Le Conseil supérieur de la magistrature a relevé, le 22 décembre 2015 lors de sa session, Daniel Amagouin Tessougé de son poste de Procureur Général près de la Cour d’appel de Bamako. Cette décision a été diversement appréciée par les uns et les autres.
Depuis l’attaque terroriste de l’Hôtel Radisson Blu, on assistait à une véritable polémique pour ne pas dire un bras de fer entre le désormais ex-Procureur de la république, Daniel Tessougué et le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko.
En effet après les attentats du 20 novembre 2015 de l’hôtel Radisson Blu, le président du Haut conseil islamique du Mali avait qualifié de cela comme une manifestation de la colère divine contre les perversions importées par l’Occident telles que la promotion de l’homosexualité, l’équité homme-femme. Ce qui n’avait pas plu au désormais ex-procureur général qualifiant les propos de l’imam Dicko d’’’apologie du terrorisme’’. Malgré les mises au point de ces deux personnalités du pays, la tension ne s’était pas retombée.
Pire les leaders religieux se sont retrouvés à la grande mosquée de Bamako pour exiger son limogeage de son poste de Procureur général. Selon nos informations, une fatwa avait été lue pour faire partir le désormais ex-Procureur Général considéré comme l’ennemi No 1 des musulmans du Mali. Ce qui avait suscité la colère de ce dernier qui s’est confié dans un journal de la place que rien ne lui fera dévier de son devoir de procureur général.
Dès l’annonce du limogeage de Daniel Tessougué de son poste, ce fut une joie immense chez les partisans de Mahmoud Dicko et de toutes les autres confessions musulmanes. A leurs yeux les propos de Daniel Tessougué lors de l’ouverture des assises de la Cour d’assise de Bamako à l’encontre de leur leader et président ne visent pas seulement la personne de Mahmoud Dicko mais contre l’Islam surtout que le désormais ex-procureur général est issu d’une autre religion.
Mais pour les défenseurs de la séparation de pouvoirs, cela est inadmissible car ils y voient l’immixtion de la religion plus particulièrement celle musulmane dans les affaires de l’Etat. Du coup cela est une atteinte grave aux principes de la séparation des pouvoirs, l’une des fondamentaux de la démocratie obtenue dans le sang en 1991.
En tout état de cause, Daniel Tessougué est un magistrat chevronné victime de son franc-parler, de son combat permanent pour l’équité, du respect des droits de l’homme. On se rappelle encore de ses multiples bras de fer avec l’ancien ministre de la justice Mohamed Ali Bathily et de ses vérités lors de la rentrée solennelle des cours et tribunaux sur l’affaire des dossiers de la corruption.
Moussa Bamba