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Médiation de la Cédéao : Sanogo a-t-il trahi le CNRDRE ?
Publié le lundi 21 mai 2012   |  Le Prétoire


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© AP par DR
Retour à l`ordre constitutionnel: Le CNDRE remet le pouvoir aux civils
Mercredi 6 avril 2012. Kati, Mali. Après d`intenses pressions de la part de la CEDEAO la junte militaire avec à sa tȇte le capitaine Amadou Haya Sanogo signe un accord pour un retour à l`orde constitutionnel.


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Le compte à rebours a commencé. C’est aujourd’hui que l’intérim assuré par le président Dioncounda Traoré expire. Les acteurs politiques de notre pays ne semblent pas convaincus de la gravité de la situation, eux qui se livrent à des querelles superflues alors que tout est évident à la lumière de la Constitution. Mais, la semaine dernière, le capitaine Sanogo avait juré, avant d’adhérer aux ordonnances de la Cédéao, qu’une solution « à la malienne » serait la seule issue. Celle-ci devrait être trouvée à travers une convention réunissant les forces vives, lesquelles désigneront, selon le chef des putschistes, celui ou celle qui conduira la transition. Ainsi ce n’est ni plus ni moins qu’un deuxième coup d’Etat qui est en préparation, sans le capitaine Sanogo.

Consciente de la complexité la crise sociopolitique à laquelle le Mali est actuellement confronté, la Cédéao, dans l’urgence, estime qu’il est primordial d’apporter des solutions appropriées. Pour cela, la Cédéao s’est référée à la Constitution malienne. En effet, notre Constitution prévoit que ce soit le président de l’Assemblée qui continue d’assumer la haute charge, après que la Cour constitutionnelle ait constaté que les élections ne puissent pas être organisées dans un délai de quarante jours. Cependant, il est clair que l’on ne peut pas trouver mieux que le Professeur Dioncounda Traoré pour gérer les affaires du pays jusqu’aux prochaines élections sans faire entorse à la loi fondamentale. Arrivées aux environs de 17h30 à Bamako, samedi, la délégation de la médiation de la Cédéao est composée de Djibrile Bassolé, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Adama Bictogo, ministre ivoirien de l’Intégration africaine et Nurudeen Mohammed, ministre des Affaires étrangères du Nigéria. Après s’être entretenus, au salon présidentiel de l’aéroport, les membres de la délégation se sont ensuite rendus au domicile du président de la République par intérim, le Professeur Dioncounda Traoré, pour des échanges qui ont duré une trentaine de minutes. Rien n’a filtré de leur entretien avec le président par intérim. Ensuite, ils ont pris la direction de Kati, où siège le Cnrdre.
A Kati…
A Kati, il était à peu près 19h 20 quand le président du Cnrdre, le capitaine Sanogo, a reçu les trois ministres envoyés par la Cédéao. Le temps était lourd, l’atmosphère qui régnait sur place l’était encore plus. Le silence était douteux. Le bâtiment principal, une vielle renardière du temps colonial, où se trouve le bureau du capitaine Sanogo, était entouré par plus d’une dizaine d’hommes armés, en position de tir. Dans les moindres recoins de la grande cour se trouvaient des hommes armés, d’autres armes étaient posées sur des sortes de pupitres, certains hommes armés étaint accroupis devant, toutes les armes étaient pointées vers le bâtiment principal. Le militaire qui servait de protocole ordonna, d’une vive voix, aux ambassadeurs et aux autres personnes accompagnant les émissaires de la médiation à d’entrer dans la salle où le président du Cnrdre avait l’habitude de tenir ses conférences. Quant à la presse, elle est restée dans la cour et observait les faits et gestes. De toutes les visites à Kati, jamais l’on a senti une telle tension au sein du Cnrdre.
Pendant la longue attente, un militaire est venu avec un bout de papier et un stylo en main. Il a approché un à un les autres militaires qui étaient débout avec des armes et a commencé à les recenser. Ensuite, en dehors de ceux qui étaient autour du bâtiment principal, tous les autres se sont attroupés un peu plus dans la cour, vers la sortie. Ils avaient l’air d’échanger, ils gesticulaient fort. De quoi parlaient-ils? On ne saurait le dire. Mais, la suite nous a un peu édifiés sur les raisons de leur réunion improvisée. Après deux heures d’échanges, les émissaires de la Cédéao sont sortis du bureau du capitaine Sanogo. Ce dernier a dit, à la grande surprise de son auditoire, que dans le cadre de l’Accord-cadre signé le 6 avril, le Cnrdre s’engage dans la directive des dispositions prises par les chefs d’Etat de la Cédéao pour conduire la transition politique au Mali. Le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Djibril Bassolé, a dit la même chose : « La Cédéao n’a pas de nouvelles propositions, nous avons discuté avec le Cnrdre dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord-cadre qui nous lie. Et nous sommes parvenus à une parfaite convergence des points de vue. Le Cnrdre adhère aux dispositions que les chefs d’état de la Cédéao ont prises pour accompagner la transition ».
La convention nationale en question
À la question de savoir s’ils avaient abordé la question de la convention nationale proposée par le capitaine Sanogo, le ministre Bassolé a répondu, avec instance, par une phrase identique à la dernière. Avant qu’il n’achève sa phrase, un militaire qui était derrière nous lança: « I kô mou ? (qu’est-ce que tu dis ?) », à l’endroit du ministre Bassolé. C’est sous une pluie battante que les émissaires de la Cédéao ont quitté Kati. A l’instant même où ils embarquaient dans leurs véhicules, on entendait des expressions de mécontentement de la part des militaires armés : « C’est trop facile. Ça ne se passera pas comme ça ! ». « Le capitaine a parlé en son nom propre, pas au nom du Comité ». Le capitaine Sanogo, qui se trouve entre le marteau et l’enclume, aurait-il trahi le Cnrdre ? La tenue de la convention nationale, ce matin, nous en dira plus.
Rokia Diabaté

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