NEW YORK (Nations unies), 14 jan 2013 (AFP) - La France a informé lundi ses
partenaires du Conseil de sécurité des progrès de son intervention au Mali
contre les groupes islamistes du Nord et obtenu leur soutien de principe même
si certains s`interrogent sur la suite des événements.
A l`issue de consultations à huis clos au Conseil, l`ambassadeur français à
l`ONU Gérard Araud s`est félicité de "la compréhension et du soutien de tous
les partenaires" de la France.
"Tous nos partenaires ont reconnu que la France agit en conformité avec la
légalité internationale et la charte de l`ONU", a-t-il déclaré à la presse.
Il a réaffirmé que la priorité pour la France était "la mise en oeuvre
rapide de la résolution 2085 de l`ONU" adoptée le 20 décembre dernier.
Cette résolution autorise le déploiement à terme d`une force
internationale, essentiellement africaine -- baptisée Mission internationale
de soutien au Mali (MISMA) - pour reconquérir le nord du Mali, aux mains
d`islamistes armés. Elle prévoit aussi un processus de réconciliation
politique à Bamako et des négociations avec les rebelles du Nord qui se
dissocieraient du terrorisme.
L`opération Serval doit "encourager ce processus politique", a estimé
l`ambassadeur. "L`intervention française est le résultat d`une urgence mais
une fois arrêtée l`offensive (des islamistes), nous devons mettre en oeuvre la
résolution 2085 dans toutes ses dispositions, dont le processus politique".
Selon des experts, la MISMA ne pourra vraiment être opérationnelle que dans
plusieurs mois. Et la résolution 2085 prévoit que la force ne parte à la
reconquête du Nord qu`une fois jugée prête au combat.
Questions sur la viabilité de la Mission internationale
"Nous faisons tout à fait confiance à la France", a affirmé l`ambassadrice
américaine Susan Rice, estimant que l`intervention française avait une "base
ferme". Elle s`est félicité de ce que "les Français aient heureusement traité
de manière professionnelle la menace islamiste".
Mais elle a souligné que les Etats-Unis restaient sceptiques sur la
capacité des forces maliennes et de leurs alliés ouest-africains de
reconquérir le Nord. "Les Etats-Unis se sont toujours posé des questions sur
la viabilité du concept" de la MISMA, a-t-elle reconnu, estimant que l`armée
malienne avait été "mise sens dessus dessous" par la dernière offensive des
islamistes.
Pour Mme Rice, il faut "revoir presque de fond en comble" le schéma de la
MISMA "étant donné que les circonstances sur le terrain ont beaucoup changé".
Même si les Etats-Unis "partagent l`objectif français d`empêcher des
terroristes de bénéficier d`un sanctuaire dans la région", selon les termes du
département d`Etat, ils n`ont pas encore pris de décision ferme concernant
l`aide logistique que la France leur a demandée pour son intervention.
De son côté la Russie considère que l`opération Serval respecte la légalité
internationale, a indiqué l`ambassadeur russe Vitali Tchourkine.
Pékin, qui a d`importants intérêts commerciaux en Afrique, a par la voix de
son ministère des affaires étrangères "condamné la récente attaque de forces
anti-gouvernementales au Mali", c`est-à-dire l`avancée des islamistes vers
Bamako. La Chine rappelle qu`elle "avait toujours soutenu les efforts du
gouvernement malien pour défendre sa souveraineté et son intégrité
territoriale".
Le secrétaire général de l`ONU Ban Ki-moon a apporté lundi son soutien à l`intervention française, se félicitant que "des partenaires bilatéraux répondent (..) à la demande d`aide (de Bamako) pour contrer l`avance inquiétante vers le Sud de groupes armés et des groupes terroristes".
L`ONU a par ailleurs indiqué que certains des groupes armés du Nord Mali s`efforçaient d`empêcher des milliers de Maliens de fuir la zone des combats pour se réfugier au sud.