Le grand problème de la liberté de la presse qu’il ne convient pas d’occulter, ce sont les moyens énormes qu’il faut utiliser pour la création d’une entreprise de presse. L’euphorie de la démocratisation de l’Afrique noire a entraîné la multiplicité des feuilles se disant journaux
La démocratie est une voiture à quatre roues indépendantes mais non séparées : le législatif, l’exécutif, le judiciaire et la presse. Notre propos d’aujourd’hui s’adresse à la Presse, quatrième pouvoir, organisme qui dans un Etat démocratique, s’occupe de l’information. A ce titre la presse joue un grand rôle dans la formation et l’orientation de l’opinion.
Le peuple a le droit à l’information, la presse a le devoir de la lui livrer. Dès lors, au vu de l’énorme responsabilité qu’elle exerce, la presse a droit à la Liberté. C’est le combat sacro-saint pour la liberté d’opinion, la liberté de penser, de dire, d’écrire, de publier, de diffuser et d’éditer. Comme tout droit, la liberté d’opinion s’assume. Le code de la presse dans son auguste sagesse, a établi la déontologie qui gouverne la presse. On ne peut pas et on ne doit pas écrire, exprimer ce qu’on veut mais on a la liberté de ne s’exprimer que sur ce que l’on veut à condition d’en assumer la responsabilité. Le journaliste est le témoin de son temps, l’intermédiaire entre les évènements, les faits et son audience.
L’obligation lui est donc faite de s’écarter de la diffamation, de colporter des mensonges et de propager de fausses informations. La loi lui enjoint d’être objectif au respect de la déontologie, de l’étique, de l’amour du métier, l’un des plus beaux et des plus exaltants, enrobé de connaissances semi-encyclopédiques et d’une intelligence toujours en éveil. Ce qui permet au Directeur de Rédaction de préférer son fauteuil à un trône. Faiseur de roi ? Peut-être ! De nos jours, l’importance de la presse n’est plus à démontrer dans l’arène politique où le comportement l’emporte sur l’action. La presse crée les mythes, elle peut aussi détruire des réputations et des carrières. Instrument de censure et d’éveil des consciences parce qu’il se heurte aux grandes ambitions et aux grands intérêts. Le journaliste court de grands dangers : « Reporter sans Frontières » n’a de cesse de déplorer hélas, la liste trop longue de journalistes mystérieusement disparus, tués sur les fronts, assassinés pour empêcher de dévoiler des vérités condamnables sous tous les cieux.
Diversités Caractéristiques.
Grosso modo, on distingue la presse d’opinion, d’informations générales, de faits divers, des journaux économiques, scientifiques, des quotidiens et des périodiques (hebdo – mensuelles, etc.). De plus en plus, on assiste à la naissance de publications spécialisées ayant le grand défaut d’un populisme atroce, dévoilant avec qui et comment on « couche ». L’Internet apporte son concours à la disparition de la presse d’antan. La soi-disant grande presse internationale est désormais la propriété des grands capitaux : le Times de Londres, le Monde de Paris, le New-York Times, etc., défendent ongles et becs, les intérêts des multinationales dans le monde.
A qui la faute ?
La sève et le sang de la presse sont sans conteste, la publicité. Les annonceurs ont brisé les reins des journaux d’opinion. “L’Humanité”, le grand journal de Jean Jaurès, survit à force d’acrobatie et de la générosité de la souscription des membres du Parti Communiste défunt. Nous sommes loin du journalisme d’Albert Londres, de Politzer. La recherche et la publication de l’information réelle et vraie surtout importante est devenue de plus en plus difficile sinon impossible. Le coût exorbitant de l’entreprise de presse, la matière plus que périssable de l’information qui tombe par goutte à la minute sinon à la seconde dans un tourbillon de vélocité infernale, rend toute objectivité hypothétique parce que les mains invisibles n’ont de cesse de tout manipuler !
Le prix de la liberté de la presse
Le grand problème de la liberté de la presse qu’il ne convient pas d’occulter, de passer sous silence, c’est les moyens énormes qu’il faut utiliser pour la création d’une entreprise de presse. L’euphorie de la démocratisation de l’Afrique noire a entraîné la multiplicité des feuilles se disant journaux. Le tiers-monde en général n’a pas les moyens de sa politique. Vérité de la Palisse, des quotidiens se créent avec un capital de 5 à 10 millions, animés par des journalistes payés à moins de 100 000 FCFA.
Ailleurs, chez nos maîtres à penser, un grand reporter, un correspondant et/ou un envoyé spécial, ne perçoivent pas moins de 5 à 10 millions de rémunération mensuelle. Cette comparaison exclut le match ! Le journaliste qui n’en a pas assez pour joindre les deux bouts, devient naturellement victime des tentations, ennemis mortels de l’objectivité, de l’intégrité, de toute morale professionnelle.
La liberté de la presse ne peut se concevoir sans les conditions acceptables de la survie. Être libre et s’exprimer librement est un luxe que tout le monde ne peut s’offrir. Une presse libre et indépendante exige des moyens qui dépassent aujourd’hui l’ordinaire.
Le temps use le mensonge et polit la vérité (Göeth).
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