TEMEDT, l’association luttant contre l’esclavage au Mali, a organisé le 6 décembre 2015, au Campement Kagaba de Bamako, un atelier d’appropriation de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. A l’occasion, deux thèmes majeurs ont été développés à l’endroit des participants. Ibrahim Ag Adbaltanat, le président de Temedt, a exposé le premier sujet : «Accord pour la paix». Et le second thème: «Quel apport pour la paix et la réconciliation au Mali», a été par exposé par Abdoulaye Macko, le 1er vice président de Temedt. Cette tribune a été saisie par Mohamed Elmaouloud Ag Hamada, membre de Temedt, de la Plateforme et du Comité de suivi de l’accord (CSA), d’évoquer les différents blocages auxquels l’accord de Paix pour le Mali est confronté.
Mohamed Elmaouloud Ag Hamada, membre de Temedt, de la Plateforme et membre du Comité de Suivi de l’accord (CSA), a apporté sa contribution, lors de la rencontre, sur la mise en œuvre de l’accord. Selon lui, il y a d’énormes problèmes auxquels le comité de Suivi de l’accord est confronté.
Le premier blocage pour le bon fonctionnement du comité, indique M.E.Ag Hamada, est que les mesures intérimaires ne sont pas appliquées à hauteur de souhait. «Elles doivent durer 18 mois jusqu’à la tenue des élections locales. Mais contre toute attente, l’Etat vient de prendre les dispositions reconduisant le mandat des Maires. Ce qui n’est pas normal», dit-il. Autre acte de l’Etat qui amène le blocage, souligne-t-il, après six mois de la signature de l’accord pour la paix, le terrain est vide. « Contrairement à ce qui est dit dans l’accord, il n’y a aucune action urgente. L’Etat ne fait que des constats au Nord. C’est à peine que les communautés ont à boire et à manger. Il n’y a pas d’acheminement de vivres vers les localités», révèle M.E.Ag Hamada. Concernant les mesures de confiance mentionnées dans l’accord, il indique: «Pour que les parties se fassent confiance, il a été dit de respecter les textes qui ont conduit à la signature de l’accord. Les mouvements armés ont fait la trêve. Le gouvernement doit procéder à la libération des prisonniers. Il a une liste de ces prisonniers, mais on nous dit que ces prisonniers doivent avoir un traitement politique pour être libres. Là, le gouvernement ne respecte pas son engagement» déclare M.E.AG Hamada. Selon lui, le Comité de suivi de l’accord (CSA) est également confronté à des problèmes dans l’application de son règlement. «En plus des deux mouvements armés signataire de l’accord avec l’Etat, on constate l’ambition de certains mouvements d’avoir des places au sein de toutes les chaines. On a dit qu’il faut qu’ils se reconnaissent soit dans la plateforme, soit dans la CMA. Deuxième blocage du CSA, c’est son budget. Ça fait près de six mois et il n’y a pas d’argent pour son fonctionnement», martèle M.E.Ag Hamada.
Par rapport à la mise en place de la commission Justice, Vérité et Réconciliation, développe-t-il, les propositions des mouvements armés signataires n’ont pas été respecté à la lettre par le gouvernement. «Il a fait des choix en dehors de ces recommandations. Les corrections et rectifications sont en cours entre nous et le gouvernement pour amener l’équilibre dans la commission», appuie M.E.Ag Hamada. Il ajoutera que cette commission commence déjà à poser des problèmes dans sa mise en œuvre correcte conformément à l’accord issu d’Alger. «Elle est en avance par rapport à l’accord. Primo, les mouvements armés doivent être associés aux rencontres intercommunautaires. Secundo, ces rencontres intercommunautaires doivent attendre, car les milliers des réfugiés, des déplacés internes ne sont pas encore de retour », explique-t-il.
M.E.Ag Hamada a, aussi, signalé que l’Etat est plus soucieux du cantonnement que d’aller vers le partage du pouvoir. « Il faut qu’il y ait un remaniement ministériel qui prend en compte des aspirations de toutes les parties signataires de l’accord», affirme M.E.Ag Hamada.
Auparavant, le président de Temedt, Ibrahim Ag Adbaltanat, dans son exposé, a déclaré que l’accord pour la paix et la réconciliation nationale est un grand mérite pour les Maliens. Le choix de la non-violence est un choix sage. C’est pourquoi, il ne faut pas perdre de temps pour son application. En perdant du temps, on ouvre la porte aux dérives. Pour son application, Temedt va jouer son rôle de sentinelle et d’alerte. Chaque fois qu’on verra qu’il y a des menaces, on va tirer la sonnette d’alarme. précise le président de Temedt. Notre apport, ajoute Abdoulaye Macko, le vice président de Temedt, sera de se donner les moyens pour que la justice soit faite et que la vérité soit dite.
Hadama B. Fofana