PARIS - L'intervention au Mali ayant accentué la menace terroriste, le gouvernement français a renforcé son plan Vigipirate au niveau "rouge", sans aller jusqu'à activer le niveau culminant "écarlate", en cas d'attentat imminent.
Confirmant les craintes de Paris, Omar Ould Hamaha, porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le Djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), a menacé lundi la France de représailles.
"La France a ouvert, pour tous les Français, les portes de l'enfer. Elle est tombée dans un piège beaucoup plus dangereux que l'Afghanistan, l'Irak ou la Somalie. Et ça n'est que le commencement !", a-t-il dit sur Europe 1.
Sanda Ould Boumama, porte-parole du groupe rebelle Ansar Dine, avait auparavant déclaré à Reuters qu'il y aurait "des conséquences, non seulement pour les otages français, mais aussi pour tous les ressortissants français où qu'ils se trouvent dans le monde musulman".
Mais les ministres français de l'Intérieur et de la Défense, Manuel Valls et Jean-Yves Le Drian, se sont efforcés de relativiser ces propos, expliquant que des "menaces explicites" étaient régulièrement publiées par des groupes sahéliens.
Il est normal que le groupe Mujao, "très largement touché" par les frappes aériennes de dimanche au Mali, "réagisse, comme d'habitude, par du chantage sur les populations", a dit Jean-Yves Le Drian sur BFM TV.
"Ce n'est pas en cédant aux terroristes que l'on diminue la menace qui, je le rappelle, n'est pas nouvelle. Comme d'autres pays, la France est régulièrement ciblée par des groupes qui se réclament du djihadisme global", renchérit Manuel Valls dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Pour le ministre de l'Intérieur, la situation au Mali peut inciter des individus ou des groupes à passer à l'action en France ou à l'étranger, à l'instar de Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse en Montauban en mars 2012, ou de la cellule démantelée à Cannes et Strasbourg en octobre.
"RESSERRER LES MAILLES DU FILET"
De fait, Paris maintient le plan Vigipirate de protection des lieux publics et des réseaux de transport au niveau rouge depuis les attentats de Londres en 2005.
Mais sur une période aussi longue, l'attention peut s'émousser, a expliqué Manuel Valls, qui entend donc accentuer les contrôles à l'entrée et autour des bâtiments accueillant du public, ainsi que dans les gares et aéroports.
Certains lieux de culte et ambassades seront davantage protégés et les services de renseignement ont renforcé leurs activités, a précisé le ministère dans un communiqué.
Manuel Valls souligne dans Le Monde, daté de mardi, qu'il s'agit de "resserrer les mailles du filet sur tous ceux qui peuvent à la fois commettre des actes sur notre sol ou qui émettent le souhait de partir combattre au Mali".
Dans Libération, lundi, Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé du contre-terrorisme, précise qu'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a "la volonté de frapper en France depuis des années" mais n'a pas réussi faute, peut-être, "de structures opérationnelles" sur le territoire français.
Sur son portail de prévention des risques majeurs, le gouvernement rappelle que la France a déjà été confrontée à des actions terroristes, en particulier avec la vague d'attentats en septembre 1986 à Paris et attribuée au Hezbollah libanais.
Le plus meurtrier, contre le magasin Tati de la rue de Rennes, a fait sept morts.
S'y ajoutent les attentats de juillet et octobre 1995, dont quatre dans les transports en commun et celui de décembre 1996 dans le RER à Paris, qui ont fait au total huit morts et 200 blessés et ont été attribués au Groupe islamique armé (GIA) d'Algérie.