PARIS - Michel Rocard (PS) a jugé mardi que la France, intervenue militairement vendredi au Mali, était engagée dans "une bagarre sur une dizaine d'années" contre le terrorisme dans le Sahel et au-delà.
Sur France Inter, l'ancien Premier ministre a jugé que Paris était "dans
une bagarre sur une dizaine d'années, la France l'a compris". "Tout cela est
très difficile, pas gagné d'avance, nous perdrons des hommes, il y aura des
drames, il y aura des contreparties sur le territoire national, tout cela va
être assez effrayant", a-t-il prédit.
"Mais je pense qu'il était essentiel d'y aller et je veux saluer le
président d'avoir su le faire", a souligné M. Rocard. "L'enjeu est terrifiant : c'est au monde islamique tout entier qu'il appartient de condamner ses
propres tueurs", mais actuellement, "il n'en est pas capable". D'où une
nécessaire "protection": "il n'y avait personne pour aller le faire, la France
est seule, c'est presque logique, c'était quasi-inévitable", a justifié M.
Rocard.
Cependant, l'ancien ministre d'Etat a souligné que "le soutien logistique
anglais, américain, belge, ça n'est pas rien. L'Allemagne va l'appuyer sans
doute aussi. Et tous ces pays sont en train de prendre cosncience de l'enjeu".
Selon lui, la France est partie seule parce que c'"est un problème mondial
et la fonction de gendarme du monde n'a pas encore été inventée". Quand aux
commentaires sur l'absence de défense européenne organisée, l'ancien Premier
ministre les a jugés déplacés : "pas la peine d'en rajouter sur le drame
européen".
"Ce qui est magnifique au contraire, c'est que ça se passe au moment où,
sur demande allemande, des négociateurs sont en train de chercher à renforcer
le caractère fédéral, le caractère uni de l'Europe et la défense y trouvera
bien sa place, ça viendra, progressivement", a-t-il affirmé.
