On n’en parle de plus en plus dans les salons feutrés de la capitale. Le ministre des domaines de l’Etat, Mohamed Ali Bathily, ne figure pas au nombre des membres du gouvernement sans agenda. Il en dispose et de la plus haute ambition car il prétend au remplacement d’IBK en personne, selon des sources généralement bien informées. En attestent, à en croire les mêmes sources, les élans populistes l’ayant caractérisé en tant que Garde des Sceaux et dont il n’a rien perdu avec son avènement au département des domaines de l’Etat : transformation des locaux du ministère de la Justice en tribunaux d’instance, mesures draconiennes et offensives de charme en direction du monde rural, au détour d’un combat contre la spéculation foncière. S’y ajoute que le ministre Bathily est également très actif dans l’animation de multiples cellules associatives à vocation politique, qui ne seraient autres, aux yeux de nombreux observateurs, que les embryons d’un parti politique en gestation. Le fait de s’en servir comme d’un moyen de pression, explique-t-on, démontre par ailleurs que l’homme est persuadé qu’un destin national l’attend dans un proche avenir.
Policiers et croque-morts
Après les pleurs, le deuil et les satisfecit, place à l’objectivité et le temps des comptes. Intervenues avec leurs homologues de l’Onu et de la France à l’Hôtel Radisson Blu, les forces de sécurité malienne ont mérité des lauriers de la part des plus hautes autorités, qui ont loué leur professionnalisme. Le hic, c’est que leur intervention n’aura pas été que mitigée. Elle a été aussi émaillée de comportements qui couvrent de flétrissure toute la nation. Et pour cause. De sources concordantes, de nombreux rescapés de l’attaque du Radisson, tout en se réjouissant d’avoir la vie sauve, ont déploré la perte de fortunes à l’issue de l’assaut lancé contre les deux assaillants. De l’argent, des objets de valeur, etc., se sont miraculeusement volatilisés, assurent nos sources. Et les soupçons pèsent notamment sur les forces de sécurité d’avoir probablement joué en même temps le rôle de sauveurs que de croque-morts. Ils étaient en effet les seuls à avoir eu accès aux différentes chambres d’où les nombreux otages ont été extraits.
Les dissidents du Rpm dans une logique d’autonomie politique
Doté d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale, le parti présidentiel pourrait connaitre un syndrome naturel d’incapacité à supporter son surpoids. Les signaux s’affichaient déjà début octobre avec les malaises surgis du renouvellement des instances parlementaires, puis une cassure évitée sur le fil du rasoir grâce au déploiement d’une puissante armada de démarcheur du BPN. Leur exploit ne sera peut-être qu’éphémère, à en croire certaines sources, lesquelles subodorent un Tisserands pourrait même déboucher sur une scission de fait puisque la dissidence se sent assez forte pour constituer l’embryon d’une autre formation pro-présidentielle. Faute donc de mainmise sur l’appareil du Tisserand, les tireurs de ficelles se seraient résolus à le phagocyter par voie de scission avec l’espoir que le nouveau parti serve de vase communicant et de réceptacle pour les débauchages.
Le maire de Bamako sous le boisseau
La ville de Bamako dispose-t-il encore d’un Maire ? La question est d’autant plus opportune que son premier responsable, M. Adama Sangaré, semble victime d’un grand coup d’éclipse même pour les événements qui concerne au plus près la capitale et ses administrés. Ceux qui attendaient de voir le Maire de Bamako au premier plan, pendant des événements du Radisson Blu, en ont eu pour leur compte car l’intéressé semble victime d’une relégation aux calendes pour ses ambitions de rempiler à la tête de la Mairie du District. Comment expliquer autrement que des mesures aussi exceptionnelles interviennent au nom des habitants de la capitale sans y associer leur maire qui, somme toute, continue de jouir de la plénitude de son mandat quoique prorogé par une loi ? Dans la même veine, on peut remarquer qu’Adama Sangaré est devenu une sorte de mouton noir des corps constitués à l’Aéroport de Bamako Sénou. Il est le grand absent de l’ordre protocolaire pendant les arrivées et départs de la plus haute autorité de la République quand son image n’est tout simplement zappée les rares fois où il est présent. Tout se passe, en définitive, comme s’il avait été décidé quelque part que la ville de Bamako s’inscrive déjà dans l’après Adama Sangaré.
Collectif budgétaire ou amnésie régalienne
Les forces armées et de sécurité seront probablement les enfants les plus gâtées de la République. En tout cas, il n’est fait économie d’aucun geste pour les contenter – dont le dernier en date émane du chef de l’Etat en personne. En plus des avances déjà faites en termes de promesse de campagne, le président de la République vient de s’engager, au lendemain de l’attaque terroriste de Radisson Blu, de recourir éventuellement à un collectif budgétaire pour satisfaire aux besoins de l’armée et du secteur de la sécurité. Sa déclaration intervient certes à un moment où la session budgétaire bat son plein à l’Assemblée national, mais le chef de l’Etat a certainement oublié que les forces armées et de sécurité ont été déjà gratifiées d’une loi de programmation en vertu de laquelle une bagatelle de 400 milliards leurs est annuellement allouée sur cinq années, à compter de l’exercice précédent. En décidant d’y ajouter quelque chose, le Mali sera à peine différente de l’Allemagne des années 30 sous Adolph Hitler.
Les écoles turques dans l’œil du cyclone au Mali
Très prisés par les familles les plus nanties, qui paient cher pour la qualité de leurs prestations éducatives, les collèges ’’Horizon’’ vont peut-être cesser de pulluler dans la capitale malienne. En cause, un vicieux retentissement des soubresauts de la scène politique turque dans nos murs. En clair, il n’est nullement besoin de verser dans les arts divinatoires pour se rendre à l’évidence que les promoteurs des célèbres écoles turques évoluent aux antipodes des officiels d’Ankara. Contre l’agressivité de cette opposition extérieure, une puissante contre-offensive diplomatique a été déclenchée par la machine d’Erdogan, qui a déjà franchi les frontières maliennes. L’Ambassadeur de Turquie est ainsi à pied d’œuvre et multiplie les initiatives dans le sens d’une concurrence à peine voilée contre l’intervention des privés turcs dans le secteur de l’éducation au Mali. C’est du moins l’impression qui se dégage d’une audience récemment accordée par le ministre Barthélémy Togo, à l’issue de laquelle les deux parties se sont accordées pour éviter la confusion entre l’intervention officielle turque dans le secteur de l’éducation et celle des privés. Allusion est visiblement faite sans doute aux collèges ‘’Horizon’’, pour peu qu’on sache lire entre les lignes. Les deux parties se sont engagées, par la même occasion, à privilégier leurs relations diplomatiques en les préservant contre tout désagrément susceptible de les froisser. Il ne serait donc pas surprenant si les écoles privées turques accusaient au Mali le même coup de grâce que celui qu’elles ont reçu dans nombre de pays où Ankara est passé à la contre-attaque.
Quid du sommet Afrique-France
S’il est un domaine qui risque de souffrir de la menace terroriste sur la capitale malienne, c’est sans doute le sommet Afrique-France prévu au Mali en 2016. Pendant que le compte à rebours a déjà commencé et que la commission d’organisation se démène pour mettre les infrastructures au point, certains observateurs s’interrogent à juste titre sur le sort de l’événement, à cause des capacités de notre à relevant les défis sécuritaires y afférents. Comme pour les assurer, les hautes autorités n’ont de cesse de magnifier le professionnalisme des forces de sécurité dans la maitrise de l’événement dramatique du Radisson. Pour ce faire, la famille présidentielle est montée au créneau. Pendant qu’IBK salue leur exploit depuis l’extérieur, son fils aîné, le président de la commission-Défense de l’AN, s’entiche de mise en scène parlementaire dans la même lancée.
Mais leurs tentatives de présenter un visage séduisant du pays n’ont apparemment l’air de convaincre certaines chancelleries qui viennent de s’illustrer par des signaux très peu encourageants. Les Etats-Unis ont appelé leur personnel non essentiel comme pour signifier le peu de confiance dont ils créditent la capacité du pays à faire face au défi sécuritaire
Rassemblées par la Rédaction