Depuis lundi 30 novembre 2015, la commission bancaire a posé ses valises dans les locaux de la caisse Kafo Jiginew. Selon une source digne de foi, elle va jeter un coup d’œil dans la gestion de l’équipe dirigeante actuelle dont les comptes n’ont pas été certifiés cette année par le cabinet SARECI. On espère que l’arrivée de cette commission permettra de faire des propositions en vue de redresser la situation de Kafo Jiginew confronté depuis trois ans à des déficits qui ne sont pas sans conséquence sur cette caisse.
La présence de cette commission bancaire vient à point nommé quand on sait que Kafo Jiginew connait actuellement d’énormes difficultés. Et tout permet de croire que le directeur général David Dao et son adjoint Ibrahima Kéita sont incapables de sauver cette caisse qui emploie plus de 600 personnes pour 300 000 membres.
En effet, Kafo a commencé son déclin en 2005 quand Abdrahamane Coulibaly alors inspecteur général de ladite structure aurait en cachette mis en reforme trois véhicules. Plus tard, il aurait aussi volé 203 millions de Cfa à l’occasion du changement du logiciel de gestion Sibanque qui fut remplacé par SAF 2000. À l’époque, le directeur général Alou Sidibé était parti au Canada pour y signer un contrat. Il a fallu un long moment pour que les dessous de ces deux affaires soient formellement établis.
Profitant de ce temps, Abdrahamane pour se mettre à l’abri des ennuis, aurait milité au sein d’une grande association des ressortissants de la région de Sikasso qui lui aurait permis d’être couvert par un ancien ministre de l’intérieur très influent. Puis, des frondes furent organisées initiant même des pétitions afin d’exiger la réintégration d’Abdrahamane. Le chef de file de ces récalcitrants, selon notre source, n’était autre que l’actuel directeur général adjoint Ibrahima Kéita (directeur d’exploitation au moment des faits).
Mais avant l’aboutissement des frondes, le pot aux roses a été découvert avec des preuves accablantes grâce à la perspicacité du camerounais Roland Tiaba qui maîtrise les différents logiciels de gestion. Des sanctions disciplinaires ont été alors prises contre certains agents dont Ibrahima Kéita. Il y a eu des mises à pied et suspensions des salaires. L’inspecteur général Abdrahamane qui a préféré vite prendre la clé des champs reste jusqu’à ce jour introuvable. Du moins, c’est ce qu’on dit.
Par contre, ses deux complices caissières (Martine Dembélé et Béatrice Berthé) ont été écrouées à Bolé (Bamako) et remerciées à la fin de leurs peines. On ignore le sort réservé à deux autres personnes dont un paysan qui probablement procédaient au retrait des fonds en échange des broutilles.
Et depuis, Kafo Jiginew serait devenu un nid des délinquants financiers. À preuve, quelques années après ces micmacs, aucun des frondeurs, en dépit de tout ce qu’il a entrepris n’aurait jamais pu percevoir les rappels de ses salaires suspendus suite aux sanctions. À l’inverse, le manitou Ibrahima Kéita (l’actuel directeur général adjoint) aurait reçu avec tous les honneurs les siens soit au total 13 à 15 millions de nos francs. Quelle injustice !
Pire, au moment où la caisse est au bord du gouffre on a procédé à l’acquisition inopportune des véhicules et à l’ouverture à coût des millions de deux agences respectivement à Kéniéba et Kokofata. Par ailleurs, à noter qu’après le départ de l’ancien directeur général Alou Sidibé qui dirige actuellement à Ouagadougou la Confédération des institutions financières (CIF), l’équipe dirigeante actuelle aurait demandé au cabinet SARECI qui certifie les comptes de Kafo Jiginew de révéler (noir sur blanc) les pertes éventuellement imputables à la gestion de Sidibé.
Mais quand ce fut son tour de prendre les commandes de la caisse, elle aurait tenu un autre langage en demandant à ce même cabinet de dissimuler les déficits chroniques dont elle a enregistrés. À en croire notre informateur, c’est ce que le cabinet SARECI aurait refusé en échange du pot-de-vin. Par conséquent, l’actuel directeur général David Dao et son adjoint Ibrahima Kéita nourriraient une haine viscérale à l’égard de ce cabinet. Le hic c’est que la Cellule de contrôle et de suivi des systèmes financiers décentralisés (CCS-SFD) fait semblant d’ignorer tout ce qui se passe à Kafo Jiginew. C’est pourquoi, les conclusions de cette fameuse commission bancaire qui sont susceptibles de sauver la caisse sont attendues avec impatience.
En fin, à signaler d’autre part qu’Alou Sidibé aussi a fait un mauvais calcul en s’affichant bougrement pendant la campagne présidentielle en faveur du candidat Modibo Sidibé qui n’a pu accéder au palais de Koulouba. En plus des motos offertes aux électeurs, il aurait donné des consignes de vote partout où Kafo est bien implanté. Pressentant la suite qui allait lui être réservée après l’élection d’Ibrahima Boubacar Kéita, Alou aurait anticipé en se rendant bien naturellement à Ouagadougou pour s’agripper à la Confédération des institutions financières (CIF).
Guennadi
Source: L'Oeil du Mali