Les occidentaux, par ricochet l’Afrique, subissent actuellement l’effet boomerang de leurs actions déstabilisatrices du monde arabe et n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.
La Libye, la Syrie et l’Irak, bases arrière de Daesh, ont en commun d’être des pays arabes gouvernés par des dictateurs dont un seul est toujours au pouvoir, Bachar al-Assad, d’avoir subi une déstabilisation des occidentaux soit par des bombardements et l’exécution de leurs dirigeants soit en entrainant et armant des opposants. Le résultat est une multiplication de groupes terroristes comme Al-Qaeda d’Ayman al-Zaouahiri après la mort de son fondateur Osama bin Laden ;Jabhat al-Nosra ou Daesh créée en 2004 par le jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui un an après l’invasion d’Irak par les USA. Après sa mort en 2006, Abou Omar al-Baghdadi lui succède. C’est après la fusion de Jabhat al-Nosra et de l’EI que Al-Baghdadi, né en Iraq en 1971, a changé le nom de son groupe en l’État Islamique en Irak et au Levant. Pour assoir sa domination, Daesh recrute beaucoup de combattants dont des européens convertis à l’Islam surtout des anglais, des français, des suédois, des belges. Ces sources de revenus : prises d’otages, aide des musulmans européens, pillage de monuments historiques et de leurs objets antiques, filières de contrebande pour écouler, en grande partie via la Turquie voisine, sa production de pétrole, cigarettes, drogues, organes, êtres humains, coton. La Syrie étant l’un des plus gros producteurs au monde, et Daesh contrôle 90% des champs de coton syriens. À cela il faut ajouter le prélèvement d’impôts pour les droits de passages sur les routes, et le rançonnement des minorités religieuses des zones conquises. La diffusion d’images de décapitations, de pendaisons, de massacres et de violences terrifie les gens qui donnent alors de l’argent pour avoir la vie sauve. Mais sa véritable force réside non seulement dans l’exploitation et la vente du pétrole, mais surtout à sa puissance de feu et c’est là où les occidentaux se montrent hypocrites. D’abord ce sont leurs compatriotes qui grossissent les rangs de Daesh, ce sont eux qui entrainent et arment les opposants aux régimes qu’ils n’aiment pas et du jour au lendemain ces combattants débarquent avec armes et bagages dans les groupes terroristes. Le pillage des entrepôts d’armes et de munitions accentue le phénomène. Leurs camions de transport de pétrole, les pièces de rechange et autres pour l’exploitation du pétrole sont fabriqués en Europe. Le président turc Recep Tayyip Erdogan et sa famille sont impliqués dans le trafic de pétrole avec Daesh selon le Président russe Vladimir Poutine. Ils achètent le pétrole irakien et syrien à un cinquième du prix du marché. La Turquie soutient l’EI en espérant le départ de Bachar al-Assad et l’arrivée d’un régime sunnite en Syrie. Mais elle a en face les soldats russes qui combattent aux côtés de ceux de Bachar al-Assad. Dos au mur, la Turquie n’a pas eu d’autre choix que d’adopter la logique de l’escalade avec la Russie. Comme dirait l’autre les amis de mes ennemis sont mes ennemis. Elle a crée un monstre et tente de saboter les efforts pour l’empêcher de nuire. Les armes de Daesh proviennent majoritairement de la Russie, des USA, de la Chine, de la Belgique, de pays de l’ex-URSS…La Turquie, membre de l’OTAN, est aussi responsable de fournir des munitions et des pièces détachées pour les équipements militaires lourds ou moyens que Daesh a pris en butin des armées irakienne et syrienne. Il a fallu les attentats de Paris pour qu’on bouge le petit doigt. Ainsi les États-Unis, la Russie et la France bombardent leurs camions citernes, les raffineries. Daesh ne fait pas que vendre, elle achète en Turquie des biens stratégiques. Et dire que tous,ils le savaient, mais n’agissaient pas … Pure hypocrisie. L’Arabie Saoudite et le Qatar financent l’EI par des dons de particulier, de l’armement ou même de l’humanitaire. Elle obtient aussi de l’argent en prenant possession des banques dans les zones conquises. La Turquie a émis l’autorisation de collecte d’argent et d’aides pour Daesh. Selon les russes le gouvernement jordanien aussi entraîne les éléments de Daesh. Elle est l’organisation terroriste la plus riche de l’histoire et a réussi à se forger une indépendance financière, de quoi mener des actions militaires, armer, nourrir et payer ses combattants, verser des pensions aux familles des militants tués, entretenir les bases militaires, administrer les territoires nouvellement occupés, rééduquer les enseignants avant de rouvrir les écoles, et embaucher des ingénieurs pour faire tourner leurs sites pétroliers et gaziers. C’est le même tableau en Irak et en Libye. Le vice-président américain Joe Biden a mis en cause les gouvernements turcs, qataris et émiratis d’aider financièrement l’EI. Tiraillée entre son appartenance à l’OTAN et ses affinités islamistes, la Turquie ne sait plus où donner de la tête. Quant aux occidentaux, nous disons qu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, mais mieux vaut tard que jamais.
Mr Séran SACKO