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Le terrorisme, "conséquence de la colère divine" Le ministre de la Sécurité refuse d’entrer dans la ‘’polémique’’
Publié le lundi 7 decembre 2015  |  Le Prétoire
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© aBamako.com par A.S
Conseil des ministres du mercredi 30 septembre 2015
Bamako, le 30 septembre 2015 le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita a présidé le conseil des ministres du mercredi a Koulouba. Photo: Colonel Salif Traoré




Si la controverse enfle depuis quelques jours autour des propos attribués au président du Haut conseil islamique qui mettrait certains actes fâcheux auxquels nous assistons sur le compte de la colère de Dieu, le col-major Salif Traoré se refuse d’entrer dans ce débat. En effet, invité du Forum de la Presse, ce samedi 4 décembre, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile s’est dit convaincu d’une chose: les terroristes ne peuvent pas prétendre poser leurs actes au nom de la religion.

«Lutte contre le terrorisme et le grand banditisme au Mali: forces et faiblesses». Tel était le thème de ce 6ème numéro du Forum de la Presse qui a reçu le ministre de la Sécurité et de la protection civile, Col-major Salif Traoré. Le choix de l’invité du jour était d’autant plus judicieux que notre pays pleure encore 22 victimes maliennes et étrangères suite à l’attentat de l’hôtel Radisson-Blu, survenu le 20 novembre dernier.

Ainsi, face à Seydou Baba Traoré de l’Ortm, Ibrahim Coulibaly de La Nouvelle Tribune et Lanfia Sinaba, Journaliste indépendant, le col-major Traoré a fait un tour d’horizon de l’enquête en cours sur l’attentat du Radisson-Blu ainsi que les dispositions à prendre pour minimiser les risques à l’avenir, notamment en terme d’équipement et de formation de nos forces de sécurité. Après avoir rappelé les péripéties de l’attentat, le ministre de la Sécurité a noté qu’avec l’appui de la communauté internationale, les recherches sont sur une bonne voie. «Au stade actuel de l’enquête, nous n’avons affaire qu’à deux assaillants. Qu’il y ait des complicités ou autres, l’enquête est en train d’évoluer», a-t-il souligné, faisant référence aux deux présumés complices qui ont été récemment arrêtés dans la périphérie bamakoise.

S’il avoue n’avoir à ce jour la moindre idée sur la nationalité des deux auteurs du drame, le Col-major Salif Traoré se réjouit tout de même du fait que plusieurs indices ont été retrouvés sur les lieux, et qui peuvent être très utiles pour la suite de l’enquête. «Nous avons déjà les deux corps; nous avons les armes qu’ils ont utilisées et nous avons d’autres appareils qu’ils avaient sur eux. Tous ces indices sont en train d’être analysés avec la dernière technologie», a-t-il fait savoir. A en croire le ministre, le prélèvement de sang que l’enquête a effectué aux fins d’analyse ADN peut aider à connaître l’origine des deux assaillants.

L’orateur a par ailleurs affirmé qu’il n’y a pas lieu pour l’instant de privilégier la piste de quelque groupe que ce soit, fut-il revendicateur de l’acte. «Nous nous basons sur les faits. Nous vous dirons, éventuellement au cours d’un point-presse, quel est le groupe auquel les éléments dont nous disposons nous ont conduit ou bien s’il y a eu coopération entre les différents groupes», affirme le Colonel-major Traoré.

L’erreur à ne jamais commettre
Du restaurant La Terrasse à l’hôtel Radisson-Blu en passant par l’hôtel Byblos de Sévaré, l’acte terroriste serait-il un syndrome pour les structures hospitalières au Mali ? En réponse à cette question, Salif Traoré estime que ce serait une erreur de penser que toutes les cibles à l’avenir pourraient être des hôtels. «Nous révisons régulièrement le plan de défense et de sécurisation de la ville.

Ce faisant, nous identifierons les structures qui sont sensibles et les édifices qui sont vitaux pour nous, et on renforcera la sécurité autour de ces édifices-là», s’est-il engagé. Avant d’insister sur le fait que l’acte terroriste est, par définition, inattendu. «Vous avez beau mettre des militaires et des gendarmes partout, c’est difficile de les contrer», confesse le Colonel-major, rappelant que ceux qui s’adonnent à ces actes croient être récompensés par le Paradis. Et le ministre d’indiquer: «Nous privilégions d’avoir le maximum de renseignements et d’informations pour éviter qu’une action qui se prépare puisse se produire. Dans le cas contraire, faire en sorte que dès le déclenchement de l’acte qu’on puisse intervenir de façon efficace». Partant, il en a appelé au sens de la vigilance et de la mobilisation permanente de l’ensemble des Maliens.

Tout en reconnaissant qu’il y avait un certain relâchement dans le contrôle des mouvements au niveau des hôtels, l’orateur a estimé que l’attentat du 20 novembre dernier est à présent l’occasion pour eux, responsables de la sécurité des Maliens, de revoir la copie. Le département de la Sécurité a déjà entrepris des actions dans ce sens, si l’on en croit le ministre Traoré. «Nous avons tiré les leçons de cet événement. Et certains hôtels qui pensent que, compte tenu de la nature de leurs clients, ils avaient besoin de plus de sécurité, la sécurité a été immédiatement renforcée à ces niveaux», a-t-il expliqué.

Salif Traoré au dessus de la mêlée
Interrogé de façon insidieuse sur des propos attribués au président du Haut conseil islamique que le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako accuse de faire l’apologie du terrorisme, l’orateur a refusé de mener ce débat. «Vous comprendrez que je n’entrerai pas dans une polémique. Ce n’est pas mon rôle. Mais nous sommes conscients que les éléments qui commettent ces actes lâches ne le font pas vouloir le faire au nom de la religion musulmane». D’ailleurs, fait-il remarquer, le phénomène est aujourd’hui mondial.

A en croire l’invité du Forum, les auteurs de cette barbarie sont le plus souvent des anciens délinquants qui ignorent tout de la religion. Quoi qu’il en soit, le ministre dit ne pas analyser la chose sous l’angle religieux. «Nous essayons d’identifier des individus qui veulent créer la psychose et la terreur au sein de la population et nous essayons de tout mettre en œuvre pour les empêcher de le faire», précise-t-il.
Sur un tout autre plan, le Col-major s’est inscrit en faux contre l’idée selon laquelle la levée de l’état d’urgence ferait augmenter le risque d’attentat.

Cette mesure, aux dires du ministre Traoré, n’est pas le couvre-feu, et par conséquent, elle n’empêche pas le regroupement encore le déroulement de la vie normale. «En plein état d’urgence, il peut avoir des actes», rappelle-t-il.

Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a par ailleurs réaffirmé sa volonté de doter notre pays des forces de sécurité réorganisées, mieux équipées et réconciliées avec les populations. Mais surtout faire un meilleur maillage du territoire national. Cette volonté a, semble-t-il, déjà pris corps à travers la réflexion en cours sur un texte d’orientation et de programmation militaire dont la phase d’élaboration serait beaucoup avancée.

Bakary SOGODOGO
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