La 1er Convention nationale des Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (Fare An Ka Wuli) a vécu, le samedi 19 décembre dernier au Cicb. Cet évènement, qui marque une étape décisive dans le processus de consolidation et d’expansion de ce jeune parti, a réuni une foule de délégués, militants et sympathisants, venus poser un diagnostic sans complaisance de l’état de leur parti. Et, au-delà, réfléchir sur le devenir du pays, à travers des échanges sur l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger et les futures élections locales et régionales. Occasion pour le président des Fare, Modibo Sidibé, de dénoncer la gouvernance actuelle émaillée par une série de scandales, les uns plus rocambolesques que les autres. Reportage.
Les Fare ont, sans doute, réussi un coup de maître, tant la mobilisation était grande. Outre les milliers de partisans; des présidents et représentants de partis politiques, dont Tiébilé Dramé du Parena, Tiémoko Sangaré de l’Adema, et Amadou Koïta du Ps Yeelen Kura, étaient aussi venus témoigner leur soutien au « parti du baobab ». Une occasion heureuse que ne pouvait manquer le chef du parti, Modibo Sidibé, pour souligner l’impasse dans laquelle baigne le Mali, du fait principalement de manque de vision.
« En effet, de la tenue des élections générales en 2013 à ce jour, la reprise économique tant attendue peine à se réaliser et se ressentir dans le quotidien de nos compatriotes. Cela tient non seulement au manque de vision politique structurée en programmes socio-économiques cohérents, mais surtout au ralentissement des afflux d’investissements étrangers », a affirmé Modibo Sidibé. Conséquence de cette absence de perspectives d’amélioration de l’environnement économique ? Le coût de la vie demeure toujours bien au-dessus du pouvoir d’achat des maliens; le chômage s’accentue et la situation de l’emploi se détériore, particulièrement pour les jeunes, dont la plupart basculent dans l’attrait de l’exil.
M Sidibé précise que «cette absence de visibilité pèse sur nos compatriotes qui ont la nette impression d’une action publique sans but, d’un exercice du pouvoir qui tourne à vide… ».
Le patron des Fare s’interroge aussi sur l’ambition et le projet des gouvernants actuels. selon lui, le peuple attend toujours que l’Etat affirme son autorité, qu’il prenne ses responsabilités, d’abord en matière de sécurité et de défense du territoire. « Nous voulons un Gouvernement qui fonctionne, un Gouvernement qui est aux affaires et non dans les affaires ! Qu’il cesse d’affaiblir la République, d’abaisser l’Etat ! Nous voulons un Etat qui ne soit plus le monopole d’un clan, ni l’affaire d’un seul homme » a-t-il clamé.
Une transition à cinq volets
Autant dire que le bateau Mali tangue dangereusement. Et là, ce n’est ni la France, ni la Minusma, ni les autres forces qui viennent en aide au Mali ne pourront le sauver. Pour les FARE seul l’Etat peut et doit sauver le Mali. A cet égard, elles (FARE) proposent d’engager le pays dans une transition à cinq volets : une transition institutionnelle et démocratique vers un Etat fort, qui ne démissionne pas devant ses responsabilités ; une transition sociale, sanitaire, éducative vers un Mali où les besoins fondamentaux des citoyens seront solidairement satisfaits ; une transition économique pour faire de notre Mali une puissance régionale dans les domaines où il a des atouts encore mal ou insuffisamment exploités. S’y ajoutent une transition culturelle ; et enfin une transition générationnelle pour qu’à tous les niveaux de responsabilité, la créativité de la jeunesse soit mise au service de la patrie.
Constance à propos de l’Accord d’Alger
Les Fare, qui souhaitent ardemment la paix et la réconciliation, se disent préoccupés par la dégradation de la situation sécuritaire. Si le parti estime que la stabilisation du terrain commande une mise en œuvre rapide des mesures sécuritaires, il reste cependant convaincu qu’une paix juste et durable ne résultera que d’un véritable dialogue inter-malien.
La Conférence d’entente nationale, telle que profilée dans l’accord, peut-elle être un espace de dialogue inter-malien refondateur ? NON, de l’avis du président Sidibé. Ce, en raison de son objet, sa composition, et l’extrant attendu. « La Conférence d’entente nationale n’a aucun pouvoir de modification ou de réécriture de l’accord au regard de l’exigence de refondation institutionnelle et républicaine. Sauf à convenir avec les parties que sont le gouvernement et les mouvements d’une telle démarche et de ses implications sur l’Accord », a affirmé le président des Fare.
Le parti, lors de la convention, se propose d’aller plus loin dans son analyse, en essayant de comprendre pourquoi l’Accord ne traite ni de l’économie criminelle, ni du terrorisme ; de cerner et d’analyser les difficultés d’application, de délais et les responsabilités y afférentes. Aussi, ajoute le président du parti, « nous réfléchirons sur une dynamique incluant les aspects principalement sécuritaires et la conférence d’entente nationale ».
Par ailleurs, Modibo Sidibé, a attiré l’attention sur des dérives et attitudes qui érodent au fil des jours, les principes, les libertés et les valeurs qui fondent la République. Aussi, il a rappelé la nécessité de maintenir l’armée, l’administration et la religion à l’écart du jeu politique.
« Le Mali ne peut pas supporter IBK »
Modibo Sidibé préconise une refondation de notre système et de nos forces de défense, « de manière qu’en tous temps, la rébellion séparatiste, le terrorisme, la criminalité trouvent en face d’eux l’Etat républicain, son armée, sa police, sa justice… ».
Un avis qu’il partage avec Tiébilé Dramé du Parena qui, dans son intervention, a dépeint la situation sécuritaire préoccupante qui prévaut au Mali. Selon Dramé, le budget alloué à la défense pour 2016 est en deçà de ce qui est prévu dans le cadre de la loi de programmation militaire adoptée par l’Assemblée Nationale. Autant il déplore cet état de fait, autant il trouve paradoxale qu’il soit accordé (dans le même budget) près de 20 milliards à la présidence de la République au moment où notre armée manque de tout. Au-delà, Dramé a dénoncé la dilapidation des ressources de l’Etat pour le seul confort du président de la République qui, lors de sa tournée à Ségou, a mobilisé plus d’une centaine de véhicules, dont des Porche (une marque très prisé de la bourgeoisie). S’y ajoute l’armada déployée pour sa sécurité. « Le Mali ne peut pas supporter IBK », a martelé Tiébilé Dramé.
IBD