L’Armée tchèque entend renforcer sa présence au Mali, où elle opère depuis deux ans. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre Bohuslav Sobotka, samedi, devant la Chambre des députés. Actuellement, les principales missions des soldats tchèques sont notamment de veiller à la protection du quartier général de la mission et d’assurer la formation de futurs soldats maliens.
Les troupes tchèques opèrent au Mali depuis 2013. Leur envoi a fait suite à l’occupation de la partie nord du pays par les islamistes radicaux. Suite à ce conflit, vingt-cinq pays de l’Union européenne, la France en tête, ont envoyé leurs forces militaires pour soutenir l’armée malienne dans la lutte contre les rebelles. Deux ans plus tard, trente-huit soldats tchèques sont toujours présents dans le sud du pays. La majorité d’entre eux, trente-quatre précisément, assurent la sécurité du quartier général de la mission dans la capitale Bamako, à un kilomètre seulement de l’hôtel Radisson Blu qui a été le théâtre, le 20 novembre dernier, d’un attentat qui a causé la mort de dix-sept personnes. Selon l’adjudant Martin Kocourek, cette attaque n’a cependant pratiquement pas entravé le fonctionnement quotidien de la mission, et ce bien que les mesures de sécurité aient été renforcées.
Soldats tchèques au Mali, photo : Jan Šulc, Archives de l’Armée tchèque
Soldats tchèques au Mali, photo : Jan Šulc, Archives de l’Armée tchèque
Les quatre autres soldats, qui proviennent de la Base d’entraînement de Vyškov (Moravie du Sud), opèrent, eux, comme instructeurs de nouvelles troupes maliennes à Koulikoro, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de Bamako. Placée sous la tutelle de l’UE, cette mission à laquelle prennent part une centaine d’instructeurs des Etats membres, vise à former des soldats maliens afin de créer une armée autonome, apte à lutter contre les islamistes dans le nord du pays. Dans le cadre de ces formations qui durent environ neuf semaines, quelque 7 000 soldats ont déjà été formés, un nombre qui représente 60 % des forces de l’armée de terre malienne. Selon l’instructeur tchèque Alexandr Martynov, l’armée malienne souffre notamment d’un déficit d’armes à feu. Les jeunes soldats en formation utilisent donc parfois des armes… en bois. C’est ce que confirme aussi un autre instructeur, Lukáš Zderčík, qui voit un autre obstacle en la nature souvent très superstitieuse de beaucoup de futurs soldats maliens. Pour autant, tous les soldats tchèques, dont la plupart ont déjà opéré également en Afghanistan, s’accordent pour affirmer que les Maliens sont très paisibles et amicaux et qu’ils semblent heureux de voir les militaires étrangers dans leur pays.
Le chef d'Etat-major de l'Armée tchèque a rendu visite aux soldats tchèques en mission au Mali, photo : ČTK
Le chef d'Etat-major de l'Armée tchèque a rendu visite aux soldats tchèques en mission au Mali, photo : ČTK
Le chef d'Etat-major de l'Armée tchèque a rendu visite aux soldats tchèques en mission au Mali. Avant les fêtes de Noël, Josef Bečvář a tenu à féliciter ses hommes pour la qualité de leur travail et leur remettre quelques cadeaux. Les soldats présents sur place resteront au Mali jusqu’en mars prochain. Ils seront alors remplacés par de nouvelles troupes. Et à en croire Josef Bečvář, celles-ci seront renforcées par vingt-cinq soldats de l’unité spéciale de l’Armée tchèque, qui seront, eux, chargés de lutter contre les radicaux dans le nord du pays.
Le Premier ministre a déclaré à la Chambre des députés que la République tchèque entendait renforcer sa présence au Mali. Bohuslav Sobotka a confirmé également que l’augmentation du nombre de soldats tchèques fait actuellement l’objet de négociations entre le ministre de la Défense, Martin Stropnický, et son homologue français Jean-Yves Le Drian. Le chef du gouvernement n’a cependant pas donné de chiffre concret. Il s’est contenté de souligner que la République tchèque, suite aux attentats de Paris, entendait ainsi « aider la France à avoir les mains libres ». C’est-à-dire que si le nombre de soldats tchèques au Mali augmente, la France pourra, elle, retirer ses forces pour les engager, par exemple, dans le renforcement de la situation sécuritaire en Europe. Samedi toujours, Bohuslav Sobotka a également rappelé que la République tchèque participait à différentes missions internationales dans cinq pays et qu’en tant que membre de la coalition contre le groupe Etat islamique, elle allait poursuivre, voire renforcer, son engagement dans toutes ces opérations. Néanmoins, le Premier ministre a exclu une éventuelle participation de l’Armée tchèque à une opération terrestre en Syrie ou en Irak.