Le Mali fait face, depuis quelques mois, à de sérieux problèmes de liquidité qui sont en passe de devenir structurels. Toutes les banques, y compris la Banque centrale tentent de trouver des solutions. Mais pour réussir ce challenge, le pays a besoin de visibilité à long terme pour voir le bout du tunnel.
L’économie nationale fait face à de sérieux problèmes. Celui relatif à la sous-liquidité bancaire qui affaiblit les capacités d’investissement des entreprises en est une expression, et non des moindres.
Selon des sources proches de la banque centrale nationale, le déficit de liquidité bancaire s’est encore creusé au cours du dernier trimestre, par rapport au précédent. Pourtant les observateurs avisés avaient prévenu des risques de creusement du déficit de liquidité, sous l’effet principalement de la baisse des réserves de change: mauvaise gestion des recettes en devises des revenus de l’or. La situation a de quoi alarmer les financiers et les acteurs économiques. Première conséquence et non des moindres : le problème d’accès au financement bancaire par les entreprises et les ménages.
Les causes ?
Certains économistes pointent du doigt la dégradation des comptes extérieurs (balance commerciale, revenu des IDE et de l’agriculture) et le recul des dépôts par rapport aux crédits. Ce serait la principale cause de détérioration du niveau de liquidité.
Au cours du mois de mai, elle affichait une aggravation de son déficit de 10%. Or, il existe un lien dialectique entre la disponibilité de liquidité au niveau national et le niveau d’équilibre de la balance des paiements du fait que le financement d’importations massives amenuise les réserves en devises de la banque centrale nationale , ce qui implique naturellement une pénurie de liquidité au niveau local.
De plus, les exportations qui procurent au pays des devises et donc de la liquidité, ont aussi affiché une contraction de 25% au cours du premier semestre 2015 en raison du plongeon des cours sur le marché des matières premières. A cela s’ajoute la baisse des IDE. Depuis le début de l’année, l’équipe économique n’obtient que des dons.
Tout ceci s’est traduit par la décélération du taux de crédit bancaire. L’ensemble des composantes du crédit bancaire a connu un ralentissement. Ainsi, le taux d’accroissement des prêts à l’immobilier a décéléré de 12%. Les crédits à l’équipement se sont contractés de 5%. Il en est de même des facilités de trésorerie qui ont vu leurs rythmes d’augmentation s’atténuer. Ces baisses des crédits bancaires ont des effets néfastes sur le rythme de croissance. De plus, il est communément admis que le manque de liquidité a considérablement accru la frilosité des banques primaires.
Ce qui les conduit à chercher des placements moins risqués dans une conjoncture économique incertaine où des entreprises affichent une certaine fébrilité. Dans ce contexte, les bons du Trésor réputés pour leur sécurité se sont adjugé les faveurs des banques.
Les levées hebdomadaires du Trésor sur le marché domestique confortent d’ailleurs d’une certaine manière cette attitude. L’autre effet pervers de cette situation est le renchérissement du coût de crédit provoqué par l’accroissement de la demande sur le marché.
Au final, remédier aux problèmes de liquidité bancaire implique préalablement de s’attaquer aux questions de fond concernant les déficits structurels des comptes extérieurs et du budget de l’Etat. Les banques, elles, doivent davantage activer certains leviers comme le recours à l’emprunt international, la diversification des sources de financement et enfin l’optimisation de l’utilisation de leurs ressources.
Paul N’GUESSAN