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Me Harouna Toureh Porte parole de la Plateforme : « L’accord est en péril. La prochaine rébellion sera décisive »
Publié le mercredi 16 decembre 2015  |  Le challenger
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako




A cette conférence-débat du Parena, Me Harouna Toureh, porte-parole de la Plateforme, a fait une excellente contribution. Voici, quelques extraits.

« ….L’accord est en péril. Je le dis. J’espère que des oreilles bien attentives apporteront ce message à la partie gouvernementale. Si l’accord est en péril, c’est le Mali qui est en péril. Et donc, le Mali a besoin d’être sauvé comme cela est bien écrit. L’accord est en péril parce que nous avons remarqué qu’il n’y a pas suffisamment de motivation, d’engagement global bien pensé et bien réfléchi de la part du gouvernement du Mali d’aller de façon claire et nette dans la mise en œuvre de cet accord. Nous avons beaucoup de discussions convenables avec les personnes en charge de cet accord au niveau du gouvernement mais c’est comme des élèves qui partent à l’école sans cahier sans bics qui s’asseyent et puis à la récréation, ils rentrent à la maison. Ils n’attendent pas la fin des cours et rentrent à la maison après la récréation. C’est cette impression qu’on nous donne. C’est sérieux. C’est vraiment sérieux. Entre temps, vous avez compris que ce sont les djiyadistes qui sont en train d’occuper le terrain. Ils ont le courage de participer à des réunions publiques. Ils font des déclarations publiques. Ils se font filmer. Ils diffusent des images selon lesquelles ils sont contre le Mali, les alliés du Mali, la CMA, la Plateforme parce que seulement nous avons signé cet accord, donc tous les acteurs de l’accord sont considérés comme leurs ennemis. C’est ce qui se passe au nord. Le Mali est absent du nord. Le Mali n’existe qu’à Bamako. Kidal, Gao, Tombouctou, Taoudeni, Menaka, il n’y a personne si ce n’est que les zones urbaines. Même dans les zones urbaines, quelqu’un a dû vous dire qu’on ne peut pas sortir de la ville de Tombouctou. Personne n’ose sortir de la ville de Gao sans escorte ou sans prendre de multiples précautions avec des coups de téléphone même des marabouts avant de se rendre dans son village. C’est extraordinaire.

Nous demandons aux hommes politiques de l’opposition comme de la majorité qui ont cette capacité de parler et de se faire écouter de se mettre ensemble. Regardez ce qui se passe en France avec l’affaire du Bataclan, 130 morts. Il faut en tirer les leçons. Certaines batailles entre la CMA et la Plateforme ont fait plus de 130 morts en une demi-journée. Et pourtant, ça n’a pas amené les maliens à prendre conscience du danger de la confrontation qui se passe au nord, encore moins de donner l’envie de créer une union nationale autour de ces questions alors que les maliens sont en train de se tuer au nord. Il faut que les maliens se remettent ensemble. La majorité qui est dans la salle se rapproche de l’opposition de façon que cet accord qui est une chance puisse voir le jour et que le Mali soit sauf. Sinon, je le dis, je le répète à cette tribune ici et je ne cesse de le dire à mes interlocuteurs du gouvernement, la prochaine rébellion sera décisive. Je vous explique pourquoi. En 1963, ils étaient deux ou quatre personnes à prendre les armes. Ils ont pu prendre deux ou trois tribus. En 1990, c’est la communauté arabo-touareg qui a pris les armes. En 2006, une partie de la communauté arabo-touareg a pris les armes. En 2012, c’est tout le nord qui s’est embrasé. Toutes les communautés ont pris les armes, les unes contre les autres. La prochaine, ou elles prennent entre elles les armes pour s’entretuer ou elles prennent les armes pour tuer d’autres personnes et une partie du Mali. C’est pourquoi, je dis, faites attention, la prochaine pourra être décisive. C’est-à-dire qu’elle tuera définitivement le Mali.



Ce qui peut nous sauver est de faire en sorte que le peuple malien se retrouve. Il faut éviter les discours qui divisent, qui choquent, qui frustrent. On est à la reconstruction, au rapprochement, à la fraternité, à la solidarité. On est également au pardon. C’est le stade du pardon. Nous, CMA et Plateforme, nous sommes pardonnés. Et pourtant vous ne pouvez pas imaginer combien de batailles nous avons livrées sur le terrain. Nous nous sommes rapprochés et pardonnés devant le peuple malien. Il faut que les maliens se pardonnent…….

Un seul gouvernement ne peut pas sauver le Mali. C’est ensemble que nous allons sauver le Mali….

C D
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