Les élections du bureau de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) se sont déroulées, comme prévu, le samedi 12 décembre dernier. À l’issue du scrutin, un bureau dit consensuel dirigé par le président sortant, Bakary Togola, a été mis en place. Peut-être pas pour longtemps puisque le scrutin a été entaché d’irrégularités dès le départ selon un jugement rendu par le tribunal de première instance de Kati.
Selon plusieurs sources concordantes, cette élection a été une véritable mascarade. Car, tout a été mis en œuvre pour écarter les candidats potentiels pouvant tenir tête au président sortant de l’APCAM, Bakary Togola. Et nos sources de poursuivre que ses hommes de main servaient dans les segments de l’administration. Le cas le plus frappant a été celui de la mise en place du bureau communal de la chambre d’agriculture du Mandé.
En effet, après l’installation d’un bureau parallèle concocté par le maire de la commune rurale du Mandé, Mamourou Kéïta, à la suite d’une plainte introduite par le mandataire du bureau légitimement mis en place, le juge du Tribunal de grande instance de Kati a ordonné l’annulation de l’élection par les soins du maire.
La même situation s’est produite en commune VI du district de Bamako. Malgré ces décisions de justice, la machine électorale mise en branle, pour imposer Bakary Togola, a continué de fonctionner en ignorant complètement le jugement rendu par le tribunal.
Nos sources sont formelles : « la commission nationale d’organisation de ce scrutin s’est transformée en un véritable comité électoral pour Bakary Togola. Les élections ont été entachées de beaucoup d’irrégularités du début à la fin comme l’atteste la grosse du Tribunal de grande instance de Kati ».
Autre fait troublant dans ce dossier. Aussitôt après la tenue des élections, le samedi 12 décembre, la commission d’organisation s’est précipitée à organiser l’investiture du nouveau président dès le lendemain, dimanche 13 décembre.
Selon les spécialistes de ce scrutin, les résultats de ce genre d’élection doivent être validés à travers une note dûment signée et légalisée par une autorité compétente. « Quelle autorité va accepter valider une élection en 24 heures de surcroit un week-end ? », s’est interrogé l’un de nos interlocuteurs. Et d’ajouter que même les cartes d’invitation pour la cérémonie d’investiture de Bakary Togola ont été envoyées bien avant la tenue des élections. C’est dire que la messe était dite. Ou que les dès étaient pipés à l’avance.
Du côté des contestataires, ils comptent saisir le tribunal pour l’annulation pure et simple de ces élections. « Il faut que le droit soit dit. On ne peut plus continuer à cautionner de tels actes. Les élections n’ont respecté aucune règle du jeu démocratique en excluant les vrais acteurs du monde rural. Ce scrutin nous donne l’impression qu’on n’est pas dans un État de droit. Ce sont les billets de banque et les véhicules 4×4 qui ont fait réélire Bakary Togola. À ce titre, il n’est pas représentatif des agriculteurs ».
Selon un autre contestataire, les vrais acteurs exclus du processus de ces élections professionnelles useront de tous les moyens légaux jusqu’à l’annulation du nouveau bureau de l’APCAM imposé, le samedi 12 décembre 2015.
Pour une fois, Bakary Togola n’aura pas le loisir de dormir du sommeil des justes.
Correspondance particulière Boubacar PAITAO