Dans le but de faire connaître davantage l’écrivain Yambo Ouologuem pour sa réhabilitation au Mali, le Centre d’Education Populaire de Bandiagara a organisé une conférence-débats sur la vie et les œuvres de l’homme de lettres. Le thème était : « Contribution de Yambo Ouologuem à la littérature francophone, une des meilleures plumes de la littérature Francophones ». Le conférencier était le Colonel Major Abdoulaye Biné Guindo. C’était le 12 Décembre 2015 au Centre culturel de Bandiagara.
Après les mots d’accueil du maire de la commune Urbaine de Bandiagara, Housseini Saye et du chef de quartier, le conférencier a été on ne peu plus claire sur son sujet. Ainsi, convaincu que l’auteur du Devoir de Violence Yambo Ouologuem est victime d’un complot international et que son propre pays, le Mali, ne doit pas le traité de la même façon que certains pays occidentaux, ses partisans de la 5ème région ne comptent pas baisser les bras. « Yambo Ouologuem est de Bandiagara, de Mopti, du Mali, de l’Afrique et du Monde. Admiré et défendu par ses admirateurs en Europe et aux Etats Unis, il revient à Bandiagara son village natal d’immortaliser l’une des meilleures plumes de la littérature Francophone. Il ne mérite pas la situation humiliante imposée à lui par ses détracteurs avec notre complicité et notre indifférence. Il est des nôtres », dixit le conférencier Abdoulaye Biné Guindo.
Yambo Ouologuem, qui n’est plus à présenter est né le 22 août 1940 à Bandiagara, dans la région de Mopti. Il a fait ses études secondaires à Bamako au Mali avant de continuer en France, au lycée Henri-IV en 1960. L’homme de Lettres, apprendra de nombreuses langues africaines ainsi que le français, l'anglais et l'espagnol. Après avoir eu une licence en Lettres et en Philosophie, Yambo décrochera un diplôme d'études supérieures en Anglais. De 1964 à 1966, pendant qu'il préparait son doctorat en sociologie à l'École Normale Supérieure, Yambo Ouologuem enseignait au lycée de Charenton (Val-de-Marne) en banlieue parisienne.
Il a écrit plusieurs ouvrages dont certains lui ont coûté sa carrière. C'est en 1968 que Yambo Ouologuem écrit son premier livre, « Le Devoir de violence ». Il reçoit pour celui-ci le « prix Renaudot » la même année ; il est alors le premier romancier africain à recevoir cette distinction. Ce livre traite de la dynastie africaine fictive des Saïfs, seigneurs féodaux africains. Il dépeint la participation africaine au colonialisme à travers des chefs locaux qui vendaient leurs sujets aux marchands arabes et occidentaux. Son livre suscite de nombreuses critiques et polémiques après les indépendance où il était de bon ton de mythifier l'Afrique et ses rapports avec l'Occident à l'instar de Léopold Sédar Senghor, l’un des artisans de la Négritude. Il y a aussi l’encyclopédie pornographique, publié en 1969 et parue sous le pseudonyme d'Utto Rodolph, Les Mille et une bibles du sexe, jamais rééditée racontant les aventures sexuelles de quatre français en France et en Afrique. Il a également écrit plusieurs autres livres dont : Le secret des orchidées (sous le pseudonyme de Nelly Brigitta) ; Les moissons de l’amour ; Les pèlerins de Capharnaüm et Lettres à la France nègre (1969).
Selon le conférencier, Yambo Ouologuem a été piégé pour qu’il termine sa carrière comme il est aujourd’hui : « Yambo a été piégé et jeté en pâture pour une histoire de plagiat. Était-il devenu persona non grata, l’homme à abattre? Yambo a été accusé d’avoir plagié ‘’It’s a Battle field’’ de Graham Greene et ‘’Dernier des Justes’’ de André Schwarz-Bart. Chose surprenante, car le plagiat s’apparente au vol. Et personne n’ignore la fierté et la dignité légendaires du Dogon. Yambo, lui-même, reconnaît avoir utilisé certains passages et les avoir placé entre guillemets dans la version remise à son éditeur. C’est ce dernier qui prit la décision de les enlever. La suite de l’histoire est connue. Celui qui était encensé s’est retrouvé humilié, trahit et seul, abandonné de tous », a fait savoir Abdoulaye Biné Guindo.
C’est dans ces conditions déplorable que le conférencier propose des perspectives suivantes :
- La réhabilitation de Yambo Ouologuem et de ses œuvres : ce qui implique de le connaître et de le faire connaître à travers le Mali et le monde entier. Ainsi, on pourra mieux appréhender et comprendre le complot dont il a été victime;
- Promouvoir ses œuvres, éveiller la conscience collective malienne ;
- Susciter l’intérêt de la jeunesse et leur donner le goût de la lecture;
- Immortaliser Yambo à travers un monument, un établissement scolaire, une salle, une rue, etc.
- Organiser sur l’étendue du territoire les journées de célébration de Yambo Ouologuem pendant une semaine, voire même un mois.
A bon entendeur, salut !
Abdoul Sagara