Des funérailles nationales pour les 21 bérets rouges et la comparution de tous les accusés : telle est la raison d’être de l’Association des parents des bérets rouges assassinés (Apembra). En conférence de presse, hier à la Maison de la presse, elle s’est interrogée sur le silence des autorités sur l’assassinat de leurs proches et la nouvelle tournure judiciaire en cours.
Arrêtés dans l’enquête dite “affaire des bérets rouge”, le représentant du procureur général a demandé récemment un non-lieu pour les généraux Yamoussa Camara, Ibrahim Dahirou Dembélé et Sidi Alassane Touré, respectivement ministre de la Défense, chef d’état-major des armées et chef des services des renseignements au moment des faits. Ce qui, selon les familles des victimes, est en contradiction avec les recommandations du juge d’instruction en charge du dossier qui avait retenu ces hauts gradés compagnons de l’ex-junte de Kati dans les liens de l’accusation.
Révoltées par cette nouvelle tournure, les familles endeuillées ont estimé que si cette demande était agréée, la seule certitude serait que l’on se dirigerait à un non-lieu en faveur de ces trois anciens responsables militaires. Et pour fustiger un tel acte, l’Association des familles des victimes a sonné l’alerte. Son secrétaire général, Yacouba Dembélé, est revenu sur les faits.
“Avant leurs disparitions, nous avions vu et parlé avec nos proches à Kati pendant les journées du 1er et 2 mai 2012. Ils étaient détenus dans des conditions inhumaines. Ils étaient humiliés, enchaînés aux pieds et aux cous puis menottés aux mains”, a-t-il témoigné. Pis, a expliqué M. Dembélé, les détenus de la junte d’Amadou Aya Sanogo ont subi toutes sortes de violations et de traitements inhumains et dégradants avant d’être jetés dans une fosse commune à Diago. Cependant, il a fallu plusieurs mois d’intenses tractations pour aboutir à une plainte le 6 mars 2013 auprès du procureur de la République près du Tribunal de première instance de la Commune III.
Des préalables
De cette date à nos jours, le dossier a évolué à travers les enquêtes qui ont conduit à plusieurs arrestations et à la découverte d’un charnier à Diago identifié comme recelant les ossements et les crânes des 21 bérets rouges disparus. Cette découverte a permis d’effectuer les tests ADN sur les parents des victimes qui ont confirmé que les crânes exhumés à Diago sont ceux des 21 bérets rouges, fera remarquer notre interlocuteur.
Pour tourner cette page sombre, la présidente de l’Association, Mme Sagara Bintou Maïga, a plaidé la comparution de tous les accusés sans exception. “Nous croyons en la justice et nous lui demandons de faire comparaître tous les accusés devant la Cour d’assises pour qu’ils y répondent et permettent à la partie civile de démontrer leur implication dans l’assassinat de nos époux et nos fils”, clamera-t-elle.
En plus, l’Association exige de l’Etat du Mali, à travers le chef de l’Etat, l’organisation des funérailles nationales pour les 21 bérets rouges assassinés dans le but de permettre aux familles de faire leur deuil, ce qui constituera du reste, pour les parents des victimes, un préalable pour la réconciliation.
C’est l’attitude silencieuse des plus hautes autorités qui agace les membres de l’Association, car elle est convaincue que ni le président de la République, ni le Premier ministre, ni le ministre de la Défense ni son collègue de la Justice n’en fait pas une urgence.
Créée suite aux affrontements du 30 avril au 1er mai 2012 entre bérets et bérets verts, l’Association regroupe parents et épouses des éléments du camp para.
Alpha Mahamane Cissé