Interpellé le mardi 15 décembre dernier par l’Assemblée Nationale pour s’expliquer sur des sujets concernant son département, le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, Me. Mohamed Ali Bathily a profité de cette occasion pour déplorer le manque de solidarité au sein du gouvernement.
Le mardi 15 décembre 2015 restera gravé en écriture de marbre dans l’anal de l’Assemblée Nationale, car ce jour trois ministres étaient interpellés pour s’expliquer sur un certain nombre de faits concernant leurs départements. C’est ce qui faisait de cette interpellation, un jour de grande audience de la télévision nationale ORTM à cause de la pertinence des sujets qui étaient sur la table. C’est pourquoi, beaucoup de maliens n’ont ménagé aucun effort pour suivre cet évènement.
Les sujets portaient sur la crise qui sévit au sein du football malien, décrypté par le ministre des Sports Housseini Amion Guindo, le drame de la Mecque sur lequel devait s’expliquer le ministre des Affaires Religieuses et du Culte Thierno Ouma Hass Diallo, et bien sûr l’affaire de la démolition des 60 logements de Souleymanebougou qui concerne le ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières Me. Mohamed Ali Bathily
Avec ces différents sujets sur la table presque toutes les couches de la société malienne étaient câblées sur la télévision nationale pour avoir des explications claires.
Et bien, le Ministre Bathily qui ne mâche jamais ses mots, a profité de ce moment fort appréciable pour dire plus haut ce que beaucoup de maliens disent plus bas c’est-à-dire le manque de solidarité au sein du gouvernement.
Tout le Mali le sait aujourd’hui que les membres du gouvernement ne sont pas solidaires entre eux. Si beaucoup de gens le disent tout bas, votre hebdomadaire préféré «L’Express de Bamako» avait titré dans sa livraison du Mercredi 5 août 2015 : «Démolition des 60 bâtiments de Souleymanebougou : Où est la solidarité Gouvernementale ?»
L’histoire vient de nous donner raison par la bouche du principal concerné. «Ce n’est pas moi qui ait pris la décision de la démolition faite à Souleymanebougou. C’est une décision gouvernementale. Je n’ai pas envoyé les policiers et les gendarmes qui étaient sur place, ni les bulldozers. Mais j’assume la responsabilité», a dit le Ministre Bathily.
L’ancien ministre de la justice a tenu a expliqué comment une décision gouvernementale est exécutée.
Selon lui, pour qu’un ministre puisse faire déplacer des agents de sécurité, il doit d’abord adresser une lettre au Premier Ministre qui fait parvenir la lettre au ministère concerné, mais dans ce cas précis ce ne fut même pas la démarche suivie car c’est une décision qui a été prise à travers une réunion interministérielle qui s’est tenue à la primature, c’est à l’issue de cette réunion qu’il a été décidé de démolir les 60 logements.
«Aujourd’hui ça me met mal à l’aise de parler de la sorte, mais la démolition n’est pas une décision du Ministre Bathily comme certains ont tendance à faire croire», a-t-il ajouté.
Ces propos, à notre avis étaient directement adressés à ses collègues du gouvernement, car au lendemain des faits, aucun membre du gouvernement n’a daigné s’exprimer sur le sujet, même pas le porte-parole du gouvernement qui pourtant ne manque jamais d’occasion pour apparaitre à la télé pour de longues explications qui très souvent n’intéressent personne. Donc, cette affaire était l’occasion rêvée pour lui de prendre la parole, mais hélas il ne l’a pas fait.
En plus de cette affaire, Me Bathily s’est exprimé sur d’autres sujets qui concernent son département notamment : l’annulation des titres fonciers, l’affaire de la place du cinquantenaire entre autres.
Sur l’affaire de la place du monument du cinquantenaire, le Ministre Bathily a souligné qu’il a été saisi par la Commission d’Organisation du Sommet Afrique-France qui avait été aussi approchée par une société pour construire un hôtel sur la dite parcelle. C’est ainsi, précise-t-il, qu’il a été chargé d’instruire le dossier au niveau du gouvernement. Selon lui, la dite place, en tant qu’utilité publique ne pouvait être cédée que par un décret présidentiel.
«Là aussi on a fait semblant comme si c’est le ministre Bathily qui a refusé de céder la parcelle en question à la commission d’organisation, alors que mon département n’est même pas le seul concerné par cette affaire. J’ai introduit le dossier avec mon collègue de l’administration du territoire», a-t-il expliqué.
L’autre affaire qui concernait son département portait sur l’annulation des titres mal acquis, le ministre Bathily a précisé que cette démarche rentre dans le cadre de l’assainissement du secteur foncier qui est une bombe à retardement. Selon lui, c’est le chef de l’Etat qui lui a instruit de mener cette lutte implacable. C’est pourquoi, il promet de la mener jusqu’au bout.
Cette interpellation du ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières a laissé apparaitre une chose contre laquelle, le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita avait mis en garde le gouvernement après le départ du premier ministre Moussa Mara, lors du premier conseil des ministres de Modibo Keita en ces termes «Je ne tolérerai aucune trahison, aucun écart vis-à-vis de ce gouvernement», avait-il averti avant de poursuivre : «Au moindre écart, Monsieur le Premier ministre je vous appellerai à un remaniement ministériel immédiat».
Alors aujourd’hui on n’est en droit de se demander s’il n y a pas eu de trahison. C’est à IBK d’en juger.
Issa KABA