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Mali, social: une séquence réussie pour Hollande, aux effets incertains
Publié le mardi 15 janvier 2013  |  AFP




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PARIS - En 48 heures, le quinquennat de François Hollande a connu des épisodes majeurs avec l'entrée en guerre au Mali, la signature d'un ambitieux accord social et la fermeté affichée sur le projet de mariage gay, mais cette "séquence" favorable pourrait rester sans effet au-delà du court terme, selon des politologues.

Volontiers dépeint jusqu'ici comme un dirigeant habile mais incapable de
trancher, le chef de l'Etat s'est mué depuis vendredi en chef de guerre, qui
concilie sur la scène intérieure patience à l'égard des partenaires sociaux et
fermeté vis-à-vis des opposants au mariage homosexuel.

"Ces trois épisodes ce week-end ont fait entrer le quinquennat dans une
nouvelle phase avec un François Hollande qui a définitivement endossé le
costume de président de la République", estime un ministre, qui évoque une
"mue présidentielle".

"Il y a eu trois évènements importants qui sont arrivés de façon
simultanée, avec pour point commun l'affirmation d'une forme d'autorité qui
présidentialise François Hollande", confirme le politologue Jérôme
Sainte-Marie (CSA).

La plus spectaculaire des décisions concerne le Mali et la décision de
déployer les forces françaises pour enrayer la progression de groupes
jihadistes vers la capitale Bamako. "Cette opération peut surprendre de la
part d'un candidat qui a promis le retrait anticipé d'Afghanistan, mais
Hollande a réussi à obtenir l'unité nationale", relève ce ministre.

Des politologues interrogés par l'AFP conseillent toutefois la prudence.

"Pour l'instant, l'adhésion à l'intervention au Mali est majoritaire, mais ça
pourrait vite se renverser en cas d'enlisement", commente Jérôme Fourquet
(Ifop). "Le plus simple a été fait avec des frappes aériennes, le plus dur
commencera quand il s'agira de stabiliser le front et d'aller chercher les
jihadistes", fait-il valoir.

M. Sainte-Marie rappelle le précédent libyen et la décision de Nicolas
Sarkozy d'apparaître en première ligne dans la guerre contre le régime de
Mouammar Kadhafi en 2011. "L'intervention en Libye n'avait en rien modifié
l'image de Nicolas Sarkozy", pourtant accueilli en héros à Benghazi, rappelle
M. Sainte-Marie. Les Français savent aussi que ces interventions militaires
sont "très coûteuses", selon le politologue.

"La popularité des dirigeants en temps de guerre n'est en rien une règle de
sociologie politique", résume M. Fourquet.

La fermeté affichée sur le mariage homosexuel, en dépit d'une forte
mobilisation des opposants dimanche, est un autre évènement important du début
de quinquennat, en particulier pour l'électorat de gauche, qui reste attaché à
cette réforme et redoutait une reculade de l'exécutif.

"Reculer d'une manière ou d'une autre aurait été très mal perçu à gauche,
où beaucoup d'électeurs ont été déçus par les concessions faites en 24 heures
au mouvement des +pigeons+ ou sur la loi bancaire, pas assez ambitieuse à
leurs yeux", explique M. Fourquet.

Mais, là aussi, les effets sont difficiles à prévoir au-delà du court
terme. "Sur le mariage, l'opinion est très partagée et évolue négativement.

Cela clive et cela peut éloigner des sympathisants du centre ou centre-droit
qui appréciaient certains aspects de la politique menée par Hollande et
(Jean-Marc) Ayrault", met en garde M. Sainte-Marie.

Enfin, l'accord signé par le patronat et trois organisations syndicales
peut apparaître comme une victoire de la méthode de l'exécutif, qui mise sur
la concertation.

Cependant, "cela risque de ne produire des effets pour les Français que
dans plusieurs mois, voire plusieurs années", souligne M. Fourquet. M.
Sainte-Marie prédit lui que cet accord, "salué par nombre de commentateurs,
(puisse) être critiqué par certaines catégories d'électeurs de second tour de
François Hollande", situés à gauche du PS, ou par des syndicats.

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