La nouvelle reforme préconisée a l’avantage de stimuler la recherche, d’améliorer la qualité et le contenu de l’enseignement dispensé. Elle assure l’autonomisation des Universités et du personnel enseignant qui se souciera moins de son avancement que de la production intellectuelle qui lui ouvrira des perspectives nouvelles.
Le développement d’une société passe nécessairement par la bonne qualité de ses ressources humaines. « Tous les pays qui se sont développés ont d’abord commencé par régler le problème de l’éducation de leur jeunesse » selon le ministre de l’Enseignement supérieur, Me Mountaga Tall. Le Mali ne pourra pas faire exception à la règle. D’ailleurs, c’est à cette problématique que le régime de Modibo Kéïta s’était attaqué en premier lieu aussitôt l’indépendance acquise. La réforme de l’éducation, communément appelée la réforme de 1962 au Mali, était citée en exemple en Afrique. C’est au regard de la profondeur de cette question cruciale que les nouvelles autorités ont décidé d’innover la pratique de l’enseignement désormais au Mali, particulièrement dans les universités, qui sont le lieu de formation de l’élite. Ainsi, la réforme proposée consiste à revoir en profondeur le système de professeur assistant dans nos universités.
Selon le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, il a été établi que les professeurs assistants restent confinés à cette tâche de subalterne pendant des décennies. Pour lui, certains y demeurent depuis plus de 20 ans. Le système est fait de telle sorte que l’horizon leur est complètement obstrué. Or, la science est un domaine très dynamique. Dans ces conditions, pour dispenser des cours de qualité, le maître doit impérativement suivre la courbe ascendante des innovations scientifiques et techniques. Sinon, lui-même va être dépassé. Il s’agit selon le ministre de mettre fin à la pratique actuelle qui consiste à exploiter ad vitam aeternam des jeunes étudiants ou des professeurs du lycée qui aspirent au Doctorat. La démarche consiste à les placer aux côtés des professeurs expérimentés (des directeurs de recherche) pour leur permettre de préparer leurs Doctorats. Les aspirants auront six ans pour se préparer à cet effet. Dès qu’ils présentent leurs thèses, ils sont immédiatement recrutés dans la fonction publique dans leurs spécialités. Les nouvelles recrues commencent directement comme maîtres assistants et non des assistants de carrière. Cette méthode de saine émulation présente un double avantage selon le ministre Mountaga Tall. Elle stimule la recherche dans nos Universités et améliore la qualité de l’enseignement. L’objectif des Autorités est de hisser nos Universités aux normes internationales. Mais, l’innovation dans le mode de recrutement et de gestion du personnel enseignant a été balayée d’un revers de la main par les syndicalistes, qui préfèrent s’accommoder avec la routine plutôt que de s’ouvrir au progrès. Et, pour cause, ils ne veulent pas perdre la mainmise sur un système qu’ils ne cessent de presser à leur seul avantage.
Est-il besoin de rappeler que certains professeurs qui sont sortis du système universitaire pendant des années pour servir dans des postes de nomination dans les administrations d’Etat, continuent encore non seulement de garder les heures de cours magistraux normales (8 heures par semaine maximum), qui leur sont attribuées par les administrations universitaires, mais aussi et surtout les heures supplémentaires. Ces temps de cours sont alors loués à des jeunes assistants en manque d’emploi mais qui ont envie d’enseigner. Ainsi au moment du paiement, l’argent est viré dans le compte du locataire (le professeur titulaire). Le marché est à prendre ou à laisser. Dans tous les cas, la liste d’attende est longue. Car, avec le chômage ambiant, les jeunes sont obligés de prendre la main ou rester à la maison. Mais, le hic qui fait tilt, c’est qu’il arrive que certains professeurs refusent de payer leurs collaborateurs. Dans ce cas de figure, la victime n’a que ses yeux pour pleurer. Car, il n’a nulle part pour se plaindre. S’il le fait, à la rentrée suivante, il restera au quai. Aucun professeur n’acceptera encore de composer avec lui. Malheureusement, la pratique est bien connue des administrations universitaires. Mais, elles se refusent de garder la situation en face pour ne pas changer une virgule dans leur business commun. Car, selon nos sources, tout le monde y trouve son compte. Il s’agit donc de mettre fin à cette forme d’asservissement, qui plombe les ailes à nos Universités en changeant le mode de recrutement. D’où le concours de recrutement des professeurs assistants, le week-end dernier.
M. A. Diakité