Selon le président de la Fédération malienne de football (Femafoot), le Général Boubacar Diarra dit Baba, le Mali a participé à la Can U23 «Sénégal 2015» pour être sacré ou, à défaut, se qualifier pour le tournoi olympique de «Rio 2016». A l’arrivée, ce fut une immense déception. Favoris avec de nombreux talents, les Aigles Espoirs n’ont pas réussi à franchir le premier tour.
Le Mali a terminé sa participation à la Can U23 sur une bonne note, une mince lueur d’espoir. Pour leur dernière rencontre du groupe B à Mbour, les Aigles B ont battu l’Egypte par 1-0. Une victoire inutile, même si elle leur permet de sauver l’honneur et de terminer à la 3e place devant les Pharaons Olympiques.
Avec deux défaites (2-3 contre le Nigeria et 0-2 face à l’Algérie) et une victoire, Boubacar Diarra et ses coéquipiers ne pouvaient que voir se briser leur rêve olympique. Que de regrets !
«Il y a toujours des regrets après chaque compétition. C’est bien pour nous de terminer sur une victoire. Nous allons rentrer et préparer les échéances à venir…», a déclaré Issa Kolon Coulibaly, l’entraîneur adjoint du Mali après l’élimination de sa sélection.
Même si pour le technicien ce fut «une expérience enrichissante», cela a surtout été un révoltant gâchis pour le public sportif parce que cette formation regorge de talents réels.
La responsabilité ? Elle est d’abord au niveau de l’encadrement technique qui ne semble pas comprendre qu’on ne change pas une équipe qui gagne et que ce n’est pas forcément un condensé de talents qui fait une grande équipe.
A Mbour, la sélection des Espoirs du Mali ressemblait à un navire sans gouvernail en pleine tempête. Et en aucun moment, l’encadrement technique n’a réussi à résoudre l’équation posée par l’adversaire.
Sauf peut-être contre le Nigéria en seconde période. Profondément remaniée à la veille de la compétition, cette Equipe nationale a perdu son âme. Moins homogène et moins solidaire, elle n’était plus cette formation conquérante que nous avions vue pendant les éliminatoires.
Cheick Oumar Koné a-t-il subi des pressions pour remanier son effectif ? En tout cas, il est le seul à porter le chapeau aujourd’hui.
Seule circonstance atténuante à son actif, c’est que les Espoirs n’ont pas profité d’une bonne préparation contrairement aux cadets et aux juniors. Le Mali, d’après ce que nous avons appris, n’a fait qu’une semaine de préparation.
Comment un président de fédération peut espérer remporter un trophée continental et participer aux Jeux olympiques avec une équipe remaniée et qui ne s’est entraînée qu’une semaine ?
Ce n’est pas seulement une utopie, mais un regrettable manque de considération et de respect à l’égard de ses adversaires. Comme si nous étions plus ambitieux que les autres pays qui allaient dormir sur les lauriers de la qualification.
Une attitude qui apporte l’eau au moulin de ceux qui pensent que les performances des petites catégories (juniors et cadets) est à mettre plutôt à l’actif des clubs formateurs et du gouvernement qui se saigne chaque fois pour leur offrir une préparation à la hauteur de nos ambitions. Sinon pour la Femafoot, la performance tombe du ciel et elle ne sourit qu’aux audacieux.
Les Fennecs en préparation pendant plus d’un an
Cette élimination est une alerte à prendre au sérieux. C’est un sérieux avertissement. Nous ne pouvons pas continuer à croire que nous pouvons rivaliser avec les meilleurs du continent qui travaillent alors que nous nous consacrons toute notre énergie aux conflits de clochers. Des «faux serviteurs» d’une discipline sacrifiée sur l’autel de leurs intérêts égoïstes.
Comme le développement, la performance sportive doit être planifiée dans le temps afin d’être prêt aux moments décisifs. C’est pourquoi, contrairement à beaucoup de chroniqueurs sportifs, nous n’avons pas été surpris que l’Algérie soit qualifiée pour les demi-finales de la Can U 23 et qu’elle soit à une marche de la qualification pour le tournoi de football des Jeux Olympiques «Rio 2016». Une qualification qui était la priorité de la Fédération algérienne de football (Faf) ainsi que l’organisation d’une Can senior.
En novembre 2014, au moment où le Mali préparait le tournoi de l’Uemoa, l’équipe de Djibril Dramé a livré deux matches amicaux (0-3 et 0-1) contre la sélection olympique algérienne. A l’époque, cette formation était déjà séduisante car elle avait livré au moins deux matches amicaux l’extérieur.
Déjà bien rodés et très véloces, les Fennecs Espoirs du Suisse Pierre André Shurmann avaient été alors un bon sparring-partner pour l’encadrement technique des Aigles B du Mali.
Ce n’est donc pas surprenant de les retrouver en demi-finale et on ne va pas crier au scandale si on les retrouve en finale ou parmi les trois représentants de l’Afrique à Rio, aux Jeux Olympiques 2016.
Tout comme ce n’est pas surprenant que les protégés de Cheick Oumar Koné et Issa Kolon Coulibaly soient «passés à côté» de l’essentiel : le ticket des J.O !
«Notre déception est d’autant plus grande que ce sont les deux premières défaites que nous enregistrons avec cette équipe depuis que nous en avons la direction», avait rappelé Issa K. Coulibaly après la défaite (0-2) contre l’Algérie.
Mais, il est clair que quand on mise sur le complexe de supériorité pour vouloir surprendre les autres, au lieu de se préparer comme il se doit, il va de soi que l’équipe «sombre au moment crucial» comme contre le Nigeria (première mi-temps) et l’Algérie lors de la seconde journée du groupe B de Mbour.
Il est temps de se remettre à la tâche en enterrant la hache de guerre ou en mettant les plaisantins à la touche. Travailler avec rigueur dans l’ombre, c’est la meilleure tactique pour surprendre ses adversaires. Le travail paye toujours !
Moussa Bolly