Le président du Parena a saisi l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la première convention du parti Fare, à laquelle son parti était invité, pour, encore une fois, tirer à boulets rouges sur le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta, notamment la loi de finances 2016, adoptée par l’Assemblée nationale le jeudi.
S’il ne pèse plus assez lourd en termes de militants, comparé à beaucoup d’autres partis qui se réclament de l’opposition, il faut reconnaitre que le Parti pour la renaissance nationale de Tiébilé Dramé imprime une certaine vitalité à la démocratie malienne, ou du moins, il suscite le débat politique autour de biens des dossiers publics.
En effet, le président du Parena a profité de la tribune de la cérémonie d’ouverture de la 1re convention du parti Fare pour dépeindre, encore une fois, la gestion du président Ibrahim Boubacar Keïta. A l’entame de ses propos, il a tenu à remercier les Fare et son président pour, dit-il, la position juste et démocratique qu’ils ont prise quand un incident s’est créé entre lui Dramé et le chef de l’Etat dans le sillage de la Conférence des donateurs, tenue à Paris (France) en octobre dernier. «Cette polémique imposée à toute l’opposition républicaine depuis Paris, depuis l’aéroport de Sénou; cette intolérance, pour ce qui nous concerne, la parenthèse est fermée. C’est un débat qui est clos parce que les forces démocratiques de ce pays ont tranché, parce que le peuple malien a tranché», a affirmé Tiébilé Dramé, sous les ovations nourries des militants Fare. Selon l’orateur, le peuple malien ne permettra pas à personne, «fut-il un président de la République», de toucher à ses libertés démocratiques chèrement conquises. «C’est fini ! La parenthèse est fermée parce que notre peuple a d’autres préoccupations», a-t-il martelé.
Parlant du processus de paix, le président du Parena a fait remarquer que cela fait six mois que l’Accord a été signé et il n’y a toujours pas un début d’exécution du document. «Nous sommes dans un enlisement dangereux pour la stabilisation et pour la paix dans notre pays», a estimé l’orateur, dénonçant au passage la recrudescence «inouïe» de l’insécurité sur l’ensemble du territoire national. «Y a-t-il un gouvernement au Mali ? S’il y en a un, que fait-il pour assurer la sécurité des Maliens, pour protéger le peuple malien et pour assurer la paix dans notre pays ?», s’est-il indigné. De l’avis de M. Dramé, notre pays est d’autant plus menacé dans son existence que notre gouvernement n’est même pas en mesure de respecter la signature qu’il a apposée sur l’Accord issu du processus d’Alger.
IBK, un président «trop cher» pour le Mali ?
Actualité oblige, Tiébilé Dramé s’est prononcé sur la loi de finances 2016, adoptée par l’Assemblée nationale le jeudi 17 décembre 2015. Sur la question, il a fait savoir que les 211 milliards FCFA affectés à la défense et à la sécurité sont moins que ce qui a été promis dans le cadre de la loi de programmation militaire. «Vous savez, ils ont dit 1 230 milliards sur 5 ans. Si vous divisez ce chiffre par cinq, vous aurez 246 milliards. Ils n’ont pas été capables d’inscrire 246 milliards pour la défense et la sécurité de notre pays», a déploré le président du parti du bélier blanc, tout en regrettant le fait que nos forces de défense et de sécurité manquent encore de moyens pour faire face à leurs missions. «Et les gilets pare-balles commandés dans le cadre du contrat conclu avec GUO Star en 2013 ? Ont-ils été livrés», a-t-il interrogé, en se référant à un besoin qui aurait été exprimé par le syndicat de la police suite à l’attentat perpétré contre l’hôtel Radisson, le 20 novembre 2015.
Tiébilé Dramé a par ailleurs dénoncé le fait que le budget alloué à la Présidence de la République ait été augmenté en 2016, et atteint désormais 19 milliards 375 millions FCFA. Ce budget, si on en croit le président du Parena, était de 9 milliards en 2014 et 15 milliards 600 millions en 2015. «A ce rythme, on peut se demander si le Mali peut supporter le président qu’il a élu. Le Président de la République n’est pas un président pour le Mali ; il n’est un président pour un pays pauvre. C’est peut être un président pour le Zaïre…», ironise-t-il. Il en veut pour preuve supplémentaire «l’armada de véhicules (plus de cent 4x4)» qui a accompagné le chef de l’Etat lors de sa visite dans la région de Ségou.
La seule note de satisfaction que M. Dramé dit tirer de la gestion des affaires publiques, «c’est que le Président de la République, son Premier ministre et leurs ministres travaillent pour l’opposition. Ils travaillent pour l’alternance en 2018, c’est évident. Avec les dérives qui se multiplient chaque jour, les atteintes à la morale publique, avec les scandales chaque matin, il n’y a pas de doute qu’ils travaillent pour l’opposition», s’est-il félicité, convaincu que le peuple ne manquera pas de sanctionner le pouvoir actuel à l’échéance de 2018. «De ce point de vue, malgré nos colères, malgré l’indignation et nos souffrances, nous devons nous dire qu’il ne nous reste plus que deux petites années, et pendant ce temps, il faut se préparer», a-t-il conclu.
Bakary SOGODOGO