C’est une première dans notre pays, la communauté des utilisateurs d’internet au Mali décide de mobiliser sur les réseaux sociaux et de consacrer une journée de boycott des services de téléphonie et d’Internet de l’Operateur Orange Mali le jour même de son anniversaire.
C’est une colère légitime dans le pays de Bamako-2000 qui a été à l’avant garde du combat en Afrique pour la promotion de l’Internet. C’est au Mali que fut élaboré la Déclaration africaine pour le Somment Mondial sur la Société de l’Information (SMSI). C’est aussi le Mali qui assura la présidence du groupe africain, ainsi que celle de toutes les réunions mondiales des Comités préparatoires de la première phase du SMSI.
C’est pourquoi la colère des consommateurs se justifie d’autant plus amplement, qu’on ne peut pas comprendre que les deux operateurs Organe et Malitel facturent deux à trois fois plus chers les malien qu’ils ne facturent leurs clients français, sénégalais, ivoiriens, marocains ou mauritaniens. Pour des raisons d’éthique et de traitement égal, Organe et Malitel devraient offrir les mêmes services aux mêmes tarifs et qualité à leur siège comme dans les pays qui abritent leurs filiales.
Et bravo aux Geeks du mouvement #Mali100mega qui ont su depuis quelques mois mobiliser sur internet et les réseaux sociaux. Même si le mouvement n’a pas encore atteint l’ampleur souhaitée par ses initiateurs, n’en demeure qu’il porte en lui les germes d’une réelle prise de conscience révolutionnaire dont la constance portera ses fruits. Dans l’histoire on se rappelle que les grands changements sont souvent partis de petites actions anodines qui ont fini par faire exploser bien des systèmes.
Qui ne se rappelle pas le cas aux Etats-Unis de la lutte pour les droits civiques des Noirs. Tout est parti de la courageuse Rosa Park et la suite on la connaît. Les afro-américains organisent avec un grand succès le boycott pendant près d’une année des bus de Montgomery. Si le mouvement #Mali100Mega persévère, il aura le même succès parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes résultats.
Le mouvement aurait eu très rapidement un franc succès s’il avait eu le droit au soutien de l’AMRTP, l’autorité à laquelle la législation malienne sur les Télécommunications et les TICs confère le rôle de défense des intérêts nationaux en la matière, mais aussi et surtout celui plus spécifique de défense des consommateurs des technologies de l’Information et de la communication. Mais aucun soutien affiché n’est venu de l’AMRTP, même pas un communiqué ne serait-ce que pour éclairer l’opinion nationale sur la question et sur les mesures qu’elle envisage de prendre pour répondre à cet appel si juste. Ce qu’il faut savoir est que l’MARTP est plus coupable qu’on ne le pense.
C’est vrai que les tarifs Internet et de téléphonie des deux operateurs sont excessifs, mais à qui la faute ? A l’AMRTP bine sûr. Au terme de la loi c’est elle homologue et valide tous les prix à la consommation proposés par les operateurs avant leur mise en service. On ne va donc pas trop reprocher à des commerçants de vendre des produits dont les prix ont été validés par le représentant de l’Etat comme acceptables pour les maliens. Orange et Malitel ne travaillent pas dans l’humanitaire et ne sont pas des enfants de cœur. Leur objectif c’est faire el maximum de profit. Il revient donc encore une fois à l’AMRTP de savoir défendre les intérêts du Mali et des consommateurs maliens.
Elle en a tous les moyens et l’article 3 paragraphe (t) de l’Ordonnance Nº2011/024/P-RM du 28 Septembre 2011 portant création de l’AMRTP, elle peut même définir, le cas échéant, des mesures d’encadrement des tarifs et émettre un avis public sur la mise en œuvre d’un tarif ou s’y opposer en application de la loi relative aux télécommunications/TICs. Ceux qui voudraient aller plus loin trouveront un intérêt certain en lisant aussi l’Ordonnance Nº 2011-023/P-RM du 20 Septembre 2011 relative aux télécommunications et aux technologies de l’information et de la communication.
O’BAMBA
Source: InfoSept