Depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, le 15 mai 2015, et son parachèvement le 20 juin de la même année, l’opinion nationale et internationale s’attendait à ce que les mouvements armés intègrent l’équipe gouvernementale. Il n’en fut rien, parce que plusieurs détails n’étaient pas clarifiés notamment, la composition du Comité de suivi de l’Accord de Bamako et son mode opératoire.
Aujourd’hui, les signataires de l’Accord sont résolument engagés pour sa mise en œuvre. Ils multiplient, à chaque occasion, les preuves de leur bonne foi. Ils contribuent de façon positive à toutes les rencontres relatives au processus de paix et prêchent la bonne parole, celle de l’unité du pays.
Ils ont montré à la face du monde, notamment lors de la conférence de l’OCDE à Paris, en octobre dernier, leur détermination à œuvrer pour la paix, la réconciliation nationale et le développement du Mali. Résultat: plus de 2 100 milliards de nos francs ont été annoncés à cet effet.
Aujourd’hui, on dehors des actes terroristes, il y a peu d’insécurité imputable aux signataires de l’Accord de Bamako. Franchement, de plus en plus, leur comportement entre dans un cadre républicain. Cependant, la vigilance doit être de mise.
C’est pourquoi Bamako doit encourager ce climat serein, empreint de confiance mutuelle, en essayant d’accélérer la cadence de la mise en route de l’Accord, en intégrant ses signataires dans l’équipe gouvernementale. Cette donne fait partie des non-dits du document.
Elle s’impose aujourd’hui plus qu’hier, afin de conforter les acteurs et de projeter une nouvelle image de notre pays, qui a su rapidement sortir de la crise. Il s’agit de montrer que la dynamique de paix est en cours et que les responsables de l’insécurité d’hier ont déposé les armes pour intégrer le processus démocratique malien.
Dans cette optique, certains parlent d’un possible départ de l’actuel Premier ministre, Modibo Keïta, qui pourrait être remplacé par Mohamed Ag Erlaf, ministre en charge de la Décentralisation ou par Mamadou Igor Diarra, ministre des Finances, dont les performances le projette à ce niveau de responsabilité, malgré lui- même.
Mais nous sommes de ceux qui pensent qu’aucun argument n’existe en ce moment pour faire partir le clairvoyant et non moins sage, Modibo Keïta. La seule personne qui pourrait l’amener à quitter son fauteuil primatorial, c’est lui-même, en refusant d’être reconduit pour une raison ou une autre, qui lui serait personnelle. Sinon, il a une bonne image au sein de l’opinion publique et il fait bien son job.
Donc, vivement un nouveau gouvernement, d’ici la fin de l’année, pour faire de la place aux mouvements armés et réorienter l’action du gouvernement, avec des nouveaux objectifs permettant la création de nombreux emplois, la relance de l’économie et, bien sûr, le renforcement de la sécurité et la mise en œuvre hâtée de l’Accord de Bamako.
Chahana Takiou