BAMAKO - Le chef des putschistes du 22 mars au Mali, le capitaine Amadou Sanogo, a obtenu le statut d`ex-président, avec tous les avantages dus à ce rang, et la période de transition a été fixée à douze mois, en vertu d`un accord conclu dimanche entre ex-junte, Bamako et l`Afrique de l`Ouest.
Cet accord a été signé par le capitaine Sanogo, le président malien par intérim Dioncounda Traoré, son Premier ministre Cheick Modibo Diarra et le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, un des médiateurs pour la résolution de la crise malienne, selon des sources dans l`entourage du capitaine Sanogo et de la médiation.
"Le capitaine Amadou Sanogo a un statut d`ancien chef d`Etat. Il bénéficiera des avantages dus à son rang", a déclaré à la radio publique M. Bassolé, présent depuis samedi à Bamako avec les ministres ivoirien Adama Bictogo et nigérian Mohamed Nourredine, tous dépêchés par la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cédéao).
En outre, eux termes du même accord, les différentes parties ont fixé la période de transition à douze mois à compter de l`expiration du délai constitutionnel de 40 jours d`intérim, qui tombe mardi prochain, selon les sources dans l`entourage capitaine Sanogo et de la médiation.
D`après un accord de principe annoncé samedi soir par la Cédéao et l`ex-junte militaire, Dioncounda Traoré va demeurer à la tête du pays durant la transition, ce qu`avaient précédemment refusé les putschistes. M. Traoré, 70 ans, était président de l`Assemblée nationale jusqu`au renversement du régime d`Amadou Toumani Touré (ATT).
Les putschistes menés par le capitaine Amadou Haya Sanogo ont ensuite accepté de rendre le pouvoir aux civils aux termes d`un accord cadre avec la Cédéao signé le 6 avril. ATT a formellement démissionné (il est aujourd`hui réfugié au Sénégal), Dioncounda Traoré a été investi le 12 avril comme président par intérim, sans réussir à sortir le Mali de la crise née du putsch, qui a accéléré la chute du nord du pays aux mains de divers groupes armés dominés par des islamistes.
"Mesures d`accompagnement"
Lors d`un sommet le 26 avril à Abidjan, les chefs d`Etat de la Cédéao avaient annoncé avoir fixé la période de transition au Mali à douze mois, en appelant les putschistes à "retourner dans les casernes".
Ces décisions du sommet avaient alors été rejetées par l`ex-junte militaire, qui ne s`est jamais véritablement mise à l`écart du pouvoir et entendait faire démettre Dioncounda Traoré au terme du délai constitutionnel de 40 jours. Depuis, la Cédéao s`était gardée de préciser la durée du processus au Mali.
Le statut d`ex-chef d`Etat accordé au capitaine Sanogo signifie notamment qu`il aura droit "au traitement et aux indemnités accordés à un chef d`Etat à la retraite. Il aura une garde rapprochée, il sera logé par l`Etat" notamment, c`est l`"une des mesures d`accompagnement de l`accord de principe" conclu samedi, a expliqué dimanche soir une source militaire proche du capitaine Sanogo.
Les ministres ouest-africains médiateurs, qui ont poursuivi leurs discussions avec différents protagonistes de la crise malienne, ont été rejoints dimanche à Bamako par des chefs militaires burkinabè et ivoirien, le président de la Commission de la Cédéao Kadré Désiré Ouédraogo, le représentant du Secrétaire général de l`ONU en Afrique de l`Ouest, Saïd Djinnit et un responsable de l`Union africaine.
"Ils sont tous venus pour finaliser les mesures d`accompagnement de la transition, appuyer la médiation et laisser clairement entendre que chaque camp doit respecter ses engagements", avait déclaré dimanche après-midi à l`AFP une source proche de la médiation.