En partenariat avec la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, le Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali (CERM) a organisé, le mardi 1er décembre 2015 dans l’Amphithéâtre N°2 de la FSEG, une Conférence- débat sur l’avenir du Franc CFA.
Le conférencier principal était l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, assisté du Pr Bani Touré, modérateur des échanges. Moussa Mara a commencé par une présentation du CERM, présidé par le ministre Ousmane Sy, dont lui-même est membre, et du partenariat avec la FSEG.
«Notre Centre s’appelle Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali. Son objectif est de contribuer au débat public sur des questions d’intérêt national et de renforcer les capacités des productions intellectuelles.
Il faut faire en sorte que, très rapidement, nous puissions réfléchir et trouver des solutions à nos problèmes par nous-même » a-t-il dit. Le conférencier a aussi indiqué que notre pays était raconté par des étrangers, qui se comportent comme des spécialistes du Mali, surtout lors des évènements malheureux, comme l’attaque de l’hôtel Radisson Blu.
«Il faut que nous faisions en sorte qu’il y ait des Maliens spécialistes du Mali, comme cela existe dans tous les pays. Cela n’est pas possible s’il n’y a pas de production intellectuelle, s’il n’y a pas de diffusion de la production intellectuelle, s’il n’y a pas de partage de la production intellectuelle entre les citoyens maliens. Il faut que nous multiplions les occasions de ce type, les conférences, les colloques, les rencontres où le débat intellectuel sera au cœur de l’activité publique» a-il-déclaré.
Entrant dans le vif du sujet, le conférencier a présenté son exposé. Tout d’abord, l’historique du Franc CFA et la gestion du dispositif actuel; ensuite ses avantages et ses faiblesses, les perspectives de cette monnaie et les suggestions.
D’emblée, il a souligné que la monnaie étant une variable majeure de la politique économique, l’histoire particulière de celle-ci fait qu’elle est devenue au fil du temps un sujet polémique, un sujet d’émotion dans notre pays. Les gens sont soit foncièrement pour, soit foncièrement contre, sans en avoir d’arguments.
L’ancien Premier ministre a passé en revue toutes ces questions pendant une heure, soulignant que beaucoup d’auteurs ont écrit sur ce thème, dont un grand nombre parmi eux de critiques, notamment un économiste togolais qui a écrit que le FCFA est une monnaie urbaine qui n’arrangeait pas les ruraux.
Pour sa part, il a soutenu que le FCFA avait ses avantages et ses faiblesses, mais que le plus important était de corriger ses insuffisances en attendant la création d’une monnaie de la CEDEAO, prévue, selon le calendrier communautaire, à l’horizon 2020. Pour que cela soit une réalité, il a invité les chefs d’Etats de la communauté à abandonner un peu de leur souveraineté, en évitant de repousser l’échéance.
Avant de terminer son exposé, Moussa Mara a affirmé que les pays de l’UEMOA devaient investir leurs réserves de 3 900 milliards de FCFA, gardées par le Trésor public français, dans de grands projets chez eux.
Le débat a été enrichi par les questions et contributions de personnalités comme le Représentant de la Banque mondiale, le Vice-recteur de la FSEG, l’économiste Etienne Fakaba Sissoko et certains étudiants.
Mohamed Naman Keita