Après l’arrivée des pèlerins de la filière gouvernementale, nous avons recensé à travers des interviews, les désagréments qu’ils ont eu au cours du pèlerinage 2015 et qui méritent d’être pris à bras-le-corps avant l’édition 2016. Parmi les griefs formulés par eux, il y a :
1) La question de nourriture :
Elle n’était pas de bonne qualité. Les pèlerins se plaignent de cela depuis de longues années, a-t-on constaté sans que les organisateurs soient arrivés à résoudre définitivement la question. Les pèlerins finissent par se nourrir eux-mêmes de leurs poches, après avoir déboursé 2 800 000F CFA tous frais compris.
2) La mauvaise programmation des vols au départ et à l’arrivée :
Très généralement plusieurs pèlerins convoqués pour le départ retournent à la maison, faute de place sur le vol. Cela se comprend difficilement dans la mesure où le nombre de sièges est connu et le nombre de pèlerins devant embarquer est connu également. Ou se situe donc cette dichotomie dans la programmation ? Nous pensons que c’est le manque de concertation entre l’équipe chargée de la programmation des vols et celle en charge de lister les pèlerins par vol. Disons que c’est tout simplement, le manque de rigueur des acteurs dans leur travail d’organisation. Certains pèlerins ont passé deux jours à l’aéroport, sans eau, sans nourriture pour attendre leurs vols de retour.
3) Les lieux d’hébergement :
Pour avoir un bon lieu d’hébergement à la Mecque et à Médine. Il y a deux conditions à savoir, se lever tôt pour les réservations environ neuf mois à l’avance ou alors faire des contrats sur une période de cinq ans renouvelables. L’autre condition est d’envoyer un fin connaisseur de la Mecque et du processus du Hadj. Cette année, le ministère n’avait eu que des petits hôtels de 100 à 150 places, très loin de la Kaba. Cela fait environ au moins 10 petits hôtels. Cette situation allait causer beaucoup de désagréments, si elle n’avait pas été résolue un extremis par la Maison du Hadj. C’est peut-être la raison pour laquelle, les pèlerins ont été entassés dans les chambres d’hôtel à 5 voire 10 personnes, sans d’hygiène acceptable, toilettes sont insuffisantes, il y a pas de climatiseurs dans plusieurs chambres dans un pays où la température fait 42°C à l’ombre. Les statistiques faites à l’occasion de chaque pèlerinage n’ont jamais été correctes.
Pour un logement prévu pour 1000 pèlerins, on en héberge plus de 1500. C’est ce qui crée le désordre naturellement. Certains pèlerins pensent que les jeunes marabouts prêcheurs accompagnant les pèlerins ne sont pas généralement comptabilisés au départ. Alors qu’ils sont pris en charge sur les nombreux, surtout pour fonds du pèlerinage.
Là encore, on note le manque de rigueur dans ce volet du pèlerinage, imputable aux organisateurs. Une fois arrivé sur les lieux à la Mecque, les pèlerins peuvent faire cinq heures d’attente avant de prendre possession de leurs chambres. A cette phase aussi, il y a un manque criard d’organisation. Pourquoi, alors lorsque les pèlerins sont à Médine, ne pas envoyer une équipe à la Mecque, pour résoudre la question de répartition des pèlerins par chambre. A l’étape de Médine, les organisateurs doivent être à mesure normalement de posséder la liste complète des pèlerins, devant être hébergés à la Mecque.
4) La logistique de transport à la Mecque
Plusieurs cars sont mis à la disposition des pèlerins pour les séjours à Médine, à la Mecque, l’accueil et le départ à l’aéroport. Ces cars sont généralement loués avec des compagnies de transport qui exercent dans ce domaine pendant le Hadj. Comment ces compagnies sont-elles choisies pour leurs attribuer le contrat du transport ? C’est là que réside le flou.
Selon certains pèlerins, c’est par copinage et clientélisme, que ces compagnies qui ont de vieux cars usés, très souvent non climatisés sont toujours choisis à moindre frais par les organisateurs du Hadj, mais facturer chèrement aux pèlerins, du simple au quadruple.
Lors du pèlerinage 2015, des cars ont subis des pannes de pneus, alors que les pèlerins étaient en partance pour l’aéroport. D’autres chauffeurs se sont égarés dans la ville de Djeddah avec les pèlerins parce qu’ils ne connaissaient pas cette ville. Cela dénote que ces chauffeurs sont nouveaux et ne connaissent pas tous les itinéraires. Tous les autres pays dont les ressortissants vont à la Mecque ont des véhicules neufs de liaison pour les besoins du Hadj. Mais ceux utilisés par l’encadrement et les différentes commissions de l’équipe malienne sont des véhicules réformés usés soit qui tombent constamment en panne soit ils sont interdits d’accès en certains endroits, faute de laisser-passer. Ces véhicules à cause de leur état de vétusté n’ont pas droit au steaker leur donnant accès à tous les lieux. Ces véhicules appartiennent, à des maliens installés sur place là-bas. Nous ne sommes pas contre que leur service soit loué pendant le Hadj, mais ils doivent fournir des véhicules en bon état de fonctionnement qui sont dans les conditions d’accès à tous les lieux. Si cette situation continue à être répétitive cela veut dire qu’il y a magouille dans ce volet certainement.
5) Identification des pèlerins maliens par badge
Cette année, contrairement, aux autres années, les pèlerins maliens n’ont pas eu de badges d’identification. Cela est l’une des raisons pour lesquelles, suite au drame de Mina, les encadreurs maliens ont eu toutes les difficultés pour identifier nos morts et nos blessés. A vouloir trop économiser, on perd en efficacité. Cette pratique doit être obligatoirement à l’occasion de chaque édition du pèlerinage pour des besoins de sécurité.
6) Le stock de médicaments pour le Hadj
Quel que soit la quantité de médicaments acheminés pour le pèlerinage, il y a une rupture des médicaments à grand taux d’utilisation en 10 jours de séjour. Il y a lieu donc que l’équipe multidisciplinaire ayant en charge la santé des pèlerins soit désignée deux mois à l’avance afin de pouvoir prendre en compte la composition du stock de médicaments, son acheminement par le premier vol du pèlerinage. Pour l’édition 2015, les médicaments sont allés avec le quatrième et dernier vol. Durant donc une semaine, les pèlerins sont restés sans médicaments. L’Arabie saoudite a fait du don de médicaments aux pays pour leurs pèlerins une tradition pendant le pèlerinage. Cette année le Mali n’en a pas bénéficié parce que les autorités en charge du pèlerinage n’ont pas fait la demande à temps. Pendant les années passées, c’est ce don qui complétait le stock de médicaments pour les pèlerins en général. Dès à présent, les autorités concernées doivent prendre les dispositions pour ce faire. Cet appui en médicaments est très important pour la santé des pèlerins. Cette tache de demande revient au ministère de la santé et de l’hygiène publique.
7) La mission d’encadrement médical
Les équipes sont beaucoup de difficultés en terme de moyens de déplacement. Cette année et surtout avec le drame de Mina, le véhicule mis à disposition de cette équipe médicale était très vétuste, sans possibilité de le faire passer une visite technique à la fin d’obtenir un laisser-passer pour accéder au site de Mina. Comment peut-on penser qu’un véhicule destiné à jouer le rôle d’ambulance ne peut pas accéder à Mina ? Le rôle d’encadrement médical est tellement important qu’il faille avoir des véhicules neufs pour ce faire. En ce qui concerne la répartition de l’équipe médicale sur les vols, cela a également posé des problèmes liés à une mauvaise programmation de la part des organisateurs. Il y a eu des vols sur la Mecque sans agent médical pour accompagner les pèlerins. Il faut noter que les mobiliers utilisés dans les infirmeries installées dans les immeubles d’hébergement sont vétustes et datent de plus de 10 ans. Certains cèdent sous le poids des patients. Il y a lieu de payer de nouveaux mobiliers avant l’édition 2016.
8) Le personnel d’encadrement à la maison du Hadj et au ministère des affaires religieuses et du culte
Malgré, les efforts effectués par ces différentes équipes, elles ont reçu plusieurs critiques à leur encontre de la part des encadreurs de la filière privée après le drame de Mina. Elles ont été taxées d’indifférences pendant la phase de recherche des morts, des blessés et des disparus. En plus la plainte porte sur le fait que ces équipes après le drame de Mina, ont quitté précipitamment sans laisser de représentants officiels à la Mecque afin d’aider aux tâches de recherches des victimes. Il est établi que la présence des encadreurs de la Maison du Hadj très expérimentés dans l’organisation du pèlerinage et ceux du ministère des affaires religieuses et du culte, maitre d’œuvre de cette opération, rassure plus d’un pèlerin. Par conséquent, pendant la phase du pèlerinage, leur disponibilité doit être totale. Le pèlerinage ne peut pas aller sans difficultés, cela est connu de tous les pèlerins, cependant, il ne faudra pas que les difficultés soient volontairement crées par les organisateurs pour tirer profit de cela. Les frais de pèlerinage du Mali sont les plus élevés de la sous-région. Les pèlerins s’attendent à un traitement à hauteur des frais payés au trésor public. Le Ministre des affaires religieuse et du culte ne doit pas perdre de vue cet objectif. Le constat est que tous les deux pèlerinages organisés sous la gouvernance du Ministre Diallo ont fait l’objet d’interpellation à l’Assemblée Nationale de la part des députés. Il est fort à parier que le troisième risque de coûter au Ministre le dit poste. Il doit être proactif dans l’organisation du Hadj, surtout, lorsqu’il est le seul signataire du compte bancaire ouvert au nom de son ministère. Moins, il y a de plaintes et de difficultés, plus il y a de chance qu’il reste à son poste lors du remaniement prévu pour juin 2016.
Badou S KOBA