blessés.
Peut-on raisonnablement soutenir qu’il faut arrêter toute relation économique et commerciale avec ces pays au motif qu’ils ont été victimes d’actes terroristes ? Ce serait une aberration. Dès lors, la sagesse élémentaire enseigne de s’adapter au nouvel environnement sécuritaire pour poursuivre les activités traditionnelles.
Le Mali ne peut qu’être logiquement logé à la même enseigne que les autres pays qui ont connu des attentats, comme lui, et qui restent tout autant présents sur la scène commerciale internationale.
Dans cette veine, les indicateurs sont au vert, au plan national, au regard des dernières évolutions faites de valse d’opérateurs étrangers dans notre pays. Ainsi, de l’ordre de 45 millions de dollars, actuellement, le Mali et la Turquie, conformément à la volonté des chefs d’État respectifs, ambitionnent de porter le volume des échanges économiques et commerciaux à 500 millions de dollars. Le business forum qui s’est tenu dans la capitale, du 10 au 13 de ce mois, participait de l’atteinte de cet objectif.

Un objectif de 500 millions de dollars avec la Turquie
Pour cet événement, une importante mission d’hommes d’affaires turcs a effectué le déplacement. Ils interviennent dans les secteurs de l’énergie, le textile, les portes métalliques, l’alimentation, la rénovation des toits métalliques qui permet une économie d’énergie de l’ordre de 40%, l’industrie, les moteurs, les pesticides agricoles, les vidéos de surveillance et l’éclairage.
L’occasion était bonne pour le ministre du Commerce et de l’industrie, Abdel Karim KONATE, d’évoquer des avancées enregistrées dans les relations entre nos deux pays : l’ouverture des ambassades de nos deux pays ; la visite d’État du Président IBK en Turquie ; la desserte de notre pays par la compagnie TurkishAirline. À cela il a ajouté la forte volonté exprimée par nos deux Présidents de faire passer le volume des échanges à 500 millions de dollars. Pour cela, deux missions plurisectorielles se sont rendues à Ankara.
Pour le ministre, la présente mission renforcera les relations économiques et commerciales et donnera des opportunités d’investissements privés dans notre pays.

Regain d’intérêt marocain pour les BTP
Au cours du même mois de novembre dernier, des hommes d’affaires marocains étaient également dans nos murs dans le cadre de la 2e édition de ‘’African Business Connect’’ qui est un concept visant à promouvoir un partenariat économique et commercial gagnant-gagnant entre nos deux pays dont le développement est prioritaire.
Du côté marocain, 23 hommes d’affaires évoluant dans les secteurs des BTP et des industries métalliques, métallurgiques et énergétiques (IMME) ont effectué le déplacement de Bamako.
Au plan national, l’on a signalé la participation de 400 opérateurs à cet important forum d’échanges sur les opportunités d’affaires dans notre pays et, éventuellement, au Maroc.
Intervenant à l’ouverture de ce ‘’African Business Connect’’, le DG de la Banque Of Africa Mali, Bouchaib FACHAR, a fait savoir que les BTP représentent un réel secteur d’investissements. Il n’a pas non plus occulté le Projet d’aménagement des berges du fleuve Niger, ainsi que celui de la construction d’un 2e pont à Kayes et d’un 4 pont à Bamako qui intéresse particulièrement les deux secteurs présents dans la capitale. Les centres d’intérêt sont clairement définis et il revient à notre pays de présenter les meilleures conditions d’investissement.
Il faut aussi rappeler qu’un Accord de partenariat a été signé entre notre pays et le Maroc, suivant lequel la CCIM, d’une part, et Maroc Export (ME) et l’OFEC, d’autre part, ont signé un Plan d’action triennal 2014-2016 dont l’objectif est le renforcement des échanges commerciaux entre nos deux pays et le développement d’un partenariat gagnant-gagnant basé sur les complémentarités entre les entreprises maliennes et leurs homologues marocaines.

Un champ en friche
Le ministre du Commerce et de l’industrie a saisi l’occasion de la 2e édition de ‘’African Business Connect’’ pour attirer l’attention des partenaires marocains sur le fait que les investissements dans les BTP, dans notre pays, ne concernent pas seulement les logements sociaux, mais aussi les équipements marchands où il y un immense besoin. Il a aussi posé le problème du déficit énergétique, même si paradoxalement le pays à des fleuves, le soleil. Et d’inviter à investir dans ce secteur.
Le ministre a aussi invité à initier des projets dans le domaine des industries. Il a mis l’accent sur le développement de l’agro-industrie en raison d’un réel potentiel existant. Avec une superficie aménageable de plus d’un million d’hectares à l’Office du Niger, le ministre trouve inconcevable que le pays importe du riz. Il a fait savoir qu’il existe des superficies aménageables pour la culture de la canne à sucre.
Le ministre KONATE a plaidé pour la transformation locale du coton, quitte à faire de la fileterie dans un premier temps.
Pour inciter davantage ses hôtes, il a annoncé que le Mali a produit cette année environ 600 000 tonnes de coton dont la transformation locale peut créer des milliers d’emplois.
Parmi les assurances données par le ministre du Commerce et de l’industrie, il y a le Code des investissements qui est l’un des meilleurs ; la possibilité de faire ressortir les bénéfices ; le retour effectif de la paix sans laquelle il n’y a pas de développement.

Un tourisme porteur
Relativement au tourisme, il s’agit d’un secteur de l’économie qui prend une ampleur ces dernières années. Le nombre de visiteurs est passé de 98 000 en 2002 à 250 000 en 2007. Les recettes provenant du secteur touristique sont passées de 64,648 milliards de FCFA en 2001 à 110 milliards de FCFA en 2007 au Mali, selon l’Office du tourisme et de l’hôtellerie (OMATHO), à Bamako
L’éclatement de la rébellion, le coup d’État de 2012, l’invasion des régions du Nord par des hordes de djihadistes et la grave crise institutionnelle et sécuritaire qui s’en est suivie ont donné un coup de frein au secteur touristique. Les touristes craignant de plus en plus pour leur sécurité ne se bousculaient plus aux portillons de leurs destinations de prédilection, à savoir le pays Dogon, Djéné, Tombouctou. La conséquence a été retentissante à plusieurs niveaux.
La population qui tirait largement profit de cette activité, à travers la vente de divers objets qui servent de souvenir, la restauration se sont inexorablement retrouvées sur la paille. Encore plus directement concernés par la crise, c’étaient les guides touristiques qui voyaient les journées se succéder sans voir l’ombre d’un touriste, compromettant ainsi leur quotidien. Quant aux hôtels dont beaucoup ont fait des efforts de mise à niveau des normes, elles ont pour l’essentiel mis la clé sous le paillasson avec des compressions de travailleurs, dans l’attente de lendemains meilleurs.
Les chiffres fournis à l’époque par l’Office malien du tourisme étaient éloquents : l’investissement dans le secteur de l’hôtellerie a chuté de moitié en un an, passant de 12 milliards (24 millions USD) en 2011 à près de 6 milliards (12 millions USD) en 2012. Les arrivées et les nuitées ont baissé de 76% pendant cette période de crise institutionnelle et sécuritaire.
Pourtant, à partir de 2013, notre pays a amorcé son retour sur la scène artisanale et culturelle. C’est ainsi qu’au titre de la promotion de l’Artisanat, le Mali a participé à des foires et salons comme, entre autres: la Fête de l’Artisanat et du Tourisme du Mali à Villetaneuse, en Octobre 2013 ; le Salon International de l’Artisanat Traditionnel d’Alger (SIATA), en novembre 2013; la Semaine de l’Artisanat du Mali à Montreuil, en décembre 2013 ; le Festival Daoulaba, « Rencontre autour du coton », en décembre 2013 ; la Foire Internationale du festival sur le Niger à Ségou, en février 2014 ; le Salon de l’Artisanat Textile de Bamako (SATABA), en mars 2014 ; le Marché Ivoirien de l’Artisanat (MIVA) à Abidjan, en avril 2014 avec deux prix : celui de la créativité et du stand ; la Fête de l’Artisanat et du Tourisme du Mali en Essonne, en mai 2014 ; le Festival International de Sélingué en avril 2014 et la Semaine Sénégalo-Malienne de l’Habillement, à Bamako, en mai 2014.
Plus récemment, après trois années d’interruption dues aux graves évènements que le Mali a connus, les Rencontres de Bamako, Biennale Africaine de la photographie, étaient de retour pour saisir l’instant de la paix. En effet, le Gouvernement du Mali, s’inscrivant résolument dans la dynamique de la recherche d’une paix durable, entrevoit cet évènement majeur de la photographie comme l’image même de la relance.
En définitive, il est vrai qu’un attentat sur un territoire n’est jamais une bonne publicité, en matière d’affaires, il n’en demeure pas moins que celui du Radisson, et même avant, celui de la Terrasse, ne feront pas du Mali persona non grata.

Par Bertin DAKOUO
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