Afrique Info : Bonjour monsieur Alassane DIENE. Vous êtes directeur général d’Orange-Mali depuis le mois de septembre. Quel est votre parcours ?
Monsieur Alassane DIENE : J’ai commencé dans le groupe à Dakar au sein de la Sonatel puis je suis parti en Guinée Conakry pour créer Orange Guinée avant de prendre la direction d’Orange-Mali.
Afrique Info : En arrivant chez Orange Mali, qu’est-ce qui vous a marqué ?
Monsieur Alassane DIENE : C’est sans conteste le rôle d’Orange Money dans la vie des Maliens !
Afrique Info : A ce propos, quand on voit le rôle qu’Orange Mali joue dans le pays d’un point de vue économique et social, comment réagissez-vous à l’appel à Boycott ?
Monsieur Alassane DIENE : Mes équipes ont lu tout ce que ces clients d’orange Mali ont écrit car nous avons de nombreux dispositifs d’écoute de nos clients : les remontés au service clients qui œuvre 7 jours sur 7 de 8h à minuit, les études périodiques et désormais les médias sociaux. Les mouvements qui se sont créés ont choisi une voie nouvelle d’expression avec un langage faisant preuve d’agressivité. Nombre de nos clients fidèles ont été choqués et se sont demandés pourquoi Orange Mali ne se défendait pas.
Afrique Info : Et justement, pourquoi Orange Mali n’a pas répondu ?
Monsieur Alassane DIENE : Nous avons répondu à des questions de journalistes qui nous ont contactés en faisant leur travail d’investigations comme vous le faites et aussi à des auditeurs de radio qui ont posé également des questions précises. Nous répondons tous les jours à nos clients qui nous contactent directement. Certains nous écrivent, nous rendent visite, nous appellent.
Afrique Info : Mais sur le fond des revendications, les Internautes qui se sont manifestés bruyamment ont-ils raison ? Est-ce que les services d’Orange Mali sont plus chers ?
Monsieur Alassane DIENE : Nos prix sont concurrentiels sur le marché, ils sont au même niveau que la concurrence. En revanche nous avons la volonté d’arriver à démocratiser l’Internet à la maison. Nous savons que cette démocratisation passe par des offres de meilleur débit et plus accessibles. Nous tablions sur la mise en vente de fréquences 4G depuis 2 ans pour pouvoir offrir la technologie qui permette d’augmenter les débits et réduire les prix. Depuis quelques temps nous savons que cette technologie ne sera pas disponible avant fin 2016 voire 2017. Nos équipes techniques ont donc investi dans notre réseau 3G+ pour accroître le débit des antennes (à Bamako le réseau tourne maintenant à 42 mbps et les capitales régionales sont en train de suivre). Nous avons aussi fait des modifications dans notre cœur de réseau mais ceci est très technique.
Afrique Info : Est-ce que cela veut dire qu’un internet plus rapide et moins cher au Mali est pour bientôt ?
Monsieur Alassane DIENE : Oui
Afrique Info : Mais pourquoi n’avez-vous pas répondu cela au mouvement de boycott ?
Monsieur Alassane DIENE : Nous n’avons pas l’objectif de faire des promesses en réponse à des préoccupations et nous préférons apporter des preuves concrètes par respect pour nos clients.
Afrique Info : Donc pour l’Internet cela devrait s’arranger mais pour la voix et la data mobile, pourquoi vous ne faites pas les prix des autres sociétés Orange des pays voisins ?
Monsieur Alassane DIENE : Il y a de nombreuses choses à comprendre sur les prix. D’abord dans un pays où les promotions sont très nombreuses, les grilles tarifaires ne sont plus une réalité pour les clients. Nos clients par exemple ont très souvent l’opportunité d’acheter un forfait Sewa qui donne 15 minutes d’appels vers tous les réseaux, 20 SMS et 20 Mo. Si avec ce forfait vous décidez de ne faire que de la voix, la minute vous revient à 33 F…on est loin des 108 F ! Nous avons aussi beaucoup de promotions bonus, soit pour tous, soit ciblées, cela représente beaucoup de minutes d’appel gratuites ! C’est donc difficile de comparer les niveaux de prix d’un pays à l’autre sur la base des grilles tarifaires.
Ensuite il faut comprendre que le Mali est un très vaste pays, 6 fois plus grand que le Sénégal, 4 fois plus grand que la Côte d’ivoire. Couvrir toute la population demande beaucoup plus d’antennes et donc le coût pour l’opérateur est beaucoup plus élevé !
Afrique Info : D’accord pour la voix mais les pass internet, vous ne pouvez pas dire qu’ils ne sont pas plus chers quand même ? Orange Côte d’Ivoire vend 1Go à 5150F et vous, comme Malitel d’ailleurs, c’est 7500F !!!
Monsieur Alassane DIENE : Pour les pass data, en plus du nombre d’antennes plus grand que dans les autres pays et qui a donc un coût, il y a aussi la connexion à l’Internet international qui doit passer par un câble sous-marin côtier. Il nous a fallu construire 3000 km de fibre optique vers Dakar et vers Abidjan pour se raccorder à ce câble. Le Mégabit de bande passante internationale rendu au Mali coûte 320 euros alors qu’il ne coûte que 86 euros à Dakar ou Abidjan.
Mais ce n’est pas tout : prenons l’exemple du forfait de Côte d’Ivoire que vous mentionnez, je le connais bien car mon équipe a tous ces tarifs sous les yeux en permanence ! C’est un forfait de 1Go à 5150F valable 30 jours, celui d’Orange Mali vaut 7500F mais il est valable 60 jours. Orange Niger par exemple vend un forfait de 1.5Go à 7500F ce qui semble généreux mais la validité n’est que de 7 jours ! La souplesse dans la durée pour utiliser le forfait acheté a de la valeur.
Afrique Info : Je retiens que tout cela est à la fois simple et compliqué : on ne peut pas comparer les prix d’un pays à l’autre et au Mali les prix sont similaires quel que soit l’opérateur c’est ça ?
Monsieur Alassane DIENE : En synthèse, oui. Nous allons continuer à investir massivement dans les infrastructures télécoms les plus modernes pour offrir à nos clients une expérience internet data des plus relevées.
Afrique Info : Merci monsieur le Directeur Général de ces explications.
Interview réalisée par Abdoulaye Simpara