Rfi : Vous ne pensez pas que l’intervention française risque de crisper une partie de la classe politique et même de l’armée ?
Tiéblé Dramé
Tiebilé Dramé : Non, je crois que l’ensemble du peuple malien, tous ceux qui souhaitent que ce pays soit libérer de cette occupation barbare, tous les démocrates sont satisfaits et soulagés par cette intervention française. C’est une brusque accélération des choses, c’est une belle surprise. Je crois qu’il n’y a pas un seul Malien aujourd’hui qui ne pousse pas un ouf de soulagement. Quand Konna est tombé le jeudi c’était la consternation à Bamako, c’était, une vive inquiétude partout. J’aimerais vous dire que les 14 millions de Maliens n’ont pas dormi dans la nuit de jeudi à vendredi par ce que l’inquiétude était partout. Donc cette intervention française est la bienvenue et tout ce qu’elle va déclencher par la suite, l’accélération de l’intervention de la CEDEAO, le soutien déjà exprimé par d’autres puissances démocratiques. Tout cela est très bien venu et les Maliens sont heureux de ce qui se passe aujourd’hui.
Votre pays depuis 1960 a toujours dit non à des soldats français, est ce que la mémoire de Modibo Keita n’est pas trahie aujourd’hui ?
Pas du tout ! Modibo Keita était un grand patriote malien, attaché à l’indépendance et à la liberté du Mali. Modibo Keita se serait insurgé contre l’occupation du Mali par ces bandes barbares. Ce dont il s’agit ce n’est pas seulement du terrorisme, ce n’est pas un simple terrorisme, c’est un régime de type moyen-âgeux obscurantiste, la négation de liberté, des droits des femmes, du droit tout court, l’amputation des mains, les viols … Modibo Keita, les pères de l’indépendance auraient applaudis pour cette intervention française par ce que la liberté est en cause, il est important que les nations démocratiques se mobilisent. C’est ce qui s’est passé en France il y a plus de soixante dix ans, la France, elle faisait face à la bête fasciste, les nations démocratiques se sont mobilisés, les peuples d’Afrique ont contribué à la libération de la France. Je crois que en soixante dix ans d’intervalle c’est à peu près la même chose. Il s’agit de lutte contre l’obscurantisme, contre une dictature moyen-âgeuse qui sévit dans ce pays.
Est-ce que l’armée malienne est capable de mener cette offensive après la déroute de jeudi à Konna ?
Si l’armée était capable de mener seul cette offensive, elle aurait fait depuis longtemps. Vous savez très bien que nous avons été défaits au mois de mars au nord du Mali et que les groupes qui nous ont défaits, ont continué à renforcer leur arsenal. D’abord, ils sont venus avec un équipement important de Libye, ensuite, ils se sont renforcés au mois de mars au détriment de l’armée malienne et en juin quand les djihadistes ont chassé le MNLA aux alentours de certaines villes, ils ont continué à renforcer leurs équipements, leurs positions. Nous avons en face, une internationale dont les moyens sont plus important que ceux de la plupart des armés de la sous région.
Mais est-ce que votre propre armée n’est pas divisée et est ce qu’il n’y a pas encore à coté des putschistes qui continuent de faire la pluie et le beau temps à Bamako ?
Justement il faudrait qu’à partir de maintenant tout cela cesse, que les divisions cessent, que l’armée se réconcilie, que ceux qui sont à Kati comme ceux qui sont à Djicoroni ou ailleurs puissent tous ensemble soutenus par le peuple malien à l’unissons, soutenu par la CEDEAO dans un bel élan de patriotisme, nous nous mettions en face de ce qui est l’essentiel à savoir libérer le pays, le réunifier et exercer l’autorité de l’Etat sur chaque centimètre carré du territoire national. Ce sont les vrais enjeux.