A l’initiative de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle, le camp présidentiel et l’opposition républicaine et démocratique se sont rencontrés hier au Centre international de conférence de Bamako (Cicb). Au centre de leur rencontre, la sécurité, la paix et la gouvernance. Mais le débat sur ces questions d’intérêt national a été un rendez-vous manqué du simple fait que la majorité présidentielle a fuit le débat. Néanmoins, un cadre de concertation composé de douze membres de chaque coté a été mis en place. La prochaine rencontre entre majorité et opposition a été fixée au 12 décembre 2015. La rencontre a été jugée utile par les uns et les autres pour renouer la confiance réciproque.
Arrivée au pouvoir il y a plus de deux ans, la majorité présidentielle a enfin décidé de rencontrer l’opposition pour discuter des questions essentielles du pays. Le pouvoir a-t-il compris que l’opposition n’est pas l’ennemie du pays mais une composante avec laquelle, il faut compter pour sortir le pays du gouffre.
La délégation de la majorité était conduite par Boulkassoum Haïdara du Rpm et celle de l’opposition par Tiébilé Dramé du Parena. Outre les deux présidents, on notait la présence de Mamadou Kassa Traoré, Younouss Hamey Dicko, Tiémoko Sangaré, Boubacar Touré, Nancoma Keïta, Timoré Tioulenta, Ismaël Sako tous de la majorité présidentielle et Amadou Koïta, Salikou Sanogo, Iba N’Diaye, Souleymane Koné, Daba Diawara, Djibril Tangara, Sadou Diallo de l’opposition.
« J’ai fortement sollicité cette rencontre avec beaucoup d’insistance auprès des présidents Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé, il y a au moins deux mois parce que le pays traverse une crise assez grave et je souhaiterai que la classe politique place cette rencontre sous le signe de ‘’sauvons le Mali d’abord’’. Cette rencontre est une prise de contact pour voir ensemble si on peut planter un arbre qui aura un tronc qui est le Mali avec une racine qui est le peuple malien et des ramifications qui sont nos partis politiques. Il faut voir qu’est ce de commun accord, la classe politique peut-elle défendre ? C’est le but essentiel de cette rencontre ». C’est par ces mots que le président de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle a commencé sa déclaration. Avant de faire observer une minute de silence en la mémoire des disparus suite à l’attentat terroriste perpétré à l’hôtel Radisson le 20 novembre dernier. Selon lui, il est essentiel d’enlever le débat dans la rue et d’échanger sur la vie de la nation.
Pour sa part, le président Tiébilé Dramé du Parena qui conduisait l’opposition a remercié la majorité d’avoir initié cette rencontre. « Nous sommes venus à cette toute première rencontre dans les meilleures dispositions pour discuter du Mali. Nos critiques à l’Assemblée nationale et hors de l’Assemblée nationale visent à sauver le pays, en amenant la majorité et le gouvernement à rectifier le tir. Vous souhaiter que nous parlions de la situation sécuritaire et la consolidation de la paix, nous avons suggéré un troisième point qui concerne la gouvernance politique, sociale et économique du pays parce que c’est la gouvernance qui détermine tout le reste », a souligné Tiébilé Dramé.
Venue en rang serré, visiblement l’opposition était prête pour le débat pour preuve, Tiébilé Dramé a brandi un document comme étant celle de l’opposition sur les questions de sécurité, de paix et de la gouvernance. Aux dires de Tiébilé Dramé, l’opposition est favorable pour sauver le pays mais, poursuit-il, pour pouvoir sauver quelques chose, il est impératif de faire le diagnostic de la situation. « Nous nous sommes préparés pour diagnostiquer afin de faire des propositions. Nous avons une conscience claire pour le bien de ce pays », a-t-il dit. Selon Tiébilé Dramé, l’opposition est prête pour discuter et faire en sorte que le pays puisse se stabiliser.
Du côté de la majorité, c’est l’impréparation qui a prévalu. En conséquence, elle a fui le débat. Selon Boulkassoum Haïdara de la majorité, pour pouvoir diagnostiquer, il faut qu’il ait des outils de travail. « Vous êtes toujours prêts pour aborder ces problèmes mais de mon coté je souhaiterai avoir un peu de temps afin de développer ces trois points. Et puis de voir ensemble pour trouver des remèdes aux maux du pays », a-t-il dit. Il a été appuyé par Nacoma Keïta du Rpm qui soutient qu’un tel forum ne peut pas aborder en profondeur les problèmes. « Ça serait un peu trop tôt pour une soirée pour faire quelque chose », a-t-il dit. Puis il a souhaité que les présidents de l’opposition et de la majorité s’appellent pour voir ce qu’il ya lieu de faire dès qu’il y a problème.
Mais selon Tiébilé Dramé, qui est revenu à la charge, on n’a pas besoin de temps pour discuter des questions essentielles du pays. Si l’état du malade (le Mali) est préoccupant, je ne vois pas pourquoi on prendra du temps ? s’est-il interrogé. Au regard de la gravité de la situation où l’insécurité mine partout (les attaques au nord du pays, de la Terrasse, de l’auto gare de Bamako, de Radisson…) il est nécessaire d’aller vite, a souligné l’opposant Tiébilé Dramé.
Sans argument solide, et ayant décidé de reculer, la majorité présidentielle a décidé de reporter le débat à une date ultérieure. Néanmoins, cette rencontre fut utile car elle a permis de mettre en place un cadre de concertation paritaire de 12 membres devant se réunir le 12 de ce mois pour discuter des questions de sécurité, de la mise en œuvre de l’accord de paix et de la bonne gouvernance.
Aguibou Sogodogo