Pour maintenir en vie pendant longtemps le bassin du fleuve Niger, il faut environ 3,110 milliards de dollars pour les dix années à venir. Il en faudra plus pour lutter contre la désertification dans les 11 pays d’Afrique réunis au sein de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte. C’est du moins les principales recommandations issues des deux rencontres des bailleurs de fonds avec les représentants des pays africains concernés.
“Le changement climatique dans les Etats de la Grande muraille verte particulièrement affectés et toujours très vulnérables revêt un visage particulier. Il se caractérise par un fort degré de dégradation des bases productives et des écosystèmes particuliers, une baisse notable de la productivité des communautés locales et plus récemment une montée des phénomènes de radicalisation et de migration forcées et un avenir incertain des peuples. Il constitue une grave menace pour les communautés rurales et leurs populations des terroirs de nos pays et particulièrement les groupes les plus vulnérables que sont les jeunes et les femmes“.
C’est le cri de cœur des pays membres de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte. Un cri de cœur qui a été porté par le ministre mauritanien de l’Environnement et du Développement durable, Amédi Camara, président en exercice du conseil d’administration des ministres de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte. C’était le mercredi 2 décembre 2015 dans le Pavillon africain au cours d’une rencontre des ministres en charge de l’Environnement des pays concernés avec les bailleurs de fonds.
Suite logique de la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement sur les solutions aux réponses africaines face au défi climatique, notamment la Grande muraille verte, tenue la veille sur la même question, la rencontre ministérielle a permis d’évoquer la nécessité de la lutte contre la désertification dans l’espace sahélo-saharien par l’instauration d’une Grande muraille verte dans 11 pays africains. Il s’agit, entre autres, du Burkina Faso, de l’Ethiopie, du Ghana, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigéria, du Sénégal, du Soudan, du Tchad et du Togo. Convaincus de la pertinence de l’initiative de la Grande muraille verte, les représentants des institutions de financement se sont engagés aux côtés des pays de cet espace concernée.
Selon le ministre mauritanien de l’Environnement et du Développement durable, dans un pays comme le Mali, 1 dollar investi dans l’agro foresterie produit 13 dollars pour la communauté.
Par extrapolation, les 3 milliards de dollars attendus des bailleurs de fonds permettront de transformer les terroirs de la bande sahélo-sahariens concernés par l’AGMV en pôle d’émergence économique et contribueront grandement à la promotion d’emplois verts et à l’atteinte des objectifs d’adaptation, de résilience et de neutralité en terme de dégradation des terres et de création d’un environnement propice à l’épanouissement des populations au Sahel.
Pour le président du conseil d’administration de l’AGMV, la Grande muraille verte, par un important potentiel de séquestration de carbone, contribuera à l’atténuation des impacts des émissions de gaz à effet de serre et sera un mécanisme dans le cadre des perspectives de l’Accord universel sur le climat.
En présence du président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, de la Banque mondiale, de l’Union africaine, de l’Union européenne…, les ministres en charge de l’Environnement des pays membres de l’AGMV ont tour à tour incité les bailleurs au financement de l’enveloppe demandée afin de donner corps à cet important projet. Un plaidoyer qui n’est pas tombé dans des oreilles sourdes, car les représentants des institutions financières et organisations de coopération présents ont fait part de leur volonté de soutenir cette initiative.
Plus de 3,10 milliards US pour sauver le Niger
Pour sauver le bassin du fleuve Niger, 4e fleuve important d’Afrique, les représentants des 9 pays membres de l’Autorité du bassin du fleuve Niger (Benin, Burkina Faso, Cameroun, cote d’ivoire, la Guinée Conakry, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Tchad) ont présenté à la communauté internationale un plan d’investissement climat estimé à 3,11 milliards US.
Ambassadeur de l’ABN, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, a invité les partenaires techniques et financiers à faire preuve de solidarité aux côtés des 130 millions d’habitants des pays qui composent l’espace ABN. Sur un ton inhabituel, l’ancien Premier ministre a mis les pays développés qui se trouvent être les principaux pollueurs devant leur responsabilité s’ils ne veulent pas continuer à faire face aux vagues migratoires des populations de l’espace. “C’est normal qu’on paye aux populations de ces zones ce qui leur a été arraché ; à savoir : la paix, la santé, l’alimentation“, a-t-elle martelé.
L’ambassadeur de l’ABN s’est félicité de l’engagement pris par la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement d’assurer à hauteur de 25% le financement du plan d’investissement climat présenté pour sauver le bassin du fleuve Niger.
Cependant, elle a invité les Etats membres à inscrire 10% de l’enveloppe dans leurs budgets respectifs. Long de 4200 km dont 1700 km au Mali, le fleuve Niger est un potentiel hydraulique pour les pays membres de l’ABN. Il regorge de 36 espèces de poissons. Mme Christine A. Gbedji-Vyaho, ministre de l’Eau du Bénin et présidente du conseil des ministres de l’ABN, a espéré pour sa part que les institutions financières et les partenaires privés uniront leurs efforts pour sauver le bassin du fleuve Niger qui se meurt sous le poids du changement climatique.
Markatié Daou, depuis Paris