Chapitre lettre à tous ceux qui savent pas ce que c’est un nègre ou qui ont oublié ce qu’est un blanc page 48 et 49
La France ne saurait être tout à fait un pays de nègres, en dépit de tous les charbonniers, vrais ou faux, qui l’habitent.
Car le noir désigne tout d’abord tout ce qui est sale, crasseux. C’est aussi tout ce qui triste, maussade, et l’on parle « d’humeur noire » de « tumeur noire » de « maladie noire ».Une noire destinée est irrémédiablement funeste. Et, allant plus loin, une âme noire sous-entend’ « ce qu’il ya de plus odieux ». On noircit quelqu’un. On sait ce que c’est qu’une « bête noire » , un « froid noir »….
On plaint quiconque « voit tout en noir », « broie en noir », et, si l’on va jusqu’à « avoir le noir », on attire la pitié, le mépris.
Il convient d’ajouter à cette série noire le mot blaqueboulé (renversé, vaincu) qui peut être trouve son origine anglais black (noir).
Irrésistiblement, le mot « noir » nous mène à la notion de mal, de tristesse, de démon. Témoin, l’expression populaire : « n’être pas si diable qu’on est noir » (pas si méchant qu’on en a l’air).
Non, non et non. La France, pays de la Liberté, de l’Egalité, de la Fraternité, en dépit de la politique de la coopération avec les Nègres, n’est pas noire.
Et si dans le langage populaire être noir c’est avant tout être saoul, il faut reconnaître que, chez les Blancs, tout ce qui touche à la mort est associé au noir : on porte le deuil en noir. Et si l’homme blanc se marie en noir, c’est sans doute parce qu’il enterre sa vie de célibataire.
Colonel Major Guindo
Roman Lettre à la France Nègre
Edition Nalis, 1969 :