Le Mali, qui avait sombré depuis 2012 dans une grave situation d’instabilité, a connu en 2015 un dénouement de sa crise ayant frappé la région Nord du pays, suite à la conclusion d’un accord de paix et de réconciliation.
Le Mali, qui avait sombré depuis 2012 dans une grave situation d’instabilité, a connu en 2015 un dénouement de sa crise ayant frappé la région Nord du pays, suite à la conclusion d’un accord de paix et de réconciliation. Au terme de près d’un an de dialogue intermalien, sous l’égide d’une médiation internationale dont l’Algérie était le chef de file, les parties antagonistes maliennes avaient parachevé, en juin 2015, le processus de signature de l’Accord de paix, aujourd’hui en période d’application sous la supervision d’un Comité de suivi présidé par l’Algérie. Des mouvements politico-militaires et des groupes extrémistes armés avaient pris le contrôle, en mars-avril 2012, du vaste Nord malien, avant d’en être chassés en grande partie, à partir de janvier 2013, par une intervention militaire internationale.
L’accord, qui a constitué une étape essentielle sur la voie de l’instauration d’une paix et d’une réconciliation durables au Mali, avait été signé, le 15 mai dernier, par le gouvernement malien, les mouvements politico-militaires du nord du Mali engagés au sein de la «Plateforme d’Alger» et par l’équipe de la médiation internationale, alors que la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avait procédé à sa signature officielle le 20 juin.
Le document évoque toutes les dimensions pour parvenir à une solution définitive de la crise, y compris les réformes politiques et institutionnelles, de défense et de sécurité. Il comprend également les volets relatifs aux aspects humanitaire, économique, social, de la justice et de la réconciliation. «Je suis très heureux que nos frères (de la CMA) ont cru à la paix et à la main tendue, et fait le déplacement à Bamako pour signer l’Accord de paix et de réconciliation au Mali», avait déclaré alors le Président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait considéré que la signature par toutes les parties ouvrait désormais la voie à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix, selon le calendrier établi.
La mise en œuvre de l’Accord de paix en tête des enjeux
L’accord de paix intermalien a été signé, mais sa mise en œuvre reste un enjeux majeur pour que la paix soit durable dans ce pays sahélo-saharien. Après deux réunion, accompagnées de divergences sur la participation de quelques groupes armés maliens, le Comité international de suivi et d’évaluation de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, installé juste après la signature de l’accord par la CMA, a adopté, lors de sa troisième réunion, son règlement intérieur. Le Comité de suivi de l’Accord, présidé par l’Algérie, a tenu, depuis son installation, six sessions.
La dernière n’ayant pas pu parachever ses travaux, à cause de l’attentat terroriste perpétré contre l’hôtel Radisson Blu à Bamako, plusieurs initiatives ont été enregistrées dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de paix, notamment la tenue des rencontres intra et intercommunautaires d’Anefis, l’absence d’incidents majeurs sur le terrain, la tenue de la conférence de Paris d’aide au Mali, le début du rétablissement des services sociaux de base dans le Nord et le lancement du processus de cantonnement et de déploiement des patrouilles mixtes. L’ambassadeur du Mali en Algérie, Nainy Touré, a affirmé récemment que la mise en œuvre dudit accord est «sur la bonne voie». «On a atteint une étape assez intéressante au niveau de l’application de l’Accord de paix au Mali».
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a également affirmé le respect du cessez-le feu par les mouvements politico-militaires, et la mise en œuvre des mesures de confiance. «On observe un climat positif et constructif», a-t-il indiqué. Toutefois, malgré la signature de l’Accord de paix par toutes les parties, le calendrier de mise en œuvre de l’Accord de paix a été relativement entaché par des violations du cessez-le-feu, d’actions des groupes terroristes et d’activités liées au trafic transnational élicite.
Situation sécuritaire et humanitaire toujours précaire
La situation en matière de sécurité au Mali affiche, de temps en temps, une certaine précarité et la menace posée par les groupes terroristes dans l’ensemble de la région du Sahel demeure alarmante, comme l’ont montré les attaques récentes contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, faisant une vingtaine de morts, et dans les régions méridionales, frontalières avec la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, ainsi que des camps des Casques bleus dans le nord du pays.
Concernant les droits de l’homme au Mali, la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), a signalé, dans un rapport adressé au Conseil de sécurité de l’ONU, de graves violations partout dans ce pays.
C’est pourquoi le gouvernement malien a pris l’engagement de mettre en place la Commission vérité, justice et réconciliation. Par ailleurs, environ 137.500 réfugiés maliens se trouvent toujours dans les pays voisins, dont 33.400 au Burkina Faso, 52.000 en Mauritanie, et quelque 50.000 au Niger, selon des chiffres de l’ONU, rendu public en mai 2015.