L’étude de l’histoire et surtout celle des révolutions ou insurrections populaires, nous enseigne qu’il y a toujours de la part des tenants d’un ancien pouvoir des tentatives de récupération, voire des velléités de restauration de l’ordre ancien. Et malheureusement, dans la plupart des cas, ces tentatives de restauration qu’elles se fassent de façon violente ou plus subtile aboutissent. On parle alors, de révolutions inachevées.
Au Burkina Faso, il semble que les ténors du mouvement «Le balai citoyen » et leurs alliés des partis politiques de l’opposition ont voulu tirer les leçons de toutes ces révolutions inachevées, c’est sans doute une des raisons qui les ont amenés à refuser à ce que les inconditionnels de Blaise postulent aux suffrages de leurs concitoyens. La crainte de l’opposition, légitime du reste, était : ayant fui la maison par la fenêtre ou par la porte dérobée, lors des tempêtes, que ces hommes et ces femmes de l’ordre ancien, reviennent par la porte cochère largement ouverte, via une consultation populaire. La tentative musclée de restauration du général Diendéré déjouée in extrémis est venue la conforter dans ses appréhensions ! C’est dire que les consultations de novembre 2015, un an après l’insurrection populaire, avaient une grande importance pour tous les Burkinabè et pour tous les observateurs de la scène politique au pays des hommes intègres et même africaine. Le Burkina Faso devenu à cette occasion, un laboratoire d’observation d’un mouvement démocratique africain, digne d’intérêt.
Les résultats ont consacré la victoire de Roch Marc Christian Kaboré à l’élection présidentielle et celle (relative) de son parti aux élections législatives, comme pour corroborer les cinq premiers mots de cette citation des saintes écritures : « les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers » !
En effet, ayant été un fidèle compagnon du président Compaoré et ayant occupé tous les postes de commandement pendant tout le temps, tel un Talleyrand, « sentant le vent », Roch Marc Christian Kaboré abandonne le navire du pouvoir quelques dix mois avant qu’il ne coule, pour fonder un nouveau parti et rejoindre l’opposition. Bien qu’il ait été un acteur significatif du mouvement insurrectionnel, quel crédit peut-on lui accorder, lui qui a pris le train en marche ?
Pourrait-il résoudre ne serait-ce que ces deux principales questions qui tiennent à cœur les Burkinabè à savoir : le problème des assassinats politiques et celui de la corruption ? Il lui sera très difficile de les esquiver ; sans compter les sempiternelles questions de chômage des jeunes, du coût de la vie qui ne sont pas propres qu’au Burkina Faso, mais qui se bousculent aux portes des priorités. C’est dire que le nouveau président du Faso n’aura aucune période de grâce.
Cela dit, il est vrai que l’homme possède beaucoup d’atouts. Pourra-t-il les exploiter de façon rationnelle et optimale ? C’est à lui de prouver que ses compatriotes ne se sont pas trompés en lui confiant pour les cinq années à venir, les clés de Kosyam, sis à Ouaga 2000.
Wamseru A. Asama