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Entre nous : Lutte contre le terrorisme : Sommes-nous capables d’inventer des solutions maliennes ?
Publié le samedi 19 decembre 2015  |  Le challenger
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou




Les attaques terroristes se multiplient contre la Mission des Nations-Unies et les Forces Armées et de Sécurité du Mali. Il y a quelques jours, les éléments de la branche d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) ont fait irruption dans une réunion publique, non loin de Tombouctou. Des assassinats ciblés frappent ainsi tous ceux qui sont soupçonnés d’intelligence avec la France, les FAMA et la MINUSMA.

Ces évènements devraient convaincre les plus sceptiques que les mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation ne sont pas forcément les seuls maîtres du terrain. Il existe d’autres acteurs avec qui il faut compter pour l’instauration d’une paix durable.

Sommes-nous capables d’inventer des solutions maliennes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ? Faut-il discuter avec Iyad Ag Agaly, Amadou Kouffa et autres Maliens ? Ces questions divisent les uns et les autres. Mais de plus en plus, de nombreuses personnes avisées se rendent à l’évidence que les solutions sécuritaires ne sont pas suffisantes et doivent être accompagnées par des actions multidimensionnelles dans plusieurs domaines.



Le Mali, comme de nombreux pays africains, ne doit pas utiliser la même méthode que l’Occident dans la lutte contre le terrorisme. Et surtout des pays où la gouvernance est caractérisée par la corruption, l’arbitraire, l’injustice, l’exclusion, la pauvreté et le chômage qui font des citoyens des rebelles potentiels. Ces terrains font le bonheur des recruteurs terroristes qui embrigadent tous ces jeunes pour qui chaque jour l’horizon s’assombrit, faute de perspectives. Il est impératif de dialoguer avec ceux qui ont été endoctrinés, car certains sont encore récupérables. Donc, la pratique qui consiste à les rejeter en bloc est à bannir.

Après une politique répressive, la Mauritanie a dû se résoudre à comprendre qu’il existe une autre façon de lutter contre le terrorisme. Des discussions directes engagées avec les terroristes détenus dans des prisons ont donné des résultats positifs qui ont permis au gouvernement mauritanien de se pencher sur d’autres aspects de la lutte contre ce fléau. Dans le cadre d’un élan de réconciliation nationale, l’Algérie, le berceau de cette forme de terrorisme dans le Sahara, a pu récupérer certains éléments radicaux de la mouvance islamiste qui avaient du sang sur les mains.

Dans le cas du Mali, la lutte contre le terrorisme est très complexe. Le premier défi est de réussir une rupture entre les terroristes et les populations. Sans cette rupture, aucun dispositif sécuritaire, si puissant soit-il, ne pourra fonctionner. Au nord du Mali, grâce à leurs « actions de bienfaisance », les éléments terroristes ont eu la sympathie des habitants des zones où on n’aperçoit jamais un symbole de la présence de l’Etat.

Le deuxième défi est purement idéologique. Il est plus que jamais nécessaire de démonter le discours “religieux” des terroristes. Les idées se combattent avec des idées. Les terroristes doivent être combattus sur leur propre terrain. Une telle action nécessite l’implication d’érudits musulmans et de personnes dont les compétences sont avérées dans le domaine religieux. Le Mali compte énormément de savants et d’érudits qui peuvent apporter la contradiction à ceux qui prétendent faire le jihad en ce 21ème siècle et surtout leur démontrer la fausseté de leur raisonnement en la matière du point de vue islamique.

Le troisième défi que le Mali doit relever est de tout mettre en œuvre pour contrer les discours islamistes radicaux. Sur ce point, les propositions faites par un dignitaire religieux, relatives à la réglementation des prêches dans les mosquées constituent une aubaine pour le gouvernement.

Le quatrième défi consiste à favoriser l’insertion sociale d’éventuels terroristes repentis pouvant constituer de précieuses sources d’informations fiables.

Dans un monde en pleine mutation, il s’agit pour nous d’avoir le courage de poser nos problèmes et de les résoudre sans faire le nid de l’impunité ou de l’injustice.

Chiaka Doumbia
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