Le Rassemblement Démocratique Africain adresse d'abord son salut fraternel à près de mille délégués de tous les Territoires d'A.O.F., du Cameroun, du Togo et du Tchad, à tous les l'Oubangui qui n'ont pu participer à ce premier Rassemblement en raison de l'opposition d'une administration obéissant à l'inspiration des milieux colonialistes effrayés par le puissant mouvement pour la liberté des peuples d'Outre-Mer.
Il dénonce le recul imposé par une Constitution assimilatrice et se prononce formellement pour une union librement consentie fondée sur l'égalité des droits et des devoirs.
Le Rassemblement Démocratique Africain constate que, grâce à l'aide des députés autochtones et notamment Jean Félix- Tchicaya, le principe du double collège, instrument de la réaction colonialiste, a failli être définitivement supprimé en Afrique Noire.
Il tient à condamner solennellement la loi électorale, œuvre de division raciale et d'oppression colonialiste adoptée en A.E.F. et au Cameroun au mépris de la justice la plus élémentaire.
Il estime que tous ceux que préoccupe l'avenir démocratique de l'Afrique Noire doivent, par leur abstention aux élections des collèges des citoyens de statut français, enlever aux députés qui en seront issues le droit de se réclamer de la communauté africaine et manifester ainsi leur volonté d'en finir avec un instrument typique des trusts.
En présence des multiples efforts de la réaction colonialiste pour réduire la représentation africaine et considérant l'importance du rôle joué par les élus autochtones dans l'élaboration du statut de l'Union Française, le R.D.A estime nécessaire d'utiliser toutes les possibilités offertes par la loi électorale injuste pour faire élire au Parlement le plus grande nombre possible d'élus d'origine africain démocrates et progressistes les plus capables de se faire les porte-parole de la volonté des populations d'Afrique Noire.
Convaincu que, seule, l'union pourra permettre aux peuples d'Outre-Mer en général et aux populations africaines en particulier de triompher de la réaction, le R.D.A. s'engage à soutenir des listes uniques et s'engage au nom de ses futurs élus à maintenir au Parlement l'union scellée à Bamako et à réaliser le groupement le plus efficace pour lutter contre la réaction colonialiste.
Il émet le vœu de la formation d'un parti démocratique africain.
Décide la formation d'un Comité de coordination chargé d'organiser les futurs rassemblements. Ce Comité entreprendra toute action nécessaire pour réaliser l'unité des partis politiques au sein des territoires et préparer leur fusion dans un mouvement africain unique.
Donne mandat aux futurs représentants pour défendre le programme arrêté sur le plan politique, économique et social.
Bamako, le 21 OCTOBRE 1946
Le comité de Coordination
Le Président, Félix Houphouët-BOIGNY
Le Secrétaire général, Fily SISSOKO