La Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Bamako a rendu hier son verdict dans l'affaire des bérets rouges. Dix personnes ont été remises en liberté, parmi lesquelles l'ancien chef de la Sécurité d’État, le général Sidi Alassane Touré. Tous les autres accusés dans cette affaire dont Amadou Aya Sanogo restent poursuivis et seront jugés au cours d'un procès spécial.
Ils sont dix militaires sur les vingt-huit accusés à avoir bénéficié d’un non-lieu de la cour dans l’affaire dite des bérets rouges. Parmi ces 10 acquittés, figurent l’ancien directeur des services de renseignements le général Sidi Alassane Touré et feu Siriman Fané, sergent-chef. La Cour estime ne pas avoir suffisamment d'éléments à leur encontre.
Par contre, la cour a retenu les charges de complicité d’assassinat contre l'ancien chef d'état-major des armées, le général Dahirou Dembélé, et l'ancien ministre de la Défense, le général Yamoussa Camara. Ces deux officiers restent donc poursuivis alors que le parquet avait demandé un non-lieu.
Six autres militaires seront également jugés pour enlèvement et assassinat. Plusieurs anciens hauts responsables militaires dont Amadou Haya Sanogo sont poursuivis dans ce dossier. Ils sont accusés d’enlèvement, de complicité d’enlèvement et d’assassinat de plusieurs militaires bérets rouges, qui avaient tenté un contre coup d’état le 30 Avril 2012.
Les avocats des accusés dans l'affaire des bérets rouges « respectent la décision de la chambre d'accusation de la Cour d'Appel de Bamako ». Cependant ils comptent sur « l'ouverture très prochainement d'un procès afin que la vérité éclate ».
Me Tiessolo Konaré est l'un des avocats des accusés. Il est joint au téléphone par Alhousseini Abba Touré.
« Je respecte toujours les décisions de justice. Si la chambre d’accusation a décidé ainsi c’est qu’elle a ses raisons. Nous avons le temps suffisant de débattre tout à la barre, on saura qui a fait quoi et qui est auteur de quoi ? J’apprécie leur décision mais il fallait autrement. Le parquet qui est la partie poursuivante avait demandé le non lieu pour Yamoussa Camara et Dahirou Dembélé. On va aller discuter à la barre. Je demande que force reste à la loi, on va se battre. Que les politiciens ou la politique se mettent à côté du droit et demandent au parquet général d’organiser des assises pour ceux qui ont été retenus par la chambre d’accusation et renvoyés devant la chambre de jugement ».
Pour les avocats des familles des bérets rouges, « ce verdict est une avancée même s'ils dénoncent le non-lieu accordé à l'ancien directeur des services de renseignements ». Selon eux, l'ex patron de la sécurité d’État « ne pouvait pas ignorer ces assassinats ».
Maître Moctar Mariko fait parti du pool des avocats des familles des bérets rouges. Il est joint au téléphone par Sékou Gadjigo.
« Nous nous pensons d'abord que c'est une avancée par rapport à la procédure qui a été longue et lente. A partir du moment où nous avons une décision de la chambre d'accusation qui renvoie certains devant la cour d'assises et qui donne un non-lieu, nous disons qu'il y a une avancée. Mais nous n'avons pas les motivations de la cour d'appel, mais nous estimons que le directeur des renseignements généraux, le général Touré ne pouvait pas ne pas être au courant de certaines choses en raison de sa qualité, en raison de son statut, et en raison de la position qu'il occupait dans les services de renseignements. Mais comme la cour d'appel en a décidé ainsi, nous attendons de voir sa motivation et de voir avec les victimes et le pool d'avocats ce qu'on peut faire par rapport à cette décision ».