Madrid, 23 déc 2015 (AFP) - Un Sénégalais arrivé en Espagne à bord d’une
embarcation de fortune a gagné 400.000 euros à la loterie de Noël espagnole,
en Andalousie où il a travaillé dans des serres, a annoncé mercredi un journal
local.
"Je n’arrive pas à y croire, si je vous disais que je n’avais même pas cinq
euros" en poche, s’est exclamé mardi ce Sénégalais de 35 ans, Ngame,
temporairement sans travail, interviewé par le journal La voz de Almeria, dans
la ville touristique et agricole de Roquetas de Mar.
Une pluie de 140 millions d’euros est tombée sur cette ville de 92.000
habitants de la province d’Almeria: le premier prix de la Loterie de Noël doit
être réparti entre la multitude d’acheteurs des tickets de la série gagnante.
"J’ai rencontré ce Sénégalais à la boutique de la loterie, avec sa femme,
il avait dans les mains son ticket gagnant" pour 400.000 euros, a raconté à
l’AFP la journaliste de La voz de Almeria, Noelia Lazaro, qui a signé
l’article.
Ngame lui a alors expliqué qu’il était arrivé il y a huit ans sur l’île
espagnole de Tenerife, dans l’archipel des Canaries, à bord d’une embarcation
de fortune, avec sa femme, pour gagner ensuite Almeria. "Nous étions 65
personnes à bord et c’est grâce aux Espagnols que nous sommes ici, ils nous
avaient sauvé quand nous étions déjà dans l’eau" après avoir fait naufrage,
a-t-il assuré.
Ensuite, sa vie ne fut pas facile, à enchaîner les emplois temporaires sous
les serres des exploitations agricoles, jusqu’à se retrouver sans travail.
"Roquetas est connue, tout comme El Ejido, comme le garde-manger de
l’Europe, car d’ici sortent l’essentiel des légumes consommés par les
Européens", a expliqué à la télévision publique un adjoint au maire, José Juan
Rodriguez.
Le gros lot sera "une vraie bénédiction" pour la ville, a dit l’élu, car
"le taux de chômage a énormément augmenté ces dernières années avec la crise,
et atteint les 30%".
Roquetas de Mar fait partie de l’une des vastes zones maraîchères d’Europe,
surnommée "la mer de plastique", parce que des dizaines de milliers d’hectares
de serres s’y agglomèrent à perte de vue.
Main-d’oeuvre à bon marché, les immigrés font tourner cette agriculture
intensive, à des coûts de production extrêmement faibles, leur salaire étant
encore plus bas s’ils sont clandestins.
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