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Oumou SANGARE, Chanteuse malienne : « Je crois que l’Afrique va vaincre le terrorisme »
Publié le mardi 8 decembre 2015  |  le soleil
Sana
© aBamako.com par O. aristide​
Sana Bob remporte le kundé 2015
L`édition 2015 des trophées de la musique au Burkina Faso (kundé) a eu lieu le vendredi 24 avril 2015 à la salle des banquets de ouaga 2000 à Ouagadougou. Le Kundé d`or est revenu à l`artiste Sana Bob.




Voix de velours traduisant ses origines peul du sud du pays Wassoulou, au Mali, Oumou Sangaré, invitée d'honneur de la 15ème édition du Festival Africa Fête(Fifa), est sans aucun doute l'une des plus grandes voix du continent. Dans cet entretien réalisé vendredi, moins de deux heures après sa descente de l'avion, la chanteuse, malgré la fatigue due au trajet, lève un coin du voile sur son combat, parle de la situation difficile que traverse son pays à cause du terrorisme. En outre, la chanteuse revient sur le travail remarquable qu'elle mène depuis quelques années, en dehors de la musique, pour contribuer, à sa manière, au développement économique et social du Mali.

L’actualité musicale de Oumou Sangaré, c’est la récente présidence du jury du Prix découvertes Rfi 2015. Comment avez-vous vécu cette expérience?
« C'était la première fois. Pour moi, il s'agit d'une très belle expérience. Il y avait plein de connaisseurs autour de moi qui m'ont beaucoup aidée. Et comme j'étais très bien entourée, je n'ai pas senti certaines difficultés. Il est vrai que ce n'était pas facile de faire le choix tellement les jeunes étaient doués. Il est toujours difficile, pour un artiste, de disqualifier son pair. »

Vous-êtes au Sénégal pour les besoins de la quatrième édition du Festival Africa fête(Fafi) itinérant. Est-ce qu’on peut avancer, dans le contexte géopolitique actuel, que l’Afrique est en fête?
« Je pense que l'Afrique ne peut pas être en fête. Par exemple, chez nous au Mali, ça chauffe partout au Nord. Nos enfants tombent, des innocents sont tués. Dans un tel contexte, l'Afrique ne peut pas être en fête. Toutefois, je crois au continent et je pense qu'on peut surmonter cela et vaincre le terrorisme. Le Sénégal et le Mali sont des voisins. Si notre pays a des soucis, le Sénégal ne peut pas être en fête. Cette situation est aussi valable pour tous les autres pays du continent. En Afrique, on est fort. Nous sommes très pauvres mais, très riche dans la tête, dans nos cultures. Je reste persuadée que nous allons nous s’en sortir si Dieu le veut... ».

Vous venez de le dire toute de suite, le Mali est victime de ce phénomène de terrorisme, d’un problème d'insécurité. Quel rôle peuvent jouer de grandes voix comme la tienne pour le retour définitif de la paix?
« Nous allons continuer à sensibiliser les populations. Notre rôle est de faire revenir l'amour entre les êtres humains. Il faut qu'on continue à nous aimer. Je pense que s'il n’y a pas d'amour, il existera toujours ce genre de problèmes entre les individus. Nous allons toujours emprunter la dynamique des discussions. J'espère que la paix va revenir bientôt. D'ailleurs, elle est en train de revenir déjà. Je crois au peuple malien mais également à nos dirigeants. Le Mali est dans ce combat depuis plus de cinquante ans, ce n’est que maintenant que cela s’est aggravé mais, nous allons nous en sortir. »
Vous êtes connue pour votre engagement pour la cause féminine, sur le plan socio politique. Quelle est la situation des droits des femmes au Mali?
« Je ne suis pas féministe mais, quelqu'un qui est allergique à la souffrance de la femme. Depuis très jeune, j'ai commencé à vivre cette situation du fait que ma mère a beaucoup souffert de son mariage. J'étais sa première fille et je l'ai vue souvent pleurer. Cela m'a rendu un peu rebelle contre la violence faite aux femmes. J'ai même eu à dénoncer une certaine forme de polygamie consistant, par exemple, à épouser quatre femmes et à les mettre sous le même toit. Dans ce cas de figure, l'homme ne s'occupe pas généralement des enfants, ni des femmes. Il se limite juste à satisfaire ses plaisirs. Souvent, ces femmes sont utilisées, maltraitées. Aussi, je tiens à préciser que je suis musulmane et de ce fait, je ne suis pas contre la polygamie.
Par ailleurs, au Mali, les femmes sont très bien intégrées maintenant. Nous avons même eu une femme Premier ministre. Les femmes maliennes se battent pour se faire une place. Elles se battent dans la musique, le commerce, la politique… ».

Sur le plan des affaires, où en êtes-vous avec le projet Oum’ Sang, avec les Chinois, du nom de cette voiture en votre nom.
« Le projet existe déjà. Il se porte très bien. Je suis aussi dans beaucoup de projets dans l'agriculture, l’élevage, l'hôtellerie etc. Je cherche toujours à montrer le bon exemple pour inciter la femme à être autonome. J'essaye de poser des actes concrets ».

Propos recueillis par Ibrahima BA
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