Le président de la République, qui n’a jamais présenté un projet de société aux Maliens avant son élection, faisait des promesses à l’emporte-pièce. Avec comme seule politique, «Inch Allah», il a pris l’engagement de créer 200 000 emplois en 5 ans. Une belle promesse dans un pays où font florès les chômeurs. Parce que nos grandes écoles et universités sont de véritables fabriques de chômeurs, l’adéquation emploi-formation n’a jamais été le souci des autorités. Lesquelles ont concédé aux bailleurs de fonds nos écoles pour en faire des champs d’expérimentation.
IBK a promis de créer 200 000 emplois sans tenir compte de l’environnement immédiat. Et c’est le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Mahamane Baby, qui s’engage à concrétiser cette promesse présidentielle. À travers des structures d’appui à la formation, la promotion de l’emploi et l’appui-conseil aux demandeurs d’emplois. Pour ainsi dire, Mahamane Baby ne connaît rien du monde de l’emploi, encore moins de la création d’emploi. Les structures qui relèvent de son département, aucune d’entre elle, n’ont point pour mission de créer de l’emploi. Comment comprendre alors son agissement ?
Si Baby compte sur l’Apej, il devrait savoir que cette structure s’est définitivement spécialisée dans la promotion de stages de qualification sans lendemains. Et puis, la plupart des bénéficiaires de ces stages viennent des structures politiques qui soutiennent Baby lui-même. Open-Mali en fait partie, et la plupart des stagiaires sont du Rpm. Le Directeur général actuel de l’Apej, Amadou Cissé, ne s’en cache pas ; il dit à qui veut l’entendre : je suis est du Rpm et ne fais que le travail de mon parti avec le soutien du ministre. En ma qualité d’ancien Dg de l’Apej, j’ai vu passer les autres. Comme pour dire qu’il sait ce qu’ils ont fait. C’est à son tour maintenant !
Cette politique de stage est un échec total sous l’ère IBK. L’Anpe, le Fafpa, qui est la vache laitière du ministre Baby, ou encore le Fare et les autres structures ne sont pas pourvoyeurs d’emplois. Baby doit le savoir. Il vaut mieux lorgner du côté du secteur privé que d’espérer du gouvernement une quelconque création d’emplois pour la jeunesse.
Baby, un marchand de faux chiffres
Le ministre magicien Baby, chaque trimestre, faisait le point sur la promesse de campagne d’IBK : créer 200 000 emplois en 5 ans. Il donnait alors des chiffres dont aucun n’est vérifiable. Il est passé maître dans l’art de faire dire aux chiffres ce qu’il veut. Par un artifice de calculs grossiers, il fait le cumul des emplois supposés créés dans les entreprises et structures de l’Etat. Tout y passe, même le travail précaire est comptabilisé. Le ministre Baby sait-il que chaque année le Mali déverse 200 000 chômeurs dans les rues ? Un simple calcul arithmétique devrait lui faire comprendre que même s’il parvenait à créer les 200 000 emplois promis en 5 ans par le président de la République, il n’aurait abordé que le cinquième du nombre de chômeurs fabriqués sur la même période. Quelle fierté doit-il et peut-il en tirer ?
Le marchand de faux chiffres devrait donc revenir sur terre. Ce que le candidat IBK a promis au peuple malien lors de sa campagne présidentielle, la création de 200 000 emplois en cinq ans, n’est que l’équivalent du nombre de jeunes diplômés attendus par un an (futurs chômeurs). Cette promesse, bien que moins ambitieuse, avait encouragé des jeunes à voter pour lui. On se rend compte à ce jour que ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins d’emplois des jeunes maliens.
La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les autorités mesurent à sa juste proportion la lancinante question de l’emploi des jeunes, surtout en milieu rural. À en croire les statistiques de la Banque mondiale, ils sont 200 000 jeunes à inonder le marché de l’emploi malien chaque année ; soit un million pour un quinquennat. Et seuls 10% des 200 000 chômeurs ont des chances d’emplois fixes.
Les jeunes dans les «grins»
Les jeunes des partis politiques au pouvoir font toujours quelque chose. Ils ont au moins un endroit où aller le matin et revenir le soir. Tel n’est pas le cas de certains de leurs camarades sans emploi qui n’ont aucune formation. Idem pour les recalés du système éducatif et des medersas. Aucune statistique ne prend en compte ces jeunes. Ils sont pourtant nombreux. Ils inondent nos rues à longueur de journée. N’y a-t-il pas d’alternative pour eux ? Les autorités sont-elles conscientes du danger qu’elles encourent en laissant ces jeunes sur l’île de la tentation ?
Dans ces conditions, pouvez-vous être fier, monsieur le ministre, d’annoncer que «78 000 emplois ont été créés en 2 ans de gouvernance d’IBK sur un taux de chômage qui avoisine les 21,5% de la population active». Monsieur le ministre, Allah kama (pour l’amour de Dieu) !
B. SIDIBE