Tout le monde a vu sur les écrans de télévisions, autant dire à la face du monde, la posture peu diplomatique et désobligeante du premier ministre Cheikh Modibo Diarra lors du dernier sommet de la CEDEAO à Dakar. Ce dernier, les lunettes remontées sur le front, les bras en éventail et le pied relevé sur un veston ouvert aux quatre vents se tenait derrière son président de la République qui l’air grave assistait aux travaux de la session débattant du sort du Mali. Tout le monde l’a vu l’air pas intéressé, pour un sou , par ce que disait à la fin des travaux le président de la République du Mali édifiant le monde sur l’issue des travaux et ce que le Mali en retient et souhaite .
Ca s’était la façade de ce que fut l’intérim des quarante jours de Dioncounda mais c’était aussi la face visible de l’iceberg du mois et demi d’une gouvernance de sortie de crise au Mali.
Il faut le dire d’entrée, si la transition qui désormais s’annonce avec Dioncounda à la tête du pays, doit être à l’image de ce que fut l’intérim et le contenu qu’il a laissé paraitre, le Mali sera loin d’être sorti de l’auberge. Et l’apaisement conduisant à la sérénité nécessaire à la victoire totale du Mali sur les enjeux et les défis qui l’assaillent ne serait qu’une vue de l’esprit, une lubie, la poursuite d’un vent tous les jours plus violent.
Un rapide coup d’œil permet de se faire une idée : les quarante jours qui ont précédé ont vu un Président de la République quasiment frappé d’ostracisme. A ce point que même son message traditionnel au monde du travail, à l’occasion du premier mai, contenant pourtant un cri du cœur d’un homme, d’un dirigeant qui se veut plus une solution qu’un problème, n’a pas été diffusé sur les antennes nationales.
Pendant les quarante jours qui ont précédé , les arrestations se sont poursuivies « à son nez et à sa barbe » concernant parfois son entourage propre, parfois sous ses yeux dans l’hôtel même il tenait ses bureaux provisoires. Ce fut le cas de Me Kassoum Tapo, porte parole du FDR, et de Tiénan Coulibaly, président de l’UDD. Quarante jours où il a été raillé, publiquement ou non, pour être une sorte de « Roi d’Angleterre », sans pouvoir réel ni emprise sur les problèmes de la Nation qu’il dirige. Le dernier en date étant cette pique de ce vieux camarade qu’est IBK que la tempérance et les difficultés du pays, en ce moment, auraient dû guider.
Bref, Le pouvoir était plus souvent à Kati qu’a Koulouba, plus souvent à Kati qu’à Bamako, en dépit de l’annonce d’un retour à la constitution.
Le 22 mai prochain devra être un nouveau départ qui tournerait le dos à un intérim qui s’était installé dans un climat de chaos politique, dans une atmosphère de coup d’Etat permanent et de désastre institutionnel. Il le faut au regard des dernières avancées : amnistie générale et autres mesures d’accompagnement votées en faveur de l’ex junte. Il le faut pour l’apaisement que réclame le pays.
La CEDEAO, de ce fait, a un rôle majeur de veille à jouer pour faire que l’intégralité des accords passés au bénéfice exclusif du Mali soient respectés. Se faisant il n’aura pas fait seulement œuvre d’assistance citoyenne pour le Mali mais aussi de sauvegarde de la survie et de la quiétude de ses propres populations. Elle l’aura fait pour sa crédibilité propre et pour l’histoire. Ce devoir de vigilance c’est également celui d’un peuple qui n’acceptera pas que son sacrifice, un certain 26 mars, il ya vingt ans, passe à la trappe de l’histoire.
Devoir de vigilance pour que le processus aille son terme et que son contenu colle à la réalité du terrain tout comme au rêve d’une grandeur à reconquérir. Il supposera une relecture de l’Accord Cadre expurgé de toutes ses incohérences et incongruités. Il supposera de combler ses insuffisances, d’aller à un gouvernement d’union nationale et à un premier ministre plus consensuel, désigné d’accord partie et maitrisant mieux les problèmes complexes du pays, les subtilités de la pensée et de la faconde du malien, les enjeux de la réal politique, que celui qui est au poste.