Toutes les nations avancées ont leur monnaie même si la création de la zone Euro tend à nuancer cette vérité. Dans cette zone Euro, des pays qui comptent, ont décidé d’avoir dans une certaine vertu une monnaie commune. Depuis un certain temps, comme un effet de mode des chefs d’État comme Idriss Déby et des pseudo-intellectuels, piètres gestionnaires quand ils étaient aux affaires, ne serait-ce qu’un laps de temps, tentent comme pour récupérer un électorat naïf de présupposés patriotes, de nous démontrer la nécessité d’une monnaie africaine sans garantie extérieure. L’idée semble géniale, mais elle est très mal ficelée.
Le mécanisme monétaire est très complexe. Nous asseyons d’être vraiment très bien compris. La monnaie contrairement aux apparences est à l’économie ce qu’est l’histoire du droit au droit. On peut être bons praticiens et minables théoriciens. Dans ce cadre, les théoriciens peuvent faire faillir un État. Nous nous souvenons comme si c’était hier d’un professeur de l’Éna du Mali, qui nous expliquait en janvier 1994 que le FCFA avait été dévalué à 100% alors qu’il l’avait été de 50%. Attention : les hommes ont une mémoire. Le coup dit des experts ne marchera point.
La monnaie seule ne garantit rien
La Guinée Conakry, qui est un accident géologique riche et varié, a sa monnaie depuis la nuit des temps. Elle a pourtant 3 000 000 millions de ses nationaux en Côte d’Ivoire, berceau de notre Franc CFA en zone ouest-africaine. Si la seule indépendance monétaire se suffisait, nous l’aurons vu. Il y a un 1 000 000 de Guinéens au Sénégal. La Guinée a sa monnaie, le Sénégal a toujours été en zone CFA. La Côte d’Ivoire et le Sénégal ont toujours été en Franc CFA. Le Nigeria, grand pays peuplé et très riche, a sa souveraineté monétaire. Il est en train d’être tiré d’affaire par le très moins riche et très peu peuplé Tchad. Sans honte. Si la monnaie était l’alpha et l’oméga, nous aurions constaté. Le Tchad est pourtant Franc CFA. Au Zaïre, souvenons-nous, qui a sa monnaie, le monde ne date pas d’aujourd’hui. Tellement ce pays avait fait fonctionner sa planche à billets qu’il avait produit le plus grand nombre de milliardaires sur terre. En franc Zaïre bien sûr. La baguette de pain a coûté un moment donné 2 500 000 F Zaïre. Il y avait un billet en coupure d’un million. Aujourd’hui encore au Zaïre, devenu République Démocratique du Congo, il y a contrats de baux commerciaux qui sont rédigés en dollar américain. Leur monnaie n’est pas crédible. Dans certains endroits de Kinshasa, des commerçants ne prennent que le dollar et l’euro. Certains milieux.
Du Zimbabwe, n’en parlons pas.
Or, à l’échelle d’un pays, il est plus facile de contrôler la masse monétaire, la création monétaire qu’à l’échelle d’un groupe de pays.
La vertu puis la monnaie
Si le Ghana avec sa monnaie aujourd’hui commence à compter dans le concert des nations. Qu’un président puisse mourir à 10 heures et se faire remplacer à 14 heures le même jour sans heurts, ce n’est pas dû à l’indépendance monétaire du Ghana. C’est surtout les conséquences des actions patriotiques de l’ancien, l’excellent, le respectable président Rawlings dans sa croisade, son jihad contre la corruption et l’impunité.
Quid de notre Franc CFA proprement dit ?
Nous ne disons pas qu’il faille rester éternellement enfants accompagnés par la France. Le Franc CFA a le mérite de nous faire échapper aux problèmes de convertibilité entre nous pays membres de la même zone puis l’extérieur, aux inflations donc à l’instabilité. Comment voulez-vous qu’avec des dirigeants corrompus jusqu’à la moelle épinière que nous sachions gérer nous-mêmes le processus de la création monétaire ? Gérer entre nous les planches à billets. Quant au Mali en guerre, des milliards sont volés en surfacturations. Une chaussette, certainement anti-balles et anti-mort, à 30.000 F CFA la paire. On a pas besoin d’être un prix Nobel, nous ne le sommes pas, nos contradicteurs non plus, pour comprendre l’instant d’une seconde que si demain matin nos cadres pouvaient fabriquer la monnaie, chacun remplirait pour lui l’équivalent d’au moins un conteneur de 40 pieds en billets de banque. Il y aurait tellement d’argent en circulation que le smicard aura besoin d’un tracteur pour récupérer son salaire mensuel au bout de l’enfer. Au moins, Dieu merci, le trésor français empêche, leur garantie oblige, les dirigeants africains de faire fonctionner à leur folie les planches à billets.
L’indispensable sérieux
L’honnêteté impose à Moussa Mara, si c’est le bien du Mali qu’il veut, de dire publiquement à IBK d’être honnête dans la gestion de la chose publique. Comment quelqu’un qui ne sait même pas marcher peut-il rêver d’être un champion du monde de marathon ? Il est temps en Afrique, chez nous, de penser d’abord à nous gérer honnêtement au quotidien avant de penser au plus grand. Si demain matin, nous créons une monnaie africaine avec les dirigeants actuels, dans 3 ans maximum, les pays les plus vertueux d’entre nous se retireront de la nouvelle monnaie. Notre défi actuel est celui de la très bonne gouvernance. Merci au prof. Ali Nouhoum Diallo d’avoir écrit : Il y a un Mali qui pense et qui réfléchit. Arrêtez de vouloir nous endormir chers apprentis manipulateurs.
Intellectuellement et sans modestie, vous en êtes incapables. Gérer juste avec dignité notre Mali. Dans la vie, tout est étape. En gérant très bien nos pays, le tout suivra. Ce n’est pas sorcier. Moussa Mara, encore, il est temps de vous racheter publiquement de votre visite de Kidal en disant sans équivoque à IBK : Halte aux pillages de nos ressources publiques.
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr