Sans aucune surprise, plus de 53% des Burkinabè ont, dès le premier tour de la présidentielle du 29 novembre, apporté leurs suffrages à Roch Marc Christian Kaboré. Ce qui fait de lui, le premier président élu à la faveur de l’alternance démocratique. Mais pourquoi ce choix ? Et quel changement cet ancien baron du régime Compaoré peut-il apporter au Faso ? A l’évidence, il ressort de ce score très élevé que les Burkinabè ont clairement opté pour la continuité dans la rupture. Ce qui implique, bien que Kaboré ait évolué plusieurs décennies durant sous l’ombre du président déchu au point d’être un des piliers incontournables de son régime, que les Burkinabè ne sont pas encore prêts à faire confiance à un quelconque candidat de l’opposition classique. Le score cumulé de ces candidats n’atteint même pas les 10%. Cela fait de Kaboré le choix quasi opportuniste des Burkinabè.
Le score honorable qu’il vient d’obtenir de ses concitoyens explique aussi qu’ils attendent certainement tout de lui. En conséquence, l’homme, comme un caméléon, devra se métamorphoser pour se mettre à hauteur de souhait. C’est pourquoi l’ancien Premier ministre de Blaise et l’ancien Président de l’Assemblée Nationale du Faso (pendant 10 ans) devra démontrer, dans toutes ses œuvres futures, qu’il est capable d’apporter du neuf à l’édification de son pays. Pour cela, les atouts ne manquent pas chez Roch. Car, il bénéficie aux yeux de ses concitoyens d’une réputation d’homme intègre et de gros travailleur. En plus de cela, l’opinion nationale retient généralement qu’il est un homme de confiance, de consensus voire un fin politique. S’y ajoutent les réseaux sociaux étroits qu’il a pu tisser avec l’ensemble des catégories sociales de son pays (dans les zones rurales et urbaines) grâce à ses différentes fonctions administratives et politiques. Notamment lorsqu’il était président de l’ancien parti au pouvoir, le CDP.
Cependant, le président élu qui a indubitablement l’avantage de mieux connaître son pays pour l’avoir sillonné de long en large, n’aura certainement pas la tâche facile. Car, nombreux sont les attentes sociopolitiques et économiques qui l’attendent. Il doit d’urgence développer de grands projets d’infrastructures afin de résorber le chômage de la frange juvénile de la population. Sur le plan politique, le bruit circule déjà que le président Kaboré, compte tenu des exigences populaires, va certainement marquer de son sceau l’avènement d’une nouvelle loi fondamentale qui ne permettrait plus qu’un président se mette au-dessus de toutes les institutions du pays. Mais c’est surtout la quête permanente de réconciliation nationale qui doit être le fondement de son mandat, tant les Burkinabè ont un besoin crucial de s’écouter et de se pardonner afin de solder à jamais les nombreuses rancœurs qu’ils ont les uns envers les autres.
Néanmoins, cette nécessaire recherche de réconciliation ne doit pas sacrifier l’exigence de justice dont aspirent les Burkinabè. Lesquels attendent également de pied ferme leur nouveau président pour qu’il leur rende accessibles la santé, l’éducation. Notamment aux plus démunis. Bon vent Roch !
Gaoussou M. Traoré