Les histoires de colocataires dans notre pays dévoilent toujours leur lot de jalousies et d’agressions physiques, allant souvent jusqu’aux crimes, des plus passionnels au plus odieux.
En voici un exemple, révélateur de ce mal de vivre entre colocataires. Notre victime se nomme Mariam Bocoum, esthéticienne de son état, une djokoromé rapatriée de France sous Nicolas Sarkozy.
Du haut de sa trentaine d’années, elle vivait avec sa mère et son frère dans la même cour que Kadidiatou Diarra, sa présumée tortionnaire, à Bacodjikoroni ACI, dans une atmosphère pourrie, pleine de contentieux non résolus.
Le vendredi 11 novembre 2015 dans l’après-midi, elles se sont affrontées violemment, jusqu’à la blessure grave de l’une d’entre elles. Leurs versions se contredisent, mais nous allons tenter d’y voir clair.
Après l’avoir cherchée au ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, nous avons rencontré Mariam Bocoum au Commissariat du 1er Arrondissement, où elle s’était rendue pour porter plainte contre Kadiatou Diarra pour coup et blessures volontaires sur sa personne.
Elle a été reçue par le Commissaire de Police Adjoint Ousmane Diallo, qui, après l’avoir écoutée, a instruit à ses éléments d’aller lui faire faire les 1ers soins pour ensuite se rendre à la Brigade Territoriale de Bamako Coura.
Aux Urgences de l’hopital Gabriel Touré, les médecins ont fait leur diagnostic et prescrit une ordonnance, avant de demander à Mariam de payer son ticket d’entrée et ses médicaments, car pas d’argent, pas de premiers soins est la règle.
A la BT de Bamako Coura, il lui a été demandé de se rendre à celle de Faladiè, avant qu’informé de cette tournure, le Commissaire Ousmane Diallo ne se rende avec la blessée au Tribunal de la C III du District. Là, le Procureur Alou Nampé a instruit au Commissaire d’amener l’affaire au Camp 1.
Après avoir échangé avec le Commissaire et reçu la plainte de Mariam Bocoum, le CB du camp 1, Adama Marico, a remis à ses éléments un mandat d’amener ou de réquisition pour Kadiatou Diarra, l’autre protagoniste.
Vers 19 heures, l’Officier de police judiciaire Mamadou I. Doumbia est revenu très énervé en compagnie de Kadiatou, disant que cela n’avait pas été facile, que celle-ci avait insulté par 3 fois son père et qu’il a su garder ses nerfs. C’est là qu’a commencé la confrontation des deux versions devant le CB et ses OPJ.
Selon Mariam Bocoum, le contentieux remonte à un peu plus longtemps. Pour cette journée, vers 14 heures, elle serait sortie, munie de sa carafe, prendre de l’eau au robinet qu’elle partage avec les autres colocataires. Voulant se frayer un chemin pour atteindre le robinet, elle aurait demandé à Kadiatou, qui lavait ses ustensiles juste à côté, de déplacer son seau.
Celle-ci l’aurait insultée, sans s’exécuter. La 2ème fois, selon Mariam Bocoum, que sa voisine l’a insultée, elle a répliqué en lui disant que son jeune frère était plus âgé qu’elle. C’est ainsi qu’elles se sont affrontées au corps à corps avant que les gens ne viennent les séparer.
Ensuite, alors qu’elle se retournait pour la 3ème fois pour répondre aux insultes de Kadiatou, celle-ci lui aurait troué le front à l’aide des pointes d’une marmite. Interrogée, Kadiatou nia cette thèse et raconta qu’elle s’entendait très bien avec Bocoum et sa maman. Mais, tout d’un coup, celle-ci aurait arrêté de répondre même à ses salutations.
Ce jour-la, Mariam l’aurait insultée, avant d’essayer de la frapper à l’aide d’un petit pilon et de lui mordre les doigts. «Je ne sais pas comment elle s’est fait cette blessure. En tout cas, ce n’est pas moi. Quand on a été séparées, c’est moi qui saignais, pas elle. D’ailleurs, je suis enceinte d’un mois et je dois me faire consulter» a déclaré kadiatou.
Le CB Adama Mariko, après avoir félicité son agent pour sa conduite au moment de l’arrestation et écouté les deux versions, a instruit à l’un de ses agents de faire l’audition et de mettre en œuvre la procédure adéquate, mettant en garde à vue Kadiatou Diarra.
Mohamed Naman Keita