A l’invitation des victimes de la démolition des maisons à Souleymanebougou par le ministère en chargé des Affaires foncières, les députés de la Commission travaux publics de l’Assemblée nationale se sont rendus sur les lieux. C’était le mardi 1er décembre 2015.
En effet, au mois de juillet 2015, le ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières a ordonné la démolition de 201 maisons dont une cinquantaine a été démolie. Au motif que les propriétaires desdites maisons avaient illégalement occupé un site de l’ACI. Jugeant cet acte arbitraire, les victimes ont démarché plusieurs structures étatiques à savoir : la Primature, la Médiature et l’Assemblée nationale. Après avoir été respectivement reçus par les deux dernières, les députés avaient promis de se rendre sur le terrain pour constater les faits. C’est dans cette logique que la Commission des travaux publics, du domaine, de l’habitat et des transports, conduite par son président, Yiri Keïta, a effectué la présente visite.
La délégation, convaincue qu’il vaut mieux voir une fois que d’entendre 1000 fois, était visiblement abattue face à l’ampleur des dégâts. Toutefois, elle a écouté les victimes qui estiment que ce site n’est pas une propriété de l’ACI. Et que les parcelles leur ont été attribuées par le Préfet de Kati à l’époque, Ibrahim Sylla. «Nous savons que le site n’appartient pas à l’ACI, car le goudron nous sépare de son site viabilisé et électrifié. En plus, ses bornes de délimitation ne touchent pas à notre secteur. Admettons même que le site lui appartienne. Puisque nous avons déjà fait des réalisations, nous lui avons demandé, sans succès, de nous vendre ces parcelles aux prix qui lui conviennent pour éviter ce désastre», déclarent les responsables du collectif des victimes.
Aux termes de leur visite, le président de la commission, Yiri Keïta, déclarera que l’objet de sa visite n’est pas d’accuser x ou de donner raison à Y, mais de constater les faits avant de rendre compte au bureau de l’Assemblée nationale qui décidera de la démarche à entreprendre pour un dénouement heureux de la situation. D’ici là, il a invité les uns et les autres au calme. Car, les maisons sont déjà démolies et le projet a été arrêté. Pour lui, il s’agit maintenant de voir dans la mesure du possible ce qui doit être fait pour trouver une solution. Toutefois, Yiri Keïta fera savoir que dans un pays comme le nôtre, la chance n’est pas donnée à tout le monde de construire. «Ça fait mal à tout bon citoyen de voir démolir des maisons construites au bout de nombreuses années. Mais, on n’accuse personne pour le moment et une suite sera donnée à cette affaire au moment opportun», indiquera-t-il.
Pour le président du Collectif des victimes, Adama Diakité, cette démolition est intervenue dans l’illégalité. Car, dit-il, «nous n’avons reçu aucune sommation, encore moins des huissiers pour nous informer de quoi que ce soit. Seulement, le 23 juillet dernier, nous avons eu la visite des forces de l’ordre et des agents du ministère de tutelle avec des bulldozers pour casser nos maisons». Trois mois après l’acte, précise-t-il, le collectif a été reçu par l’Assemblée nationale qui vient de visiter le site. Pour lui, la cinquantaine de maisons démolies sur un projet de 201 maisons ont tous des documents administratifs à savoir : des lettres, des permis de construire, entre autres, mais pas de titre foncier.
Après cette visite des députés, les victimes gardent espoir pour un dénouement heureux de la situation.
Oumar KONATE