La France a poursuivi ses frappes aériennes cette nuit aux environs de Diabaly, ville située à environ 400 km du Nord de Bamako. Alors que François Hollande est arrivé ce mardi à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, pour une visite surtout consacrée à l’intervention militaire au Mali. Selon les spécialistes, ce déplacement est stratégique : il s’agirait pour le président français de discuter sur le rôle joué par le Qatar dans le financement des mouvements salafistes et terroristes présents au Nord-Mali. Décryptage.
Hollande, le chef des opérations. Le président français est arrivé ce mardi à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis. Un déplacement éminemment stratégique. Et pour cause, cette visite de François Hollande sera principalement consacrée à l’intervention militaire au Mali. Le Qatar devrait être au cœur des discussions.
Quels sont les enjeux de ce voyage officiel ? « Il y a d’abord un enjeu économique, beaucoup de projets sont en cours de négociation. Puis, l’enjeu stratégique : le Qatar joue un rôle lié aux forces (terroristes) présentes au Nord-Mali. S’il (François Hollande) est à Abou Dhabi c’est pour participer aux discussions concernant le rôle du Qatar dans le conflit au Nord-Mali », déclare à Afrik.com Philippe Hugon, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Et de préciser : « Il faut savoir que l’Arabie Saoudite et le Qatar sont accusés de soutenir des mouvements salafistes. Le Qatar est accusé de financer le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) mais il n’y a aucune preuve. » « Ce qui est à peu près sûr, c’est que les organisations humanitaires et ONG liées à l’Etat du Qatar, sans que celui-ci montre sa responsabilité, financent des réseaux terroristes présents au Nord-Mali », ajoute le spécialiste du Mali.
Le double jeu du Qatar mis au jour
Selon des sources humanitaires concordantes, contactées par Afrik.com, le Qatar aurait des liens très puissants avec le Mujao. « Le pays du Golfe, connu pour sa richesse liée à l’exploitation du gaz, fournirait des armes et de l’argent au groupuscule terroriste, qui a notamment menacé la France d’organiser des attentats sur le sol français, pour acheter du matériel militaire ». Le Croissant-Rouge qatarien a contracté en août 2012 un accord avec la Croix-Rouge malienne. Le hic ? D’après nos informations, « le Croissant-Rouge qatarien agirait en lien étroit avec le Mujao à Gao ».
En juin 2012, Le Canard Enchaîné, le journal satirique français avait publié un article intitulé "Notre ami du Qatar" finance les islamistes du Mali, citant une source au sein de la Direction du renseignement militaire français (DRM) qui révélait que « Les insurgés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), les mouvements Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont reçu une aide en dollars du Qatar. » A en croire les observateurs, le Qatar chercherait à devenir un acteur influent dans le Sahel.
Or, le Qatar est censé être un allié des puissances occidentales, notamment des Etats-Unis qui soutiennent l’intervention militaire française au Mali. Ce double jeu, s’il est formellement avéré, expliquerait pourquoi les jihadistes qui occupent depuis presque dix mois maintenant le Nord-Mali sont mieux formés et armés que prévu. D’où l’importance du déplacement de François Hollande à Abou Dhabi, pour inciter les pays du Golfe à agir.