BAMAKO (Mali) - Faute de partir combattre les forces islamistes dans le Nord, des dizaines de Maliens, ainsi que quelques Françaises, faisaient la queue lundi à Bamako pour donner leur sang "en soutien à l`armée".
A l`appel du Front uni pour la défense de la République et de la démocratie
(FDR), coalition d`une quarantaine de partis politiques et organisations
opposés au coup d`Etat du 22 mars, ils sont arrivés en début de matinée à la
bourse du Travail dans laquelle une salle de prise de sang a été improvisée et
des infirmiers mobilisés pour le premier jour d`une opération qui devrait
durer.
Des chaises pliantes, de petits socles de plastiques pour poser, à même le
sol, les poches de sang qui se remplissent lentement avant d`être stockés dans
de grandes boîtes isothermes bleues, pour être envoyées ensuite à la Banque du
sang où elles seront testées avant d`être envoyées dans les hôpitaux.
La grosse aiguille dans le bras, le sourire aux lèvres, Diarra Amadou, un
comptable de 38 ans, assure être là pour "venir en aide à nos soldats, et à
tous les blessés de cette guerre juste".
"Toute la jeunesse, tout le peuple du Mali était frustré face à ces
agressions de terroristes islamistes. Enfin la décision de les attaquer a été
prise, je ne suis pas soldat, donc c`est ma façon de participer à l`effort de
guerre, conformément à l`appel qui a été lancé par le président de la
République", dit-il.
Diarra Amadou, comme tous les autres donneurs interrogés lundi matin par
l`AFP, tient à "remercier et féliciter la France pour les sacrifices qu`elle
accepte pour sauver le Mali. Un pilote français d`hélicoptère est mort, nous
n`oublierons jamais son sacrifice".
Kadjaiou Coulibaly, députée malienne, est également vice-présidente du FDR.
Elle attend son tour. "Je suis ici en soutien à ceux qui se battent sur le
front", dit-elle. "Nous allons également lancer une souscription pour
collecter des fonds et acheter des munitions pour nos soldats".
La France a "sauvé notre pays"
"L`intervention française a sauvé notre pays" dit-elle. "Notre
reconnaissance sera éternelle".
En fin de matinée, deux Françaises d`une cinquantaine d`années se
présentent. Elles demandent à rester anonymes. L`une d`elles, professeur, ne
va pas pouvoir donner son sang. "Je ne fais que 44 kilos, ils n`acceptent que
les donneurs de plus de 50 kilos", sourit-elle. "Je ne pensais pas avoir
autant maigri, je ne me pèse jamais...".
"Nous sommes soulagés", dit-elle, assurant exprimer le sentiment de la
communauté française expatriée, qui compte environ six mille membres. "Nous
savions bien qu`entre les islamistes et Bamako, il n`y avait rien. L`armée
malienne n`existe pas, les pouvoirs publics étaient complètement dépassés,
rien n`aurait pu les arrêter. L`inquiétude montait sérieusement au cours des
derniers jours, maintenant, ça va mieux".
Aliou Sankare, 40 ans, a apporté un petit drapeau français, qu`il tient
dans la main avec sa feuille de prélèvement. "Merci à la France, merci au
président (François) Hollande", dit-il. "Il faut que l`armée française reste à
nos côtés en attendant que la force africaine s`organise et nous aide à mettre
hors d`état de nuire ces bandits qui prétendent agir au nom de l`Islam et
salissent son nom".
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