BAMAKO - Sous le hangar les armes sont prêtes, les paquetages alignés, les tatouages rosis au soleil: les Marsouins français, arrivés depuis deux jours au Mali, attendent sur la base aérienne de Bamako l'ordre de monter affronter les "forces terroristes" vers le Nord.
Pour ces quelque 400 soldats d'infanterie de marine, arrivés pour certains
du Tchad où ils sont positionnés et pour d'autres de leur caserne du Mans, les
ordres sont clairs: "aider, renforcer les forces maliennes, en leur apportant
les capacités dont ils ont besoin" explique à l'AFP le capitaine Pierre
Couillot, responsable médias du détachement français dans la capitale malienne.
"Nous ne sommes pas à leurs ordres, mais nous ne bougeons pas sans leur
assentiment. Si ces hommes n'ont pas encore été engagées contre les forces
terroristes, c'est que cela n'a pas été nécessaire pour l'instant", dit-il.
"Les besoins des forces engagées contre les terroristes sont satisfaits pour
l'instant".
L'officier fait référence aux soldats français des forces spéciales et aux
pilotes d'hélicoptères et d'avions de combat impliqués dans les combats
opposant ce qui reste de l'armée malienne aux groupes islamistes armés qui
occupent depuis neuf mois le Nord du Mali.
Les premiers soldats, du 21e Régiment d'infanterie de marine (Rima), sont
arrivés du Tchad voisin dès vendredi soir dans leurs uniformes couleur sable.
Ils ont été rejoints le lendemain par les uniformes verts du 2e Rima, basé
au Mans. C'était leur tour de constituer le "module guépard", une force basée
en France métropolitaine qui doit pouvoir être mobilisée et envoyée sur une
opération en moins de 24 heures.
rations pour 24 heures
Ils ont affiché leur emblème, une tête de chameau et une ancre de marine,
aux poutres métalliques du hangar. Dans un coin un antique hélicoptère frappé
de la cocarde tricolore malienne, couvert de poussière, sert de
porte-serviette.
Le campement, on ne peut plus sommaire, est constitué de matelas de mousse
fournis par les autorités locales, alignés les uns contre les autres sur le
sol en ciment, séparés par les sacs à dos chargés au maximum.
L'armement, déchargé des soutes des avions qui les ont conduits dans la
capitale malienne depuis N'Djamena ou Roissy, est stocké par catégories:
missiles anti-chars et mortiers dans leurs caisses de bois, munitions,
mitrailleuses sur leurs trépieds.
En attendant les ordres les soldats français s'entraînent, répètent des
gestes de premiers secours, vérifient leur armement.
"Les hommes sont opérationnels, avec armes et munitions, rations pour 24
heures, et derrière le ravitaillement suit", explique le capitaine Couillot.
A cinquante mètres, sur un morceau de piste, deux Mirage F1 CR sont arrivés
lundi matin de leur base de N'Djamena, au Tchad. Ils sont désormais basés à
Bamako et c'est d'ici qu'ils vont mener leurs missions de reconnaissance et
d'attaque au sol. Les énorme réservoirs de 2.200 litres qu'ils portent sous le
ventre font passer leur autonomie de vol de 1H30 à 2H15. Une bombe est fixée
sous chacune de leurs ailes.
Autour d'eux, la logistique est réduite à sa plus simple expression: deux
générateurs, des mécanos rôdés à l'Afrique. "Ce sont de vielles et belles
machines", dit l'un d'eux. "Elles sont dans la région depuis longtemps, rien
ne casse jamais là-dessus. On a tout ce qu'il faut".
Les Marsouins ont reçu dans la nuit de lundi à mardi le soutien d'une
importante colonne venue de Côte d'Ivoire: plusieurs centaines d'hommes et une
soixantaine de véhicules blindés, transports de troupes et chars légers
Sagaie, de la force Licorne basée à Abidjan, qui vont s'installer à Bamako en
attendant de monter vers le désert.
mm/thm/jlb